2015-02-05 Notes du passé Nécessaire réorganisation de l’Armée et de l’Administration

Publié le par Alain GYRE

Nécessaire réorganisation de l’Armée et de l’Administration

05.02.2015

Notes du passé

2015-02-05 Notes du passé Nécessaire réorganisation de l’Armée et de l’Administration

Les autorités malgaches décident, dès 1870, de consacrer leurs efforts à la réorganisation de l’Administration « lorsqu’elles se rendirent compte que la situation évoluait chaque jour de mal en pis » (Mme Razoharinoro-Randriamboavonjy, archiviste-paléographe). Bref, la réorganisation de l’Armée et des services publics s’impose.

Celle de l’Armée requiert la priorité. La dernière en date remonte alors au règne de Ranavalona 1ère lorsque la reine fait procéder à une levée de jeunes recrues en prévision de la guerre devenue inévitable après 1835. Le recrutement débute en 1832. « À l’époque, être sous le drapeau était une terrible corvée aux yeux du peuple. »

De multiples causes l’expliquent. L’on répète souvent dans les discours que l’Armée constitue les cornes du royaume. Pourtant, en réalité, il n’y a pas d’éducation ni même de sensibilisation préalable pour préciser les buts de l’enrôlement. « Le service militaire était d’ailleurs mal organisé car le conscrit gardait toute sa vie son statut. » Mais il n’en est pas de même pour les riches qui ont la possibilité de s’y dérober. Enfin, les soldats ne touchent pas un salaire et sont assujettis à d’abominables corvées.

Le discours de 1876 sous Ranavalona II, annonce une autre réforme. Celle-ci montre la détermination des gouvernants à diminuer les corvées et à proclamer l’égalité de tous les citoyens en matière d’obligations militaires. On déclare alors que, « dorénavant, le service militaire était obligatoire » et tous les sujets mâles doivent l’accomplir à tour de rôle. La durée en est fixée à cinq ans.

En outre, de nouvelles lois mettent un terme à « l’abus d’autorité de certains officiers ». Ainsi ceux qui ont déjà servi durant de nombreuses années, se retirent et deviennent des Sakaizambohirtra (sorte de gendarmes ou de policiers) dont le rôle est de veiller à la défense et au bonheur du peuple.

En même temps, « par souci d’efficacité et de célérité », la restructuration de la Fonction publique est entamée après la réorganisation de l’Armée. Cela amène, en mars 1881, à la formation de huit ministères chargés respectivement de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de l’Armée, de la Justice, de la Loi, de l’Industrie, des Finances publiques et de l’Éducation nationale.

Une haute autorité est placée à la tête de chaque département. Les XV honneurs Rainitsimbazafy au ministère de l’Intérieur, Ravoninahitriniarivo aux Affaires étrangères et Rainilambo à l’Armée ; le grand seigneur- « certainement un duc »- Ralaitsirofo à la Justice ; les XIV honneurs Razanakambana à l’Industrie et Rainimahajere aux Finances publiques ; enfin à l’Education nationale, la responsabilité incombe à Andriamananizao. « Tous les officiers et les courtisans devinrent indistinctement conseillers de la Couronne. »

Pour éviter tout imbroglio, la refonte des textes et des lois relatifs aux délits et crimes et aux peines correspondantes est entreprise parallèlement à cette réorganisation de l’Administration. Le texte comprend 305 articles d’où sa dénomination de Code des 305 articles (Dimy venty sy telonjato). « À vrai dire, ce Code n’était pas seulement conçu pour définir et énumérer les infractions ; il donnait des précisions sur les droits du citoyen et ceux des étrangers. En plus de cela, ce nouveau recueil de lois était regardé comme une table de référence indiquant à tout moment comment chaque ministère devait fonctionner. »

Quand tout cela est réalisé, il revient aux populations d’adopter et appliquer les lois ainsi que d’aborder les problèmes sociaux posés par la vie communautaire. C’est vers 1883, sous Ranavalona III, que commencent à sortir les textes écrits sur l’organisation du Fokonolona. « Toute convention du Fokonolona qui devait entrer en vigueur s’appelait Teny miakatra sy midina. »

Les habitants d’une même circonscription administrative font monter (envoient) aux autorités supérieures hiérarchiques le texte de la convention qu’ils s’accordent à voir appliquer dans leur province. Les gouvernants l’examinent puis se concertent avec le Fokonolona pour faire le tour des problèmes.

« Le texte proposé pouvait faire l’objet d’un amendement ; il arriva aussi que le projet de texte présenté aux autorités par le Fokonolona fût adopté en bloc. En pareil cas, la convention entre en vigueur. » Evidemment le contenu et la forme de la convention varient selon les us et coutumes des habitants des provinces concernées.

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles

L’Express

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