Notes du passé: Le royaume imérinien sous Radama-père
Le royaume imérinien sous Radama-père
31.05.2016 Notes du passé
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Le règne de Radama Ier se remarque surtout par l’organisation professionnelle des forces armées, l’installation auprès de lui des Andriambaventy- les grands chefs militaires qui ont aidé son père à réunir l’Imerina- et des Maroseranana dans les régions qu’il soumet tour à tour. Étant donné que l’étendue du royaume dépasse largement les propriétés royales (menabe) et que les fiefs de l’Imerina (menakely) nécessitent la restructuration des territoires, Radama édicte de nouvelles lois.
Les Maroseranana représentent ainsi le souverain là où ils résident et, entre autres, décident de ce qui est bien pour les populations sous leur tutelle. Ils agrandissent le royaume en menant des expéditions punitives ou de conquête, gouvernent, jugent et punissent sauf en ce qui concerne la peine de mort, prérogative du seul souverain.
C’est à eux que reviennent les « vodihena » (culottes entières ou la partie gauche) que tout sujet doit au monarque lorsqu’il abat un bœuf. De même, les « vodihena » des terres royales lointaines dans la périphérie de l’Imerina sont remis aux « gardiens des palais royaux » les plus proches, c’est-à-dire aux nobles de « menabe » tels, par exemple, à Ambohidrabiby, Kaloy, Antsahadinta…
À la même époque de l’extension du royaume, les rois et chefs claniques sakalava, betsileo, betsimisaraka…, nouvellement soumis, montent dans la capitale pour être testés par l’épreuve du tanguin. Cela se déroule à Ambodinandohalo pour ceux qui viennent du Sud et à Ambohitritehivonizongo pour les autres. À la suite de ce rite, ils prêtent serment d’allégeance et sacrifient des bœufs à Andranomalahelo. Ils campent ensuite à Manja jusqu’à leur retour chez eux, car ils ne peuvent pénétrer dans Ambohimanga. D’après la loi mise en vigueur par Andrianampoinimerina, en effet, aucun « vahiny » (étranger) ne peut monter dans ce berceau de la dynastie merina.
Quant à leurs peuples, c’est devant les gouverneurs qu’ils se soumettent au souverain avant de leur remettre toutes leurs armes, blanches ou à feu. Dans ce cas, ils peuvent rentrer en paix chez eux sans craindre ni pour leurs familles, ni pour eux, ni pour leurs biens.
Mais ce sont les lois sur l’armée qui sont les plus nombreuses sous le « Roi éclairé et civilisé ». La mort par le feu est prévue contre tout militaire qui tourne le dos à l’ennemi, les déserteurs sont emprisonnés, la nouvelle coiffure est imposée, les longs cheveux se réduisant à une simple mèche.
Et surtout les exercices militaires sont organisés par territoire: à Sahafa pour l’Avaradrano, à Ampanarivoana puis Andranofotsy pour le Vakinisisaony, à Imerinafovoany pour les Antehiroka et à Manjaka pour le reste du Marovatanana, à Benasandratra pour l’Ambodirano, à Ambatongiodàna pour le Vonizongo, à Iarivo pour le Vakinankaratra. Il y a également le paiement par les anciens combattants de l’équivalent du dixième (cinquième selon certains) de leurs biens aux armées royales en guise de contribution.
C’est sous Radama enfin que sont publiés les premiers textes sur la suppression de la traite d’esclaves malgaches vers l’extérieur, notamment des peuplades vaincues, l’interdiction de tuer des vaches, pour être vendues sur le marché, et des corbeaux qui peuplent la forêt d’Ambohimanga.
La suppression de la traite d’esclaves est l’objet de plusieurs textes. À commencer par celui signé le 23 octobre 1817 entre Radama et le gouverneur de Maurice, Robert Farquhar, texte renforcé par celui du 11 octobre 1820. Les deux traités visent l’expatriation d’esclaves malgaches.
Il faudra attendre 1869 pour voir l’interdiction d’importer des esclaves, en particulier des Makoa ou Masombika, à partir d’un traité contresigné par la reine Rasoherina et le représentant de l’Angleterre. Mais il est peu respecté et la reine doit publier la loi du 2 octobre 1874, renforcée trois ans plus tard par la libération de tous les Makoa se trouvant depuis dix ans dans le pays.
Une autre loi positive est édictée par Radama, celle concernant la préservation de la vie des malades atteints de la variole. Désormais, il est interdit de les enterrer vivants et la vaccination est instituée.
La plupart de ces lois, dit-on, sont prises par le souverain sur l’influence bénéfique de son conseiller et ami intime, l’Anglais James Hastie.
La Redaction
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