Notes du passé: Les clauses du traité du 17 décembre 1885
Les clauses du traité du 17 décembre 1885
07.07.2016 Notes du passé
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Dans la recherche d’une issue à la première guerre franco-merina, les Français se montrent satisfaits de la présence du général Dighby Willoughby comme chef de délégation malgache. En fait, les tractations entre le Premier ministre et l’amiral Miot sont tenues secrètes et même les autres émissaires qui sont malgaches ne sont pas autorisés à pénétrer sous la tente de négociation.
Et il semble alors logique que l’Anglais- « ami de confiance » de Rainilaiarivony et de Ranavalona III et « homme comme il faut » pour les Français- approuve toutes les exigences de la France.
Le traité de paix est signé le 17 décembre 1885. Il comprend 19 articles axés surtout sur les droits accordés au gouvernement français et aux Français résidant à Madagascar.
Les trois premiers articles stipulent les droits ou, plus précisément, le pouvoir de la France sur Madagascar. C’est elle qui décide des relations malgaches avec d’autres nations et pays. L’Hexagone sera représenté par un « résident » installé à Antananarivo.
Les quatre articles suivants sont consacrés aux droits des Français vivant à Madagascar. Ainsi, le gouvernement malgache n’a pas à s’impliquer dans les litiges des citoyens français qui sont soumis à la législation française. Ils ont le droit d’acheter et de louer « pour une durée illimitée » des terres et de léguer même cette location à leurs héritiers. La liberté de propager et de suivre une religion est également assurée.
Les articles 8, 9 et 10 déterminent les indemnités exigées au gouvernement malgache qui s’élèvent à 2 millions farantsa (ariary). Jusqu’au paiement total de cette somme, les Français occuperont Toamasina.
Les articles 11 et 14 ainsi que la première partie de l’article 15 fixent les quelques droits qui restent au gouvernement malgache : la France lui confie le ministère de l’Intérieur et l’invite à « bien considérer » les peuples du Nord-ouest de l’ile et à accorder l’amnistie aux Malgaches qui ont pris le parti des Français pendant le conflit de 1883-1885.
L’article 13 montre la « générosité » de la France qui n’exigera pas « une indemnité de guerre » puisque Ranavalona III « accepte toutes les conditions » du traité.
Les articles 17 et 18 renforcent « l’accord » passé.
Le traité est signé côté français par Patrimonio et Miot, et côté malgache par Willoughby. Rainilaiarivony « semble » étonné de cet accord et demande la clarification de certains articles. Clarification qui sera à indexer au traité, car la reine ne signera pas le document si cette mesure n’est pas prise. Ce qui est fait le 9 janvier 1886.
Cette demande d’explication se rapporte à la mission et au rôle exact du résident français, la location de terrain par les Français, l’utilisation de la baie d’Antomboka. Il est ainsi explicité que le résident peut intervenir dans les affaires de politique extérieure de Madagascar et tout accord avec un pays tiers doit être validé par elle. Cette disposition entrainera plus tard un autre conflit entre les deux pays à cause, semble-t-il, d’une confusion dans la traduction des termes.
Il existe aussi un « accord secret » signé par Willoughby et Miot dans lequel le gouvernement de la reine n’autorisera pas, sans l’aval des Français, un pays tiers à utiliser, même pour une durée limitée, un port ou une parcelle de terrain où stocker le charbon qu’il compte exporter.
En outre la location des terrains se fera par bail emphytéotique de 99 ans renouvelables.
Enfin, concernant la baie d’Antomboka, rebaptisé à l’occasion par Diego-Suarez, la surface « ne dépassera pas » 1,5 mile vers le Sud et « 4 miles de circonférence au Nord ».
Ces explications apportées, Ranavalona III et Rainilaiarivony signent le traité. Ce n’est qu’après que ce dernier en informe les Grands du royaume et les officiers supérieurs. Ils sont réunis le 19 janvier 1885, à Tsarahafatra. La plupart en refusent les clauses puisque « le traité retire aux Malgaches leur indépendance et leur souveraineté». Les partisans leur rétorquent « qu’il n’y a plus rien à faire ».
Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles
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