Les Malgaches, de grands amateurs de danses

Publié le par Alain GYRE

29.12.2016 Notes du passé

Les auteurs anciens, les navigateurs ou voyageurs, aiment dans leurs ouvrages peindre des tableaux, parfois fort pittoresques, sur les mœurs de Madagascar. Les scènes de danses ou de réjouissances sont fréquemment reproduites par le burin des graveurs. Un certain G.M.A.W.L. dans l’ « Histoire de la navigation aux Indes orientales par les Hollandais et des choses à eux advenues », rapporte un épisode de voyage des Hollandais. Il montre la réception faite en 1595 aux navigateurs qui viennent de jeter l’ancre dans la baie de Morombe, dans le Sud-ouest de la Grande ile.

Ils sont accueillis par une vingtaine de « naturels », « faisant sauts forts rares avec grand bruit, regimbant comme les chevaux. Les femmes leur servent de ménestriers, frappent avec les mains et chantent, reprenant le ton et marchant doucement ». D’après Raymond Decary, cette description ne manque pas d’exactitude malgré sa brièveté.

En effet, ce genre de danses consiste en mouvements violents des hommes. Mouvements scandés par les battements de mains et les mélopées d’un groupe de femmes. Il est encore en usage dans toute la partie méridionale de l’ile.

Un demi-siècle plus tard, le chevalier Etienne de Flacourt donne une image « véritablement idyllique » des fêtes auxquelles se livrent les habitants de Madagascar. Des hommes dansent en frappant sur des tambours, des jeunes femmes aux jupes flottantes se tenant en guirlande par la main, esquissent des farandoles. D’autres font des rondes pendant que des mères, assises ou allongées « aimablement » sur le sol, montrent du doigt les groupes joyeux à leurs enfants…

« Ils dansent en Carcanossi (Anosy) en tournoyant et marchant les uns après les autres, soit au son de tambours, soit aux rythmes des chansons, en répondant tous à deux ou quatre qui commencent la chanson. Et les hommes qui sont les danseurs font mille postures de ballet qui incitent à rire un chacun, le tout en observant la cadence de la chanson. En d’autres endroits, ils tiennent un bâton à la main et se manient d’assez bonne grâce.»

Raymond Decary cite une autre région, le Betsimisaraka où, à une époque moins lointaine, les danses d’un autre genre accueillent le voyageur étranger. Leguevel de Lacombe qui effectue quatre voyages dans l’ile entre 1823 et 1831, décrit la réception qui lui est réservée à Andevoranto.

Plusieurs files de femmes sont rangées devant de longs et gros bambous que deux d’entre elles tiennent à hauteur de l’estomac et sur lesquels elles frappent en cadence à l’aide de baguettes. Au son de ce rythme primitif, deux autres femmes exécutent des danses variées que les assistantes accompagnent de leurs chants. Le Blanc, en l’honneur duquel sont organisées ces réjouissances, contemple la scène à l’ombre d’un haut parasol.

Selon Raymond Decary, au XXe siècle, les bambous sont très fréquemment utilisés sur la côte orientale comme instruments de musique. Cependant, en général ils ne sont plus tenus à la main, mais reposent par leurs extrémités sur des fourches ou des chevalets piqués en terre.

Par ailleurs, outre les jeux et les danses, les occupations plus nécessaires à la vie, les scènes d’ethnologie culturelles, tentent également à maintes reprises les illustrateurs de livres anciens.

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles

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Publié dans Histoire, Notes du passé, Danse

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