Notes du passé: Une industrie minière dépendante de l’extérieur
Une industrie minière dépendante de l’extérieur
27.12.2016 Notes du passé
Bien que possédant des ressources minières notables, Madagascar est loin d’être un pays à économie minière prépondérante. De tout temps, son économie minière voire industrielle est bâtie, conçue et même dirigée en fonction principalement de l’économie foncière. « Mal renseignée, réduite au seul rôle de fournisseur de matières premières brutes, cette économie vivotait au gré des acquéreurs extérieurs et ne présentait pas de stabilité suffisante pour permettre la réalisation d’un ensemble cohérent d’activités sûres et régulières » (Jean Albert Zafimahova et Max Ridoux, Bulletin de Madagascar, décembre 1961).
Aussi bien leurs valeurs réelles que l’identité de leurs acheteurs et leurs destinations finales sont peu connues. Cela compte parmi les causes qui font que les prospecteurs et les exploitants miniers ne s’intéressent généralement qu’aux matières dont la valeur à l’unité de poids est assez élevée pour leur assurer un gain appréciable après un exceptionnel « coup heureux ».
De leur côté, les gros exploitants miniers pour qui des débouchés stables ne sont pas garantis, sans doute également intéressés par la conception de gain immédiat et vite découragés par les aléas du secteur, ne réalisent ni un planning rationnel de production, ni une politique adéquate de stockage. Hormis les producteurs de mica, ils adoptent aussi une « politique individualiste par laquelle le prochain ignore le voisin et les soi-disant secrets sont jalousement gardés ; une telle attitude n’a fait que des acheteurs qui pouvaient très facilement faire jouer une vive concurrence entre les exploitants locaux et faire peser sur eux la menace de la concurrence mondiale ».
Enfin, aucune vue sérieuse sur la vulgarisation des produits miniers n’existe afin, notamment, de chercher l’incorporation optimale de la main-d’œuvre.
Avec la mise en place de la loi-cadre, les autorités s’intéressent davantage à l’activité minière. C’est ainsi que l’application stricte de la réglementation, l’amélioration et l’intensification de la production existante sont préconisées. « Ces mesures visaient principalement à une prise de conscience par les prospecteurs et les exploitants miniers de l’importance et de la nature réelle de l’activité minière. » Chaque titre minier doit, de ce fait, être travaillé, les productions individuelles sont à regrouper pour être normalisées et « rationnellement » intensifiées.
En même temps, les dossiers des gisements connus, tels que le charbon de la Sakoa, les schistes bitumeux de Sambaina, les lignites d’Antanifotsy et le nickel de Vatozoro sont rouverts à l’occasion de visites de techniciens étrangers. « En un mot, les études faites péchaient par l’optique ancienne ; certains résultats étaient faussés par l’ancienne vision des problèmes qui ne s’adaptent plus à l’état actuel des choses. »
Néanmoins, cette politique minière ne résout toujours pas la difficulté d’informations techniques qui manquent aux autorités. En 1958, le rapport de la production minière au revenu national reste inférieur à 1% ; la production par habitant est de 0,65 US dollar soit 5,76 US dollars par km². État de chose qui s‘explique surtout par le fait que ne sont exploitées que les substances à forte valeur unitaire, dont les producteurs n’ont cependant qu’une faible influence dans la production minière mondiale.
Aux produits connus et traditionnels tels que l’or (en plein déclin depuis de nombreuses années), le graphite et le mica, s’ajoutent après la Deuxième guerre mondiale des produits nouveaux, notamment le béryl industriel (de 27 tonnes en 1947 à 635 000 tonnes en 1960), le quartz piézo-électrique (de 3,5 tonnes en 1949, 18,8 tonnes en 1954, puis 3,9 tonnes en 1960).
L’uranothorianite est découverte en 1953 et son exploitation évolue rapidement. En 1960, elle occupe un des tout premiers rangs dans l’échelle des valeurs des productions et
exploitations minières malgaches. La monazite, dont d’importants gisements (sables noirs des plages) sont constatés en 1954, fait l’objet d’essais d’exploitation industrielle. Mais l’étroitesse des débouchés (en 1960) ne permet d’envisager, du moins l’immédiat, l’extension rapide de cette exploitation. Trois produits (uranothorianite, graphite et mica) totalisent en valeur 90% des exportations minières (environ 30% chacun). Le béryl industriel occupe la première place parmi les autres minéraux exportés.
Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles
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