2015-03-02 Notes du passé L’Avaradrano aîné des territoires, les Tsimahafotsy aînés des sujets

Publié le par Alain GYRE

L’Avaradrano aîné des territoires, les Tsimahafotsy aînés des sujets

02.03.2015

Notes du passé

Avant de s’attaquer aux régions voisines et plus ou moins lointaines, Andrianampoinimerina s’attelle à la réunification de l’Imerina en appelant sous sa protection les chefs des principautés et autres fiefs qui forment alors ce que l’on pourrait dénommer le Grand Tana de l’époque. Il use de diplomatie, d’alliances maritales, n’employant la force qu’en tout dernier recours.

Selon le RP Callet (« Tantara ny Andriana eto Madagascar »), pour mieux administrer son royaume, le grand monarque le constitue en six territoires ou

« Imerina enin-toko », formé de l’Avaradrano, du Vakinisisaony, du Marovatana, d’Ambodirano, du Vonizongo et du Vakinankaratra. Il subdivise également chaque territoire en six parties. Ainsi, l’Avaradrano a pour capitales Ambohimanga, Antananarivo, Ambohidrabiby, Ilafy et Namehana. Le Vakinisisaony, au sud-est d’Antananarivo, a pour chefs-lieux Alasora, Tsiafahy… Le Marovatana, au nord-ouest, a pour villes principales Ambohidratrimo, Ampananina, Ambohitrimanjaka, Ambohimanoa… Dans l’Ambodi­rano, au sud-ouest d’Antananarivo, se trouvent Fenoarivo, Antongona, Antsahadinta, Ambohimandry… Le Vonizongo, à l’ouest du Marovatana, constitue la limite à l’extrême-ouest de l’Imerina, avec Lohavohitra et Babay, près de l’actuel Ankazobe. Et enfin le Vakinankaratra, au sud du Vakinisisaony, avec pour villes principales Betafo et Antsirabe.

Comme la paix intérieure est revenue en Imerina, chaque territoire a l’obligation de verser le « hasina » (piastre non coupée) et les impôts dont le « isam-pangady», impôt par bêche, sorte de dîme prélevée sur les terres, de travailler la terre pour subvenir à ses propres besoins pour éviter de mendier ou de voler… Il organise même des concours entre territoires à l’issue desquels les perdants doivent payer le « lokampanompoana », amende que doivent payer les mauvais sujets, qui vient remplacer le « lokanady » ou lot obtenu par les meilleurs guerriers (lire précédente Note).

Il s’gait d’une sommùe conséquente de 1000 ariary (1000 piastres) à verser au roi pour avoir mal accompli les corvées de production royales.

Dans cette structure administrative, Andrianampoinimerina classe les territoires en fonction de l’imortance qu’il accorde à chacun. Le premier est l’Avaradrano d’Ambohimanga qu’il considère comme l’aîné de l’Imerina. C’est d’Ambohimanga qu’il part pour pacifier tout l’Imerina et étendre son royaume vers les pays voisins, Betsileo, Bezanozano, etc.

S’ensuivent le Vakinisisaony d’Alasora, le Maro­vatana d’Ambohidratrimo, l’Ambodirano de Fenoarivo, le Vonizongo de Babay ; et le cadet de tous, le Vakinan­karatra.

Le territoire de l’Avaradrano est composé de trois grandes castes de Hova (roturiers, sujets libres), les Tsimahafotsy d’Ambohimanga, les Mandiavato d’Ambohidrabiby, les Tsimiamboholahy d’Ilafy et les guerriers Voromahery. Là également, Andrianam­poinimerina fait des Tsimahafotsy les aînés de ses sujets car c’est eux qui l’intronisent à la tête du royaume d’Imerina, c’est eux qui font et défont les souverains, à l’instar de la lignée des Premiers ministres, d’Andrian­tsilavo à Rainilaiarivony en passant par Rainiharo et Rainivoninahitriniony.

Si les Tsimahafotsy sont les aînés, les Tsimiamboho­lahy sont les « Vakitronga » (comme les troncs d’arbre), les Mandiavato, les « Hasin’Imerina » (la force, l’appui, l’honneur de l’Imerina), les Voromahery ou les « fianaram-panompoana » (modèles de serviteurs), les fils d’Ambohimanga, d’Ilafy et d’Ambohidrabiby.

Andrianampopinimerina a totalement confiance envers les Tsimahafotsy et pour prouver sa reconnaissance, il souhaite les anoblir. Mais réputés pour leur sagesse, ils refusent la proposition estimant qu’ils risquent de se faire détester par le peuple, et choisissant l’autre option présentée par le souverain qui est « d’alléger leurs charges ». Ils recevront des terres dans différents territoires qu’ils devront exploiter en tant que guerriers-colons, dans l’Imamo, dans le Vakinisaha­sarotra, etc.

Chaque territoire est enfin rattaché à une caste d’Andriana, telle celle des Zanadralambo dans l’Avaradrano, entre Tsimahafotsy et Tsimiamboholahy.

Pela Ravalitera

L’Express

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