Madagascar: enfants mendiants et poètes des rues
Madagascar: enfants mendiants et poètes des rues
Une rue d'Antananarivo, Madagascar (photo d'illustration).
© RFI/G.Thibault
Par RFI Publié le 26-12-2016
Avec l'augmentation des mendiants, les tononkalo sont aussi plus nombreux, surtout en périodes de fêtes. Le tononkalo, c'est le poème en malgache. Il est généralement pratiqué par les enfants et adolescents mendiants aux arrêts de bus ou dans les embouteillages. Des poèmes qui parlent de politique mais surtout de la vie, une vie souvent difficile mais racontée avec la musique des rimes et de la mesure. La musicalité du poème rappelle le rythme du tam-tam et invite à la danse.
Dans son tononkalo, poème en malgache, Tojo, 15 ans, devient la voix du peuple. Le jeune homme demande aux autorités d'arrêter de persécuter sans pitié les marchands de rue. Il dénonce également le délogement des sans-abris pendant la Francophonie. Embarqués dans des camions benne à ordures, ils avaient été placés dans des centres d'accueil.
Tojo ne va pas à l'école. Dans ses vêtements sales et usés, il pratique le tononkalo aux arrêts de taxis-be. « Certaines personnes m'insultent, d'autres me donnent de l'argent. Parfois je gagne 500 ariary, parfois 3000 ariary dans la journée. Tous les dimanches je rentre à la maison, je travaille mon tononkalo, allongé, je fais aller mes pensées. Et après je prends mon stylo et je commence à écrire. »
A côté de Tojo, son ami et concurrent, Sitraka Israël. A 14 ans, il est à la fois mendiant et poète de rue. « J'ai commencé le tononkalo lorsque ma mère était encore là, aujourd'hui elle est en prison, on a l'a accusé de vol. Je vis avec mon beau-père. Mon père biologique est mort. »
Ancien fumeur de joints, dans ses poèmes, Sitraka Israël part en croisade contre la drogue et surtout l'alcool qui, déclame-t-il, rend le visage bouffi comme dans un dessin animé, et vide les poches au point qu'on n'a plus rien pour s'acheter à manger.
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