Notes du passé: Une ambassade malgache pour demander de l’aide aux États-Unis

Publié le par Alain GYRE

Une ambassade malgache pour demander de l’aide aux États-Unis

12.03.2016 Notes du passé

Notes du passé: Une ambassade malgache pour demander de l’aide aux États-Unis

Le traité américano-malgache du 13 mai 1881, négocié et signé à l’initiative des États-Unis, sommeille dans les cartons du département d’État à Washington jusqu’en 1883. Dans le cadre du centenaire des relations américano-malgaches avant la colonisation française, Jean Valette, archiviste-paléographe, prononce une conférence le 3 décembre 1966. D’après lui, c’est un long document de 13 titres subdivisés en 89 articles. Bref, c’est le texte le plus long signé au XIXe siècle par Madagascar, avec une puissance étrangère (lire Notes de fin-février-début mars). Mais il ne sort des tiroirs du département d’État qu’à l’occasion de l’un des grands évènements marquant les relations américano-malgaches, l’ambassade malgache de 1883.

Cette mission plénipotentiaire est due à la dégradation, en 1881-1882, des relations franco- malgaches et à la crainte ressentie par les autorités tananariviennes d’une guerre qui parait inévitable et que Rainilaiarivony redoute. Lors du Conseil du 5 juin 1882, il brosse un tableau pessimiste de la situation et conclut à la nécessité de rechercher au plus vite « si quelque puissance américaine ne serait pas disposée à jouer le rôle d’intermédiaire afin d’éviter l’éclatement du conflit ».

Ce qui l’amène à envoyer en Europe et en Amérique une ambassade composée du ministre des Affaires étrangères, Ravoninahitriniarivo, et de son adjoint, Ramanarika, ainsi que de trois interprètes, deux Malgaches, Andrianisa pour l’anglais et Marc Rabibisoa pour le français, et un sujet anglais, Tacchi, « spécialement désigné pour aider les ambassadeurs au milieu des difficultés d’étiquettes ou de transactions matérielles ».

La mission quitte Antananarivo, le 19 juin, passe en France, en Grande-Bretagne puis en Allemagne. C’est au cours de son passage en Angleterre que Ravoninahitriniarivo et ses compagnons décident de remplir « la partie de leur mission qui devait les conduire aux États-Unis ». Le 20 février 1883, ils s’embarquent pour New York où ils n’arrivent que le

23 mars, retardés par une mer houleuse et par la nécessité de fuir de nombreux icebergs qui dérivent du Nord.

Reçus au débarcadère par un envoyé du gouverneur de la cité, les ambassadeurs malgaches sont conduits « dans un imposant hôtel de la 5e Avenue ». Le 6 mars, ils sont à Washington, attendus à l’Hôtel Arlington par le colonel Hoffman. Le lendemain, le président M.-A. Arthur, chef de l’État américain depuis l’assassinat du président Garfield, le 2 juillet 1881, les reçoit.

Par la suite, on leur fait parcourir les différents ministères américains. De même, le

8 mars, accompagnés d’une délégation des différents corps constitués, ils visitent la tombe de George Washington ainsi que la maison qu’il a habitée à Mount Vernon

« Au moment de s’embarquer sur le petit vapeur emportant les invités, les quarante musiciens de la Marine, spécialement convoqués, jouèrent l’hymne de la reine Ranavalona, tandis que l’escorte présentait les armes. Le capitaine fit hisser le drapeau malgache et un grand nombre d’assistants poussèrent des hourras en l’honneur des ambassadeurs. Au retour, ils furent conviés sur le bateau à un grand repas où des membres du corps diplomatique les entouraient. »

Ils se rendent ensuite à Philadelphie où ils visitent des fabriques d’armes et de cartouches, dont ils font une commande pour le gouvernement malgache. Leurs hôtes les conduisent ensuite au pied des chutes du Niagara. L’évènement majeur de ce voyage est la ratification du traité signé le 13 mai 1881 et l’échange, le 12 mars 1883, à Washington des instruments de ratification. Ravoninahitriniarivo et ses compagnons quittent États-Unis le 31 août 1883.

Jean Valette signale que leur séjour américain est l’occasion de la publication à New-York d’une brochure anonyme, « Madagascar and the United States, by a former resident of the island », qui « faisait le point des relations américano-malgaches, mais dans une optique très antibritannique ».

D’ailleurs, la guerre-franco-merina inquiète quelque peu les autorités américaines, la Marine et le département du Commerce en particulier. Il est ainsi décidé en 1883, d’envoyer à Madagascar une mission de bonne volonté et d’étude confiée à un jeune officier, le lieutenant Shufeldt qui séjourne à Antananarivo en mai 1884.

« Nous ignorons que fut son rôle exact et si cette mission eut à s’occuper de problèmes militaires. Ce qui est certain, c’est que les sympathies américaines y penchèrent nettement vers Madagascar au cours du conflit et certains agents américains y jouèrent un rôle actif. » L’archiviste-paléographe cite notamment le vice-consul Stanwood qui, de Morondava, envoie régulièrement des rapports au Premier ministre sur les mouvements de l’escadre française. »

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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