Mananjary - Sambatra
L'album s'est enrichi de photos que m'a offert PIERROT MEN, photographe de Fianarantsoa
Merci Pierrot!
Mananjary - Sambatra
Merci pour les photos à:
Jules Ratsirevo
Pitha Velo
Frédéric Soulleman
Jean Patrick Ramiarinarivo
Gérard Féry d'Esclandes
Santa Nora
Julia Basile
Nicot Gérard Tadivelo
Le "Sambatra" (qui signifie joie, gaieté, bonheur), est un évènement culturel de la tribu Antambahoaka qui se tient tous les 7 ans à Mananjary. Il s'agit d'une circoncision collective qui permet aux garçons de devenir des hommes au sein de leur communauté.
Pas une larme ne sera versée pour ne pas offenser les dieux.
Un calendrier agricole traditionnel fixe la date du Sambatra et le Roi Antambahoaka détermine les modalités du rite. La cérémonie de la circoncision a lieu un vendredi, jour considéré comme faste.
Les femmes mettent leur « lamba traditionnel » qui va très bien avec leurs cheveux tressés avec soin surmontés de chapeaux en raphia, veillent toute la soirée pour la séance de prière.
La cérémonie du « sambatra », dure quatre semaines. C’est une fête qui mobilise des milliers de personnes venues de tout le pays. Pendant la fête, les Antambahoaka explosent totalement. Partout, on entend le « Antsa », ces chants cadencés des femmes, du « Hazolahy », littéralement le tambour sacré et l ’ « Antsiva » ou la conque marine.
La grande festivité se déroule pendant la dernière semaine du mois d'octobre.
Elle est appelée « Semaine sainte » ou « Tsiatoro ».
Les Tranobe
Les femmes se préparent à la recherche de "Rambo". Le "Rambo" est une espèce de plante dans la famille des cypéracées.
Les hommes se préparent pour cueillir "Volohoatra", "Ramiavina", "Fatakandahy"et "Fary soratra".
A l'arrivée des hommes sur la rive du Pangalane, ils seront acclamés par la population avec des chants et des coups de clairons. Ils rejoignent ensuite le Tranobe pour y installer le Ramiavina et le bois sacré au nord.
Les maisons des rois sont rénovées.
Les hommes se partagent entre la sculpture des 3 oiseaux messagers, colombes qui symbolisent l'Arche de Noé et la construction des 3 mâts servant à fixer les oiseaux sur le toit.
Les pères ornent le faîtage des cases d’une colombe sculptée.
Ils plantent aussi un tronc sacré censé porter l’âme des jeunes garçons circoncis.
Les mères s’occupent des tenues rouges des garçonnets et les nattes sur lesquelles ils seront opérés.
Les bambous récupérés dans la forêt serviront à transporter le betsabetsa jusqu’au fleuve
pendant la procession qui aura lieu vendredi.
Les femmes passent la veille de l’opération à prier.
Le vendredi matin de la dernière semaine, dès 5 heures, le zébu est amené devant la maison du roi et les hommes le préparent pour le sacrifice du « joro » pendant que les femmes dansent au rythme des tambours.
Après la prière du roi, moment émouvant, le sacrifice a lieu.
Le zébu sera ensuite tué et découpé, et les morceaux seront distribués aux membres des différentes maisons.
Les jeunes gens, dont les pères et mères sont encore vivants (velon-dray aman-dreny), vont chercher l'eau sacrée « rano mahery » à l’embouchure du fleuve Mananjary. Elle servira à laver la plaie des circoncis
.
L'après-midi aura lieu le simulacre bataille entre les "zamamy zaza" et les pères des enfants à circoncire qui tentent de les empêcher d'amener cette eau au Rain-jaza, le guérisseur traditionnel qui procèdera à l’opération.
Le rituel commencera sous les chants et les cris des femmes qui couvriront les pleurs et les gémissements des enfants. Il est à préciser que si elles amènent les petits garçons au roi au Tragno be, tressent des nattes et participent au rituel en chantant, elles n’ont pas le droit d'entrer dans le palais royal. Elles reçoivent leur repas et les boissons en tout genre à l'extérieur. Une fois la circoncision terminée, les grands-pères ou les pères des enfants circoncis avalent le prépuce à l’aide d’une banane ou d’un blanc d'œuf.
Rituel moderne
Une fois que tout est réuni au Tragno be, le rituel peut commencer et les garçons passent tout à tour sur la tête du zébu.
Contrairement à ce qui s'est pratiqué il y a une vingtaine ou trentaine d'années, les enfants sont amenés au Tragno be quand ils sont déjà circoncis. C'est-à-dire que le Sambatra est devenu un symbole plutôt qu'une obligation de se faire circoncire à l'ancienne.
Au lieu de l’opérer, on déchire un bout de la tenue. On peut alors parler de recensement du peuple Antambahoaka grâce au nombre de bouts de tissu recueillis », explique le roi Nicol André du Tragno be Satrokefa.
Chaque enfant est ensuite porté sur les épaules d’un parent (en principe un oncle) vers l’embouchure du fleuve, accompagnés des femmes ; le long cortège se déplacera pendant plus d’une heure, en chantant. L’eau préalablement bénie par le roi est ensuite versée dans l'embouchure.
De l’autre côté du fleuve, l’autre village a organisé la même cérémonie et marche aussi vers l’embouchure à la rencontre des habitants de Mananjary.
Les deux groupes se rencontreront de chaque côté du fleuve, lanceront les bambous qui symbolisent la possibilité de franchir le fleuve pour se côtoyer, pour que le frère et la sœur séparés il y a bien longtemps se retrouvent enfin.
En effet, la légende raconte que deux enfants, un frère et une sœur, vivaient à Mananjary : un jour de mauvais temps la sœur a traversé le fleuve et n’a pu revenir ; elle a poursuivi sa route jusqu’à Manakara, Fort Dauphin , créant ainsi les différentes ethnies alors que le frère, très triste est resté à Mananjary
Tous les 7 ans, c’est donc la rencontre entre le frère et la sœur, entre les différentes ethnies de la cote est.
A l’issue des rituels, les petits garçons reçoivent la bénédiction des rois et dorénavant ils sont intégrés dans le « Tranobe » (Maison sacrée).
Après le rituel, le rhum pourra être partagé entre tous les participants à la fête
Prochain rendez-vous octobre 2021.
Quelques photos que m'a offert Pierrot Men, photographe de Fianarantsoa