Tanga, Madagascar des champs

Publié le par Alain GYRE

Tanga, Madagascar des champs

Tanga, Madagascar des champs

Tanga, Madagascar des champs Au cœur des hauts plateaux malgaches, le groupe Tanga chante la vie rurale. Des aigrettes aux longues pattes qui se posent dans les rizières à l’insécurité qui prévaut des campagnes, l’album Trésor des Ancêtres évoque cette existence que continue à mener une très grande majorité des 23 millions d’habitants que compte la Grande Île de l’océan Indien.

La terre rouge, latéritique, contraste avec cette fine couche de vert aux multiples nuances, parfois très vif lorsqu’il s’agit d’une rizière, qui recouvre le paysage accidenté, au relief presque arrondi, râpé. Bienvenue à Antsangy, où vit la famille de Tanga Andriakamelo : quelques maisons en briques traditionnelles, avec leurs colonnes qu’on dit héritées de l’architecture occidentale diffusée à Madagascar par quelques Européens avant même la période coloniale.

Pour rejoindre ce hameau des hauts plateaux situé sur la commune d’Isorana, il faut quitter Fianarantsoa, l’une des principales agglomérations de la Grande Île, et parcourir une trentaine de kilomètres sur une route sinueuse – dont le qualificatif de “nationale” est à replacer dans le contexte local.

Tandis que l’influence de la ville s’estompe au fur et à mesure que les tournants s’enchaînent, le monde rural reprend ses droits, avec son mode de vie ancestral, dicté par des préoccupations liées à l’environnement immédiat. Les Betsileos, qui peuplent la région, sont considérés comme les jardiniers de Madagascar et dispensent leur savoir-faire agricole dans tout le pays.

Tanga, une famille de paysans qui combine chant et danse

Tanga cultive le riz, le manioc, élève poules et cochons, mais il est aussi musicien. Son père jouait de l’accordéon, un instrument introduit dans l’île par les marins de passage au XIXe siècle, lui a opté pour le kabosy, une guitare rustique.

Dans les villages de la vallée de l’Isandra et même au-delà, il vient animer les fêtes de famille qui réunissent facilement des centaines d’invités. Pour ces bals paysans, il se produit en trio, avec ses deux frères Dina et Alfred. En d’autres circonstances, plus institutionnelles, le groupe se fait troupe, avec danseuses et choristes, jouant un autre répertoire.

Une renommée sur son territoire

Sa renommée est telle sur son territoire d’action que le dispensaire-hôpital lui a même commandé la chanson Sakafon-jaza, sur la nutrition infantile, pour informer la population. Radio Mampita, structure associative rurale basée à Fianarantsoa et initiée en 1997 par la coopération suisse, lui sert de caisse de résonnance. C’est d’ailleurs dans le studio sommaire de la station que Tanga avait effectué en live ses premiers enregistrements, il y a très longtemps.

Ceux qui ont été rassemblés dernièrement sur l’album Trésor des Ancêtres ont été réalisés avec une technologie multipiste, mais au plus près du quotidien : dans la pièce de la maison au-dessus de celle qui sert d’étable aux zébus, obligeant les musiciens à chasser des micros les innombrables mouches !

“Notre objectif est de faire vivre et de faire connaître l’héritage culturel betsileo : que ce soit notre art du discours, de la danse[…] et bien sûr notre célèbre musique, le horija, nous poursuivons l’œuvre de nos ancêtres tout en la faisant évoluer avec notre temps”, écrit le groupe dans le livret du CD.

Une “belle harmonie”

Maître d’œuvre du projet, le Français Boris Lelong avait déjà impliqué Tanga dans l’opération interculturelle Les paroles ont des ailes, entre les communes d’Isorana et de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Ce mélomane “qui essaie de comprendre comment marchent d’autres sociétés” et a multiplié les rencontres avec les communautés paysannes en Afrique ou en Asie a été séduit, il y a une dizaine d’années, par la “belle harmonie” qu’il a trouvée dans l’existence au quotidien de Tanga et des siens.

Grâce à cet album, la musique du groupe pourra désormais s’échanger sur les marchés selon le format de l’époque actuelle : en fichiers numériques transférés sur une carte SD insérée ensuite dans les radios-cartes. Avec ces appareils portatifs qui ont remplacé les radios-cassettes et qu’ils amènent partout avec eux, jeunes ou moins jeunes pourront surveiller les bêtes ou récolter le riz tout en écoutant les chansons phares de Tanga comme Tsara Mandry en MP3 !

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