Rentrée scolaire: Qui peut envoyer ses enfants à l’école ?
Rentrée scolaire: Qui peut envoyer ses enfants à l’école ?
Publié le jeudi 24 septembre 2015
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C’est la question à 75 000 Ar si on se réfère aux dépenses minimales pour scolariser un enfant dans le primaire.
Et à la question ci-dessus, on peut répondre : « Pas tout le monde ! ». Les prix des fournitures scolaires ont presque doublé en un an. Un cahier de 200 pages s’achète maintenant à partir de 7 000 Ar à la suite de la forte dépréciation de l’ariary qui renchérit le coût des importations. Et il faut se rendre chez les grossistes-détaillants pour bénéficier d’un tel prix. Sinon, les fournitures scolaires sont nettement plus chères ailleurs et notamment en province. Et on ne parle plus des différents droits à payer, soit les frais généraux et les droits d’inscription. Pour scolariser un enfant dans le primaire, il faut disposer de non moins de 75 000 Ar, uniforme et cartable compris. Car un cartable qui tient pour toute l’année scolaire vaut 30 000 Ar l’unité. Dans ce cas, qui peut envoyer ses enfants à l’école ? Le revenu quotidien des 92% des ménages pauvres n’atteint pas l’équivalent de 2 dollars, soit moins de 6 000 Ar par jour. Or, le prix d’un cahier de 200 pages est plus élevé que le revenu quotidien de ces ménages !
Qu’en est-il des autres frais et de l’ensemble des fournitures scolaires ? Les kits scolaires à distribuer par les autorités concernées et les partenaires de l’éducation pourraient venir à bout des problèmes de fournitures mais uniquement au niveau des classes primaires publiques. Mais il n’en demeure pas moins que les parents auront toujours à payer quelque chose faute d’un système national de protection sociale portant sur l’éducation. Le pays vient d’adopter la politique nationale sur la protection sociale. Mais rien de bien concret n’est annoncé pour la prochaine rentrée scolaire, notamment en faveur des enfants des pauvres. Les enfants souffrant de l’inaccessibilité aux services sociaux de base dont l’éducation sont pourtant à un taux élevé de 47% selon les récentes données de l’UNICEF. Mais il est fort probable que pour la prochaine année scolaire qui s’approche à grand pas, un flot supplémentaire d’enfants ne pourra pas franchir ou refranchir le seuil d’une école, le revenu des ménages étant trop bas pour le permettre. Depuis quelques semaines, des parents frappent à de nombreuses portes soit pour emprunter soit pour demander un don, l’objectif étant de leur permettre de scolariser leurs enfants.
Une lavandière déplore que l’un de ses enfants qui devait déjà entrer à l’école l’année dernière risque fort de vadrouiller encore cette année. C’est faute de budget. Si elle arrive à trouver de quoi nourrir pauvrement sa petite famille, elle n’a pas du tout les moyens de scolariser ses enfants. Ce cas n’est pas isolé. Même les ménages moins pauvres et qui profitent d’un revenu plus régulier, ont beaucoup de mal à réunir le fonds nécessaire pour la rentrée de leurs enfants. Ils doivent recourir à des emprunts ou solliciter le soutien de proches et amis. Mais la pauvreté est quasi-généralisée et l’appui familial est de plus en plus maigre, voire inexistant. Le capital humain est toutefois l’un des socles du développement. S’il n’est pas doté des connaissances et compétences pour exploiter les ressources nationales, le pays évoluera toujours dans le cercle vicieux de la pauvreté et laissera aux étrangers le soin d’exploiter et de profiter de ses richesses.
Fanjanarivo
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