2015-01-28 Notes du passé Trois relations sur la prise de Manohilahy
Trois relations sur la prise de Manohilahy
28.01.2015
Notes du passé
Manohilahy sera l’objet de la première campagne, menée par Andrianampoinimerina en personne. De ce lieu, on voit Ambohibeloma et Ambohitsitakady. Le site est dominé par les deux roches d’Ambatotsindrona reconnaissables de loin.
D’après les archéologues C. Mantaux et P. Vérin, l’accès depuis la vallée de la Sahavinaky en est difficile. Manohilahy conserve encore alors une grande partie de la forêt qui « fait l’étonnement » d’Andrianampoinimerina. Le village est à peu près abandonné (fin des années 1960): « Les maisons et l’église catholique sont désertes et seuls le temple et l’école sont encore fréquentés par les habitants descendus dans les vallées.» Parmi les beaux tombeaux, les deux archéologues font remarquer
celui qui appartiendrait à une famille d’Andriamasinavalona.
Manohilahy est protégé au nord par quatre fossés que l’on franchit par des portes de pierre. La plus septentrionale porte le nom de Mangabe et la suivante, Ambaravaranala. Du sud au coin sud-ouest, il existe trois fossés et trois portes d’accès dont la dernière voisine avec une source et un étang.
La façon dont Andrianampoinimerina conquiert Manohilahy, rapportent Mantaux et Vérin, est décrite par trois traditions : celle des « Tantara » du RP Callet reprise par le RP Malzac (1930), celle du « Teny Soa » (1885) et celle du lieutenant Lefèvre (« Légendes populaires sur l’histoire des Mandiavato et d’Andrianampoinimerina», 1898).
Le « Teny Soa » relate que les habitants de Manohilahy sont des Sihanaka. Pour investir le village, le souverain vient se placer au point le plus élevé, Amboniloha, au pied d’Ambatotsindrona, où il se fortifie pendant une semaine. Voyant ces préparatifs, les habitants dépêchent un émissaire porteur d’une valiha en signe de soumission. Les assaillants n’entendent pas cet appel et abattent d’un coup de fusil le porte-parole.
Le lendemain, Andrianampoinimerina décide de lancer l’assaut, d’un côté les Tsimahafotsy et les Mandiavato, de l’autre les Tsimiamboholahy, les Voromahery
et les Mainty. Un groupe dirigé par Ramantavary s’attaque à la partie nord. Andrianampoinimerina dirige les opérations de son poste d’observation du sud. Ses troupes comblent les fossés et se protègent avec des fagots. Une fois que la porte de Mangabe est réduite, les Sihanaka mettent la crosse en l’air en signe de reddition.
C’est alors que le souverain du lieu, Andriambao, fait sa soumission, rappelant son origine Andriantompokoindrindra d’Ambohimalaza. Les habitants s’engagent alors à aider Andrianampoinimerina à se rendre maître des zones les plus au nord.
Le lieutenant Lefèvre donne une version plus résumée des évènements, ajoutant que ces nouveaux sujets appartiennent au groupe Tsimifaho et qu’ils ont désormais pour mission de faire connaître aux autres habitants de l’Avaratra-Ambohitsitakatra la « bonté et la générosité » du roi.
Concernant cette « mansuétude » d’Andrianampoinimerina, les « Tantara » donnent une version un peu différente. En particulier, ils sont plus explicites sur les Sihanaka. Ces derniers- parmi lesquels figurent les trois chefs Rabetava, Rainizaka et Andriamanody- défient d’abord, avec les Merina du lieu, descendants de Tsimifaho, l’autorité d’Andrianampoinimerina. Mais après la prise de Manohilahy, les Merina nobles, leurs suzerains, Andriambango, Andriamahery et Andriamahadisa redeviennent en principe sujets du roi. Les Sihanaka, de leur côté, doivent faire le serment d’allégeance du « velirano». Ce qui n’empêche pas la mise à mort des trois chefs, un peu plus tard, sous prétexte d’usage de sortilèges (Chapus et Ratsimba).
Autre point de divergence des « Tantara » : ils insistent sur la durée du siège de Manohilahy. Après s’être fortifié pendant six jours, le roi des Merina fait couper le canal d’amenée d’eau sans effet et doit faire subir un siège prolongé.
Si Manohilahy est la première victoire d’Andrianampoinimerina sur les Sihanaka de la Mananara, il ne s’agit pas de la première tentative du souverain de l’Imerina.
Deux expéditions malheureuses contre Ambohitsitakatra, antérieures à celle-ci, sont menées par les deux fils adoptifs du roi, Rabodolahy et Rabasivalo.
Pela Ravalitera
L’Express