Notes du passé:Une manière aisée de publier un livre

Publié le par Alain GYRE

Une manière aisée de publier un livre

24.12.2016 Notes du passé

 

« Il n’est pas absolument besoin d’être venu à Madagascar pour publier une description d’aspect scientifique. » Effectivement en 1881, il existe déjà assez de publications sur des sujets les plus divers écrites par ceux qui sont venus dans la Grande île, « pour pouvoir y puiser des détails dispersés et les rassembler en un tableau plus ou moins cohérent ».

En 1888, H. Schanckenberg soutient une « dissertation » devant la Faculté de philosophie de l’Université de Strasbourg, intitulée « Contribution à l’ethnographie de Madagascar, avec une attention particulière aux Vazimba ». Ce mémoire illustre bien l’affirmation dite plus haut, car c’est un simple travail de bibliothèque, plein de références à Flacourt, Drury, Grandidier, Rutenberg, Hildebrand, Audebert…

Un autre exemple est la description scientifique de Madagascar qui est plus extraordinaire puisqu’elle émane d’un savant étroitement spécialisé dans les papillons, un « lépidoptérologue ». Et qui plus est, « c’est un amateur devenu savant en y consacrant sa retraite d’officier prussien. Pourtant, on disait des Prussiens qu’ils n’étaient bons qu’à faire la guerre ».

C’est l’introduction d’un grand ouvrage écrite en 1881, « Lépidoptères de Madagascar » qui est encore considéré dans les années 1970 comme une œuvre standard et dont même les planches d’illustration en lithographie de couleur « n’auraient pas pu être mieux faites et plus correctement aujourd’hui ».

L’auteur de cette « œuvre » est M. Saalmüller, lieutenant-colonel royal hors service. Comme la deuxième partie de l’ouvrage ne paraît qu’en 1891, c’est-à-dire bien après sa mort  en 1832, c’est un collaborateur, également ancien militaire, le commandant L. von Heyden qui le termine.

Le livre entier est publié par la Société Senckenberg pour les Recherches sur la nature. C’est une fondation dans l’ancienne ville libre de Francfort-sur-Mein, qui a été fondée en 1783. À l’origine, elle est privée. Elle dispose de collections importantes et de renommée mondiale. « Réunies dans un musée, elles font de celui-ci le meilleur de tous les musées de science naturelle, de l’Allemagne fédérale. »

Et c’est principalement avec la collection des papillons de Madagascar de cette institution que ce grand catalogue peut être établi par Saalmüller. Papillons collectés dans la Grande ile par deux « correspondants dévoués » de la Société. Il s’agit de Carl Ebenau de Francfort et Anton Stumpf de la ville d’eaux de Hambourg.

Tous deux sont agents de la maison commerciale Oswald, très connue des Malgaches. En outre, le premier est consul temporaire d’Allemagne résidant à Toamasina. C’est pourquoi les collectes se font surtout à Toamasina et à Nosy Be.

D’autres musées prêtent aussi leur matériel. Celui de Lübeck, par exemple, propose les recherches réalisées par un autre agent commercial de Nosy Be, Carl Reuter. Et le Musée royal de Berlin lui présente le résultat de travaux constitués et envoyés par Hildebrandt. « Ceci seulement pour nommer les Allemands qui y ont contribué. Mais la collaboration avec des musées et collectionneurs français et anglais était aussi intense par des échanges, des prêts de matériel et des examens attentifs. »

En tout cas l’introduction laisse présager de l’intérêt qu’elle suscitera car elle témoigne d’une « connaissance étonnante pour l’époque » en ce qui concerne tous les aspects scientifiques de Madagascar.

Ainsi, Smaalmüller se base sur des renseignements multiples, glanés non seulement dans de précédents ouvrages, mais aussi directement fournis par de nombreux  spécialistes, d’ailleurs cités nommément. « De cette façon, il avait su présenter un tableau d’ensemble des faits scientifiques connus à l’époque, de Madagascar. »

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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