Notes du passé: La meilleure formule pour donner le pouvoir au peuple

Publié le par Alain GYRE

La meilleure formule pour donner le pouvoir au peuple

16.03.2016 Notes du passé

Notes du passé: La meilleure formule pour donner le pouvoir au peuple

De plus en plus, aujourd’hui, de nombreux milieux politiques préconisent l’idée de réactualiser le Fokontany, circonscription de base, et le Fokonolona, communauté de base. C’est au colonel Richard Ratsimandrava, ministre de l’Intérieur du gouvernement Ramanantsoa avant de succéder à ce dernier à la tête du pays, le temps d’une semaine, que revient la mission d’installer cette nouvelle structure.

Dans sa conférence de presse du 14 mars 1973 et se basant sur le discours-programme du général Ramanantsoa, il rappelle les réformes envisagées pour l’instauration du Fokonolona, accordant à celui-ci une place de choix dans la participation au pouvoir. « La loi référendaire ratifiée par le peuple le 8 octobre, confirme cette orientation et prévoit que l’œuvre de redressement national sera entreprise à partir des structures de base de la société malgache. »

Une question se pose, en effet, au moment où le général Ramanantsoa assume les pleins pouvoirs. « Fallait-il former un gouvernement provisoire utilisant la force pour obtenir un retour au calme relatif sans s’attaquer à la racine profonde du mal au risque de voir le pays retomber, d’un moment à l’autre, dans le trouble et le désordre ; ou si, au contraire, valait-il mieux chercher et réaliser un nouveau style de gouvernement fondé sur un esprit démocratique réel, capable de mobiliser toutes les énergies et permettant à tous et à chacun de participer pleinement au développement économique et au progrès de la nation »

Selon le colonel Ratsimandrava, le gouvernement rejette la première formule malgré les difficultés que comporte la voie tracée par la seconde, « une société affirmant les traits de son identité ancienne et vigoureuse devrait maintenant naitre ». C’est ainsi que le

vendredi 9 mars 1973, Gabriel Ramanantsoa prend une ordonnance portant nouvelle structuration du Fokonolona.

Expliquant le système, le ministre de l’Intérieur rappelle qu’il s’agit d’une réalité vivante à Madagascar. Et si ses caractéristiques diffèrent selon les régions, des traits communs subsistent, tels la solidarité et l’organisation de ses relations sociales internes. Mais sous la colonisation, s’il ne peut s’intégrer dans les structures, cela n’empêche pas les autorités de requérir ses services pour les travaux complexes et difficiles « après l’accomplissement desquels il était, malheureusement, délaissé ».

Pour rompre avec la fausse conception de l’État-Providence, la réhabilitation du Fokonolona devra permettre à la population de « participer » et d’exercer ses responsabilités sur le plan de la sécurité comme sur celui des activités sociales et économiques.

« C’est la préparation d’un régime tendant vers une véritable démocratisation des pouvoirs. » Bref, cette initiative qui confère le pouvoir, est « significative à bien des égards, répondant manifestement aux vœux de la majorité nationale ».

Le colonel Ratsimandrava souligne que le problème capital à Madagascar est l’explosion démocratique. Vers les années 40, l’île ne compte que quatre millions d’âmes. En 1973, trente ans plus tard, le chiffre de huit millions est avancé, soit le double de la population. Et les statistiques prévoient également le double dans les trente années à venir. En 1972, nombreux sont les moins nantis, les sans travail, les mal soignés, les non éduqués dont il faut s’occuper d’urgence alors qu’en même temps, il faut déjà se préparer à prendre en charge l’accroissement démographique annuel de 200 000 personnes.

Cette situation alarmante détermine l’attitude de la jeunesse, inquiète de son avenir incertain.

« Nous avons exagérément compté sur l’État-Providence et sur les aides extérieures. Les résultats ne sont pas ceux que nous avons escomptés car seule une minorité en a profité, les privilégiés du régime défunt de la Ire République. »

Le temps étant à la prise de conscience et de responsabilité, « la mobilisation collective par la voie du Fokonolona constitue pour nous l’unique salut pour sortir de l’impasse ». Le changement devra entraîner la dissolution des communes rurales et l’abrogation, le 27 juillet 1972 de l’ordonnance 62-004 sur l’ancienne organisation du Fokonolona.

La nouvelle structure décentralisée sera instaurée progressivement. À débuter par les comités des Fokontany dont les membres seront élus jusqu’au 15 juin 1973, des Firaisampokonolona en septembre de la même année, et des Fivondronana ainsi que des Faritany au cours de l’année 1974.

Ainsi, le Fokonolona de base commence à s’organiser et fonctionnent dans le cadre de la nouvelle structuration dès 1973. Une vaste campagne de formation sera menée à l’intention des conseillers élus pour qu’ils puissent s’initier à leur nouveau rôle et ne pas décevoir la masse.

Pela Ravalitera

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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