Conte: Comment Salebo devint roi

Publié le par Alain GYRE

 

Comment Salebo devint roi

Autrefois, du temps du roi Randriambe, vivaient deux paysans qui avaient un fils très rusé du nom de Salebo. Un jour, accompagné de deux gardes, le roi passa devant leur maison et trouva l'enfant blotti contre la porte.

« Où est ton papa, garçon ? fit le roi d'une voix amusée.

- Papa, Monsieur, il est allé mépriser les vivants et accueillir les morts.

- Et ta maman ?

- Elle est allée vendre la sagesse pour devenir folle.

- Tu te moques de moi, petit coquin ?

- Oh ! non, Monsieur.

- Eh bien ! Explique-toi, alors...

- Papa est allé chercher du bois pour la cuisine. Il méprise les bois verts et prend les secs.

- Très bien. Et ta maman qui est folle ?

- Elle est allée à la pêche à la nasse, après s'être vêtue de haillons, mais elle a de beaux habits, je la crois folle.

- Tu dis vrai, mon petit, viens avec moi. »

Le roi, au palais, lui donna un sac de pièces d'argent.

Un jour, le roi voulut éprouver le gamin : il lui commanda de construire une pirogue en pierre. L'enfant obéit. Il prit quatre haches tranchantes et les brisa l'une après l'autre sur un grand rocher, et, tout en sueur, il s'assit. Le roi, impatienté, envoya un serviteur.

« Tout est prêt, dit Salebo, la pirogue est faite. Il me faut une corde de fumée pour l'amener et un bol de lait de taureau pour calmer ma soif. »

Le roi, furieux, ordonna de lier le garçon et de le lui amener. « Tu te moques de moi, garnement ! Une corde de fumée, du lait de taureau !!

- Et vous, Ô roi, riposta Salebo, où avez-vous vu une pirogue en pierre ? »

Le roi était vaincu. De rage, il fit coudre Salebo dans un sac et ordonna de le jeter à la mer. La mer était loin, et les porteurs, épuisés par la chaleur, la faim et la soif, abandonnèrent leur fardeau au milieu du sentier et allèrent déjeuner au village voisin. Salebo, entendant les beuglements de bœufs, se mit à se rouler dans son sac. Un jeune bouvier Antandroy ouvrit le sac.

« Qui t'a mis là-dedans ?

- Ma folie. Le roi voulait me donner sa fille en mariage, mais j'ai refusé. Il m'a puni.

- Ah ! C'est cela, dit l'homme ; laisse-moi, je me mets à ta place. »

Salebo cousit le sac et s'enfuit avec les bœufs et la malle de piastres.

Les bourreaux revinrent et plongèrent le sac dans la mer, malgré les cris de l'Antandroy. Puis chacun rentra chez soi. A minuit, Salebo rentra dans la ville et alla trouver le roi.

« Majesté, lui dit-il, je suis Salebo que vous avez précipité dans la mer. Je vous en remercie, car au fond de l'eau, vos ancêtres m'ont donné toutes ces richesses. Ils habitent dans un vaste palais. »

Le roi, tout joyeux, réveilla ses serviteurs pour entendre le récit de Salebo. Le rescapé reprit son histoire et ajouta : « Je viens de la part des ancêtres du roi pour l'appeler avec toute sa famille. Voici l'argent que j'ai ramassé dans leur cour. »

Le roi aussitôt commanda à Salebo de le coudre dans des sacs, lui et les siens, pour lui permettre de voir leurs ancêtres. Ce fut fait séance tenante. Salebo et les serviteurs du roi plongèrent les sacs dans la mer.

Après quoi, Salebo réunit le peuple : « Je suis votre roi désormais. Et celui qui ne voudra pas m'obéir ira ramasser les trésors de ses ancêtres au fond de la mer. » Tous comprirent et l'acclamèrent pour leur souverain.

« Tsy angano angano, tsy arira arira, tsy zaho mpandainga fa olona be taloha. »

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