Histoire: De nouvelles mesures dans le monde du travail

Publié le par Alain GYRE

De nouvelles mesures dans le monde du travail

25.11.2014

André Soucadaux, dernier haut commissaire français, dfait une déclaration radiodiffusée le 10 novembre 1957, sur les récentes mesures prises par le gouvernement du Territoire de Madagascar en faveur du monde du travail. La première, et la plus attendue, porte sur le relèvement du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) et réduit le nombre des zones. Par référence à l’esprit décentralisateur de la loi-cadre, il établit une division au niveau de chaque province. L’ancien arrêté a divisé le Territoire en dix zones, mais chacune englobe des régions situées dans toutes les provinces, de sorte que chaque province est divisée, en fait, en un très grand nombre de zones. Désormais, chaque province comprend trois zones : son chef-lieu, ses villes-centres et districts importants, et les autres districts. Dans la première zone, la hausse des salaires est de l’ordre de 15% et elle varie de 15 à 40% dans les autres zones. « Dans un but de relever surtout les bas salaires et, en même temps, de réduire les incidences sur le prix des marchandises et des services, il est stipulé que la valeur de l’indice 100 resterait provisoirement inchangée pour les classifications professionnelles supérieures, mais celles-ci bénéficient d’une majoration horaire égale à la différence entre les nouveaux et les anciens taux de salaires. » Ainsi, le nouvel arrêté apporte une amélioration sensible au sort des travailleurs. « Bien que le prix de la vie soit demeuré à peu près stable depuis 1953, j’aurais élevé davantage encore le pouvoir d’achat du travailleur de base. Mais dans la conjoncture actuelle, il eût été, de l’avis de tous, extrêmement dangereux de décider une hausse plus spectaculaire. » De quoi décevoir certains syndicats de travailleurs qui demandent des augmentations allant jusqu’à 170% et « poser un problème supplémentaire » à certains employeurs. Ainsi, il est tenu de choisir entre deux options « périlleuses » : d’une part, éviter aux secteurs public et privé un alourdissement « mortel » de leurs charges ; de l’autre, accorder une satisfaction aussi large que possible au monde du travail. D’où « une solution moyenne ». D’autres mesures sont aussi prises pour améliorer la condition du travailleur, « surtout celui en charge de famille ». C’est pourquoi, en accord avec le Conseil du gouvernement et après l’avis de l’Assemblée représentative, il est décidé de donner « une large satisfaction aux syndicats professionnels en matière de prestations familiales ». D’autant que le conseil du gouvernement estime « qu’une augmentation du taux des prestations familiales répondait, mieux qu’une hausse de salaires, au principe de justice distributive qui doit prévaloir dans toute société bien organisée ». Deux autres arrêtés fixent également les classifications professionnelles dans l’agriculture et les rizeries. Les travailleurs de ces deux activités « si importantes à Madagascar » vont s’intégrer « dans les hiérarchies indiciaires qui leur vaudrait une rémunération plus stimulante ». Pour encourager l’assiduité et reconnaître l’ancienneté des travailleurs de toutes les branches d’activité, le second arrêté stipule que le travailleur doit obligatoirement passer de l’indice minimum à l’indice maximum de sa catégorie en un temps fixé à trois ans pour les manœuvres et les ouvriers spécialisés de la troisième catégorie ; quatre ans pour les ouvriers spécialisés de la troisième catégorie ; cinq ans pour les ouvriers et employés des catégories supérieures. « Ces promotions automatiques d’échelons entraîneront progressivement des augmentations de salaire allant de 20 à 30%. » I l est aussi à souligner l’institution, deux mois plus tôt, d’un régime d’allocations-vieillesse des travailleurs, sur la base d’une solidarité mutualiste franco-malgache. Dans le même ordre d’idées, André Soucadaux annonce pour l’année suivante l’application d’un régime amélioré d’accidents de travail « afin de renforcer la sécurité du travailleur malgache pendant son service et pour ses vieux jours ». Le haut commissaire conclut ainsi sa déclaration : « J’estime que le travailleur malgache doit considérer ces mesures comme des conquêtes sociales de première valeur. Elles complètent celles déjà prises ces dernières années et qui font aujourd’hui de Madagascar un des territoires socialement les mieux organisés de l’Outre-mer français… »

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles

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