Notes du passé: Le sens de la Foire internationale de Toamasina

Publié le par Alain GYRE

Le sens de la Foire internationale de Toamasina

14.11.2016 Notes du passé

 

Madagascar indépendant décide d’organiser sa Foire internationale, celle de Toamasina, en 1963. Les initiateurs en donnent sa signification et présentent différents arguments pour l’expliquer. La donnée essentielle du problème économique de la Grande ile qu’il « ne faut pas perdre de vue», est que l’explosion démographique appelle, « de façon la plus impérative », un développement accéléré du revenu national.

Cet objectif est, par nécessité, celui qui se situe au premier rang des préoccupations

gouvernementales. De plus, il ne fait, aucun doute que si la méthode que le gouvernement compte employer pour l’atteindre, s’avère inefficace, il n’aura d’autre alternative que d’en essayer d’autres. La méthode qui est retenue à l’occasion de la Foire internationale de Toamasina, est celle d’une collaboration très étroite et très active des secteurs public et privé, orientée de telle sorte que chacun puisse y trouver la garantie de ses intérêts légitimes. Cette méthode est celle que « de tout temps, on a, d’un côté comme de l’autre, souhaité appliquer et le moment est maintenant venu d’en démontrer la pertinence et l’efficacité » (un chroniqueur anonyme).

Son application à l’occasion de la Foire internationale de Toamasina réclamera, aussi bien des agents du secteur public que des représentants du secteur privé, un travail

supplémentaire considérable. Mais l’évènement exigera surtout de leur part, un effort de compréhension et d’adaptation qui pourra être pénible. « Néanmoins, comme de toutes façons, il faudra bien que cet effort soit fait et qu’il le soit très vite, autant s’y astreindre. » Le « moment voulu » est celui où, techniquement et psychologiquement, les meilleures conditions se trouvent « exceptionnellement » réunies pour qu’il porte des fruits.

Ainsi, la Foire de Toamasina est une opportunité d’un appel aux investissements privés. Le redressement de la balance commerciale est l’une des conditions essentielles de la conquête de l’indépendance économique, « dont le gouvernement malgache fait l’un de ses objectifs principaux ». Ce redressement est, en grande partie, conditionné par des investissements monétaires. « Le montant de ceux-ci, pour être significatif, est tel qu’il dépasse de beaucoup la totalité des moyens publics et privés dont peut disposer la République. Un apport en capitaux d’origine extérieur est donc indispensable.»

En parallèle, les investissements provenant de l’aide étrangère, sont plutôt en voie de stabilisation que d’augmentation rapide. Il est douteux qu’ils puissent jamais atteindre, dans un laps de temps raisonnable, le quantum indispensable à un redressement de la balance commerciale et, a fortiori, à une élévation généralisée du niveau de vie d’une population à démographie galopante. Enfin, leurs points d’impact font que ces investissements sont généralement à rentabilité différée et qu’ils influent beaucoup plus, dans le présent, sur la balance des comptes que sur la balance  commerciale. «L’appel aux capitaux privés parait donc inéluctable.»

Or, ces capitaux ne s’investiront à Madagascar que dans la mesure où ils y trouveront les garanties de sécurité et de rentabilité indispensable. Ces nécessités sont d’ailleurs ressenties par le gouvernement qui s’efforce constamment d’y satisfaire, tant pour ses déclarations que par ses actes, par exemple avec le code des investissements.

Néanmoins, la conjoncture mondiale « post-impérialiste » n’est pas favorable aux investissements privés dans les pays sous-développés. Car les investissements trouvent dans leurs pays d’origine ou dans les autres pays industrialisés des rentabilités souvent très supérieures à celles offertes outre-mer et qui, plus est, ne sont assorties d’aucune exigence et ne comportent aucun risque politique.

Toutefois, les pays sous-développés, Madagascar en particulier, disposent de quelques atouts. « La personnalité du président Tsiranana, la pondération du gouvernement et des assemblées malgaches, le calme des populations et leur aptitude à s’assimiler rapidement des techniques nouvelles, sont autant d’éléments connus en Europe, et qui jouent en faveur de la Grande ile.»

D’une façon plus générale, l’adhésion quasi unanime donnée par les pouvoirs publics des pays occidentaux à un soutien des jeunes économistes d’outre-mer, les mesures déjà prises tant sur le plan des garanties contre les « risques politiques » que sur l’action des entreprises engagées qui souhaitent très naturellement être rapidement épaulées par des investissements nouveaux, et enfin le mouvement général des idées qui déborde largement le cadre des préoccupations étroitement mercantiles et pénètre tous les milieux, tout cela joue en faveur des pays sous-développés.

Dans ces conditions, il semble « qu’une action constructive, techniquement et psychologiquement bien préparée, puisse être utilement tentée à l’occasion de la Foire internationale de Toa­masina, pour orienter les capitaux internationaux vers Madagascar et les amener à s’y investir ».

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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