Notes du passé: L’ile Sainte-Marie revendiquée par la France
L’ile Sainte-Marie revendiquée par la France
25.04.2016 Notes du passé
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«L’ile Sainte-Marie se nommait et se nomme encore actuellement par les naturels, Nosse (qui signifie Ile) et ses habitants Zaffi-Bourac, race de Bourac qui le premier, avec sa famille, se hasardait à traverser le canal qui la sépare de la Grande terre. » C’est ainsi que l’arpenteur du roi, Petit de la Rhodière, présente l’ile dans son « Rapport sur toutes parties de Madagascar », chapitre sur « Sainte-Marie et la côte Est de Madagascar en 1818 » (Bulletin de Madagascar N°189-190).
Ils entourent cet homme, Boraha, de nombreuses légendes, mais tous s’accordent sur cette origine de la population de Sainte-Marie. Toutefois, plusieurs personnes parlent aussi des Zafi-Ibrahim et concluent que ces mots veulent dire race d’Ibrahim. D’autres mentionnent plutôt une origine juive en évoquant les Zafi-Abraham.
Petit de la Rhodière penche davantage pour Zafi-Ibrahim. Selon lui, on devrait ainsi rencontrer des pratiques qui rappelleraient une ancienne occupation arabe, « le Malgache ayant assez l’habitude de conserver les usages de ses pères ». Pourtant, il n’y constate comme seul point de ressemblance que la circoncision.
Finalement, il préfère « dépouiller l’origine des Saints-mariens des fables qui l’accompagnent». La population autochtone s’accroit de manière considérable et lorsque les pirates s’établissent sur l’ile, en 1701-1702, certains habitants passent sur la Grande terre où ils partagent quelques travaux d’artisanat qu’ils apprennent eux mêmes de ces étrangers. Depuis cette époque, Mae-Tsimilotte (Ratsimilaho), fils de l’un de ces pirates, chef de la branche des Malata du Sud et de Foulpointe, donne l’ile à sa fille Betty qui la cède aux Français en 1752.
À l’époque, des massacres y ont lieu. Depuis, les Français y reviennent deux fois pour venger ceux qui ont péri par la faute de leur chef et forcent une grande partie de la population à se réfugier sur la Grande terre. Finalement, ils abandonnent Sainte-Marie, ne recevant aucune nouvelle de ceux qui les ont envoyés. Petit de la Rhodière remarque comme signe de leur séjour, plusieurs édifices sur l’Ilot aux Cailles. Ils semblent construits très solidement et comprennent une redoute de 15 à 20 pieds avec huit embrasures, un bâtiment qu’il pense avoir servi d’église, un long corps de logis pour caserne et une poudrière. En vis-à-vis, au nord-est du port et sur une petite éminence, il existe quelques ruines d’un fort qui a « la forme d’une pyramide quadrangulaire tronquée ». En haut de la butte, se trouve une galerie en bois qui soutient des pierres.
« On y voit encore, bien conservées, les armes de France au dessus de celle de la Compagnie des Indes et la date, 1753. Les murs résistent encore, malgré les lianes qui y ont poussé de toutes parts. » À propos de ces bâtiments, Ribard (P.L.) publie « Le pénitencier de Sainte-Marie de Madagascar » dans le Bulletin de l’Académie malgache, tome XXX (1951-19552). Auparavant (1916-1917), Fontoynont écrit, dans le tome III de la même publication, une « Notice sur une pierre trouvée à Sainte-Marie ».
Selon Petit de la Rhodière, depuis cette époque, les Malata du Nord s’emparent de Sainte-Marie. Tsifanina et sa nièce Siba y règnent en 1818. Ils se partagent l’ile et en jouissent tranquillement, surtout depuis que, « par la force », ils parviennent à faire taire les prétentions de quelques Zafi-Boraha qui veulent reprendre leurs droits.
« Pendant toutes les dernières guerres, les Anglais y sont venus, y ont relâché souvent, mais n’ont laissé aucune trace de leur présence. » Jean Valette, archiviste paléographe, indique que l’acte de reprise de possession de Sainte-Marie par Sylvain Roux est du 15 septembre 1818.
La population autochtone de l’ile, précise l’arpenteur du roi, se fait rarement la guerre entre elle, mais elle a souvent à se défendre des incursions des habitants de la Grande terre, attirés par la fécondité du sol et la richesse des récoltes. Mais les attaques cessent depuis
l’arrivée des nouveaux chefs qui ont quelque influence, dont l’un règne à Tintingue.
Abordant les coutumes des habitants, Petit de la Rhodière explique que, comme dans presque tout Madagascar, ils croient à deux esprits, l’un bon dont ils ne s’inquiètent jamais qu’il leur veuille du mal et l’autre mauvais, pour lequel ils réservent toutes leurs invocations. Ils ont quelquefois un petit autel supporté par quatre piquets fichés en terre. Ils y déposent leurs offrandes « qui consistent ordinairement en un verre d’arack ».
Alors le chef ou un prêtre se met à genoux et fait une prière où il engage le mauvais esprit à lui être propice. « Ces prières sont rares et se font seulement dans les grandes circonstances.»
Lorsque Tsifanina, roi de Tintingue et de la moitié de Sainte-Marie, voit son neveu Tamo s’emparer de son territoire en profitant de son absence, il tire parti de la superstition de ses sujets. « Sans aucune force, accompagné seulement de deux hommes, il s’avança précédé d’un devin qui portait une poule noire. Cette vue effraya tellement ses ennemis qu’ils s’enfuirent sans opposer la moindre résistance. »
Pela Ravalitera
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