Rootsikalo : Reggae vita gasy

Publié le 15 décembre 2016 par Alain GYRE

Rootsikalo : Reggae vita gasy

13 décembre 2016

Faire du reggae mercantile, comme d’autres font du punk mercantile, Rootsikalo ne mange pas de ce pain-là ! Le quatuor opte pour une musique sans artifices où les textes sont réfléchis et reflètent les réalités sociales. La vraie liberté quoi !

La particularité de Rootsikalo est sans aucun doute la voix de Todisoa alias Dreg Gaigka qui nous rappelle celle du grand Bob. Une voix chaloupée, un peu rauque qui donne cette sensation d’être bercée d’où ce nom de Rootsikalo composé de rotsy (bercer) et de kalo (mélodie). Il suffit d’écouter « Rafotsy be » (La vieille dame), « Zanahary » (Le Créateur) ou encore « Ngahy politisianina » (M. le politicien) pour s’en pénétrer. Ces morceaux sont tirés de leur premier album Dingana Voalohany (Premiers pas) sorti en 2006. Un premier pas bien marqué pour ce groupe formé en 2004 à Ambodin’Isotry, un quartier populaire de Tana.

Après plusieurs représentations sur les scènes locales, malheureusement underground, Rootsikalo s’envole pour Sainte-Rose à La Réunion en 2013 pour participer à l’Uprising Roots Reggae Festival où le groupe a pu rencontrer les grands noms du reggae, notamment le jamaïcain Johnny Clarke. « C’était un festival incroyable. En fait, nous avons été contactés par Pana Reeve, le compositeur et manager du groupe Dynatsie Mozika en 2011. Il nous a intégré dans un collectif Malagas’Tafaray qui nous a permis de participer à ce festival », explique Dreg Gaigka, le chanteur. De cette rencontre, Rootsikalo a su tirer des opportunités qui leur ont permis de se professionnaliser et de se faire connaître du grand public.

Ne voulant pas être un pur produit commercial, Rootsikalo décide de se produire en live afin de créer leur propre mélodie. « Dans le reggae, on se base plutôt sur le sound system, c’est-à-dire que les chanteurs posent sur des instrumentaux créés par un DJ, chose que nous faisions à nos débuts, faute de moyens. Aujourd’hui, nous sommes un vrai groupe composé de musiciens et de chanteurs. » Sur scène, le groupe privilégie le style acoustique où la voix de Dreg Gaigka se pose parfaitement sur les riffs et les skanks de Tony, excellent percussionniste également. Chaque membre alterne instrument sur instrument comme Tsiry, bassiste se retrouvant parfois au saxophone ou à la guitare, ou Jahzah qui est guitariste et chanteur.

Cette formation très homogène entend véhiculer une autre image du reggae. Politique, social, environnement, amour… tous les thèmes sont abordés. Pour eux, il ne suffit pas reprendre les chansons de Bob Marley, de porter des dreadlocks ou d’être accro à la fumette pour être un vrai chanteur de reggae. « Nous sommes tous les quatre habillés différemment mais notre point fort, c’est cette envie de vouloir partager des chansons porteuses de messages pour éduquer et changer les mentalités. Nos textes sont le fruit de nos recherches, de ce que nous observons dans la société. Nous ne sommes pas là pour épater la galerie et faire des successions de rimes parce que ça sonne bien ! »

Pour autant, faire du reggae typiquement jamaïcain ne fait pas non plus partie de leur crédo. Rootsikalo trouve l’inspiration en puisant dans les sonorités folk et blues pour imposer son propre style. Le groupe à l’intention de sortir un album acoustique vers la fin de l’année. « Depuis toujours, nous sommes dans l’autoproduction. Les producteurs mercantiles imposent leur médiocrité mercantile et dénaturent les artistes. Nous ne voulons pas entrer dans ce système. » En toute liberté quoi !

Contact

Rootsikalo : 033 21 301 72

AinaZoRaberanto

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