Conte: Comment l’homme et le chien devinrent amis

Publié le par Alain GYRE

 

Comment l’homme et le chien devinrent amis

C’était il y a longtemps, très longtemps : Il y avait encore très peu d’hommes dans les îles de l’océan Indien. Ils vivaient éparpillés en petites tribus, cultivant la terre, pêchant et chassant, cueillant baies et brèdes.

Un jour, un grand crocodile captura un de ces premiers habitants, qui venait chercher de l’eau à la rivière : il le garda dans ses mâchoires, ne sachant pas très bien s’il devait le dévorer, s’il y aurait des représailles dans ce cas, ni même s’il était comestible.

Une pintade s’approcha :

« Ah !...Tu as attrapé un de ces chasseurs qui nous poursuivent et nous massacrent. Tu m’en vois vraiment ravie. Allons, dévore-le devant mes yeux, pour venger tous ceux de ma famille qu’il a mangés !... »

Le crocodile répondit par un grognement : il ne pouvait pas articuler un mot, avec ce corps entre les dents. Un sanglier vint à passer et s’approcha.

« Ah !... Tu as capturé un de ces tueurs ! Il nous en fait du mal, pour quelques tubercules de manioc ou quelques patates douces volées. Mange-le devant moi, cela me vengera de tous mes frères et cousins qu’il a chassés à coups de sagaies ! »

Le crocodile répondit par un grognement. Un chien vint boire à la rivière. Il vit l’homme terrorisé dans la gueule du crocodile et il eut peur pour lui, sans savoir pourquoi.

« Ah ! Tu as enfin attrapé un de ces habitants qui nous lancent des cailloux quand nous nous approchons du village. Mon dieu que je suis content de le voir entre tes dents ! »

Et le chien se mit à rire. Et le rire des chiens est très contagieux :

« Ah ! Regardez les yeux qu’il roule ! »

La pintade se mit à glousser. Le sanglier se mit à couiner de plaisir.

« Ah ! Regardez-le, il devient tout gris ! »

Le chien se tordait de rire à présent, la pintade gloussait de plus en plus fort. Quant au sanglier, il ronflait de rire, secoué de grandes cascades de grognements. Le crocodile riait lui aussi, mais avec les yeux, qui pleuraient des larmes de crocodile, évidemment. Mais il n’ouvrait pas la bouche.

« Ah ! C’est trop bon de voir ça ! disait le chien en se roulant par terre. Jamais je n’ai autant ri de ma vie ! »

La pintade hurlait, le sanglier criait, le chien suppliait qu’on arrêtât son fou rire. Le rire est très contagieux : le crocodile frémissait, tremblait, secoué par des éclats de rire intérieurs. Et puis il n’y tint plus. Il ouvrit ses mâchoires et rit à gorge déployée.

L’homme sauta hors de portée en une seconde et grimpa sur un arbre. La pintade cessa de rire. Le sanglier redevint sérieux. Le crocodile changea de couleur. Le chien se redressa puis vint s’asseoir au pied de l’arbre où l’homme était à l’abri.

« Va chercher mes frères, demanda-t-il au chien. Porte-leur ma ceinture, ils comprendront. Toi, la pintade, attends-toi à finir dans ma marmite. Et toi, le sanglier, je te pourchasserai encore et encore jusqu’à te griller en brochettes. Quant à toi, le crocodile, nous sommes désormais des ennemis jurés et tu sauras ce que c’est que devenir l’ennemi de l’homme ! »

Puis les villageois arrivèrent et délivrèrent leur voisin, tandis que la pintade, le sanglier et le crocodile s’éparpillaient.

C’est depuis cette aventure que le chien devint le meilleur ami de l’homme. C’est aussi depuis ce temps que le cuir de crocodile devint un des plus recherchés. Un caméléon, perché sur son arbre, avait tout vu. Il cria au chien :

« Tu as gagné un grand ami et tu t’es fait trois ennemis en même temps : mais tu as gagné au change, car un seul véritable ami est une richesse, crois- moi. Mais SOUVIENS-TOI : et surtout ne va plus boire à la rivière ! ... »

Le chien se souvint et devint le meilleur compagnon des hommes. Les caméléons ont toujours raison.

Graines de bitume, enfants de la rue, Tana

Mokana, orphelinat à Fianarantsoa

http://www.madagascar.net

Publié dans Contes, Contes sur la toile

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