Notes du passé: Des cessions à la France pour bloquer l’expansion hova
Des cessions à la France pour bloquer l’expansion hova
02.08.2016 Notes du passé
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Arrière-petit-fils de Ravahiny, Andriantsoli règne sur le Boeny au premier quart du XIXe siècle. En mai 1824, Radama Ier, dans le dessein d’unifier l’ile, envoie le sergent Hastie pour négocier pacifiquement avec lui.
Sur le refus de ce dernier, le roi merina décide de mener l’expédition du Boeny. Après une bataille très chaude, les Sakalava sont battus. Le chef de Mahajanga, Houssein qui oppose une vive résistance, est décapité, mais Andriantsoli demeure insaisissable. Il serait resté introuvable, ne serait-ce la trahison de l’un des siens, Abdallah Radoro.
Aussitôt capturé, Andriantsoli est amené devant Radama. Celui-ci lui laisse la vie sauve et le rétablit même dans son pouvoir. Toutefois, il le place en résidence à Marovoay, Ramanetaka devenant gouverneur de Mahajanga. Mais Radama n’est pas plus tôt parvenu dans sa capitale que les Sakalava se révoltent à nouveau (début 1825). Ils écrasent sous le nombre le gouverneur et sa petite garnison qui quittent Mahajanga après avoir mis le feu à Mahabibo.
Andriantsoli lève aussitôt une troupe, mais Radama lui oppose 2 000 hommes envoyés d’Antananarivo. À la vue de ce renfort, Andriantsoli s’enfuit à Anorotsangana (juillet 1825) d’où, prévenu d’un siège hova, il prend le large pour se diriger vers les Comores. Il laisse son royaume entre les mains de sa sœur, Oantsitsy.
Trois ans plus tard, Andriantsoli revient dans le Boeny, mais c’est pour partir aussitôt vers Mombasa et Zanzibar. Il est de nouveau de retour en 1830, mais craignant d’une part, d’être chassé par Ranavalona Ire et se sentant, d’autre part, indésirable pour ses propres sujets qui appréhendent une nouvelle guerre, il se décide à quitter définitivement la Grande ile pour s’installer, en 1832, à Mayotte dont il devient plus tard le sultan. Le 25 avril 1847, il cède cette ile à la France.
Entretemps, la princesse Oantsitsy règne sur le Boeny jusqu’à sa mort, le 13 mars 1836. Lui succède Tsiomeko, seule héritière de la branche régnante et arrière-petite-nièce d’Andriantsoli, proclamée reine le 5 avril 1836 à l’âge de 8 ans.
Peu de temps après, sur son refus de livrer aux Merina certains réfugiés, un corps de 2 000 hommes vient envahir son pays et elle doit quitter son village résidentiel d’Ambataokony. En juin 1837, les Merina reviennent à l’improviste et Tsiomeko est sauvée de justesse en se réfugiant aussi à Anorotsangana. Elle doit pourtant en partir encore et, après d’autres arrêts sur la côte, notamment à Kikamba et Ambararata, la reine errante se réfugie avec un parti important de Sakalava à Nosy Komba.
Devant l’invasion merina, Tsiomeko demande aide et protection au sultan de Zanzibar, Seyid Saïd, mais n’ayant reçu qu’une satisfaction temporaire et verbale, elle se tourne vers les Français de l’ile Bourbon, gouvernée par l’amiral de Hell.
Le 14 juillet 1840, Tsiomeko et ses chefs de clans signent un acte de cession au roi des Français, Louis-Philippe, des iles Nosy Be et Nosy Komba. « Ils abandonnent à la France tous leurs droits de souveraineté sur la côte occidentale de Madagascar, depuis la baie de Paasandava jusqu’au cap Saint-Vincent. » À partir de cette date, la résidence officielle de la reine est transférée à Ampasindava, à Nosy Be, là où devra s’élever Hellville, la capitale de l’ile.
À l’arrivée de Gouhot comme premier commandant particulier de « Nosy Be et dépendances», le 7 février 1841, Tsiomeko transporte à nouveau sa résidence en bordure d’une petite baie, entre la pointe Mahatsinjo et l’anse d’Ampasimena. Gouhot manque d’habileté politique en semblant la traiter légèrement, en subalterne. En revanche, Passot qui le remplace, sait gagner la confiance de la jeune reine. Malheureusement, celle-ci meurt en couche vers la fin de juin 1843.
Parallèlement, Tsimiharo, roi des Antankarana qui s’allie à la reine Tsiomeko pour obtenir du sultan Seyid Saïd une protection efficace contre leur ennemi commun, le Merina, est contraint de se réfugier en 1840 sur Nosy Mitsio. Là, il profite du passage du capitaine Passot pour céder, sur l’exemple de Tsiomeko, ses droits sur l’Antankarana à la France.
Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles
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