Légende: Tanalasosa

Tanalasosa
C’est le mort vivant. Il a 7 vies.
Dans ma région, on l’appelle « lolo vokatra », c’est à dire à peu près «le fantôme qui sort de terre». Chaque « ethnie » malgache possède ses propres relations avec la mort. Pourtant, toutes les régions vénèrent les mêmes ancêtres (razana).
Le coin nord-est de la maison malgache est appelé « zoro firarazana » (coin pour honorer ancêtres) peut-être à cause de l’origine asiatique commune à tous les malgaches.
Et globalement, on suit les mêmes rituels pour l’enterrement avec des variantes selon les régions. Partout, on fait, entre autres, une veillée funèbre pour permettre aux familles et aux amis de venir présenter leurs condoléances. Mais aussi, la veillée funèbre permet de s’assurer que le mort ne se relèvera pas.
Dans le sud, pays d’où vient la légende du tanalasosa et dont les habitants sont de grands éleveurs de zébus, cette veillée dure jusqu’à ce que le dernier zébu du défunt soit tué et mangé par les « convives »; car c’est comme une grande fête. C’est à dire que s’il était riche, ça peut durer en semaines ou en mois. Ceux qui y ont déjà assisté disent que le mort commence à pourrir sur place.
On a à ce sujet un proverbe qui dit « ny anongotsongoina ny maty hono dia tahotra ny handevim-belona » (On pince les morts pour éviter d’enterrer un vivant).
On sait que le vaudou vient d’Afrique et si les haïtiens savent fabriquer des zombies, qui dit que les malgaches, tristement célèbres pour l’utilisation de la sorcellerie à tous les étages, n’ont pas aussi hérités de cette technique de leurs ancêtres africains? Je rappelle que le zombie en Haïti est une personne qui a été endormi profondément grâce à un produit chimique maintenant identifié (la totrodotoxine) qui simule la mort. Elle est enterrée par ses proches qui la croient décédée et c’est après que l’enchanteur la récupère dans la tombe en lui administrant l’antidote et un autre drogue de soumission la rendant apathique et obéissante.
Aujourd’hui, les rumeurs qui circulent à Madagascar racontent qu’on aurait ouvert un caveau pour inhumer un mort et qu’à la stupeur générale, les restes de celui qu’on a enterré en dernier se trouvaient derrière la porte. C’est parmi les pires morts, si c’est vrai. D’autres fois ce sont des résurrections miraculeuses qui sont relayés par la presse. Il s’agit de personnes déclarées mortes par le médecin qui reviennent à la vie pendant la veillée funèbre.
S’il y a des morts vivants à Madagascar, on pourrait peut-être l’expliquer par la science mais je pense que certains mythes ne doivent pas être brisés de peur de briser la société qui les a créés.
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