Conte: La foudre et les flammes

Publié le par Alain GYRE

 

La foudre et les flammes

Autrefois, dit-on, les flammes se rencontraient naturellement partout. Le soleil les avait envoyées sur la terre pour la protéger. Elles étaient comme les soldats du soleil. Rien ici-bas ne pouvait leur résister. Aussi étaient-elles très fières de leur puissance et très cruelles.

Au-dessus de la terre, la foudre régnait en maîtresse souveraine. En été, chaque après-midi, elle tonnait avec fracas. Les flammes étaient toutes surprises de ce grand bruit qu’elles entendaient dans le ciel :

  • Qu’est-ce que cela ? demandaient-elles. Ce qui se fait entendre avec une telle intensité doit être une chose bien forte et bien puissante. Mais nous allons quand même lui envoyer des ambassadeurs pour lui déclarer la guerre.

L’ambassade fut envoyée. La foudre, qui était très fière, se mit en colère et répondit :

  • Jusqu’ici, je n’avais jamais encore provoqué personne et je n’avais jamais fait de mal. Je faisais pour moi seule mes éclairs et non tonnerre. Mais puisque vous venez me provoquer jusque dans les airs qui sont mon domaine, je relève votre défi. Nous nous ferons la guerre et ce sera terrible.

On fixa le jour où devait avoir lieu la rencontre, on en fixa aussi l’endroit. C’était un grand plateau dénudé situé au sommet d’une montagne. Au jour convenu les flammes s’y réunirent et s’élevèrent avec la plus grande violence. Elles répandaient des torrents d’une fumée très noire et très épaisse. Elles criaient, sifflaient, se tordaient et, de temps en temps, s’élevaient très haut avec de grands jets.

La foudre, de son côté, faisait tous ses efforts. Quoiqu’il fît encore grand jour, ses éclairs éblouissaient. On les voyait jaillir bleus, rouges, verts, violets, de toutes les couleurs. Et le tonnerre grondait avec un bruit épouvantable.

Trois fois elle tomba sur les flammes. Elle les dispersait un peu sans réussir à les éteindre. Il semblait, au contraire, que celles-ci prenaient à son contact une vigueur nouvelle et s’élançaient à l’assaut plus ardentes que jamais. A mla fin les deux adversaires, fatigués , voulurent une trêve. Ils se retirèrent chez eux pour y panser leurs blessures et réparer leurs pertes.

Quelques jours après, la guerre recommença aussi terrible que la première fois. Les flammes furent décimées, la foudre fut mise en piteux état, mais il n’y eut encore ni vainqueur ni vaincu.

La foudre était très en colère. Comment pourrait-elle faire pour triompher de ses ennemies ? Elle songea alors à ses vieux amis les nuages. Elle les réunit et leur fit un long discours afin d’implorer leur assistance. Ils promirent leur aide. La foudre déclara alors à son tour la guerre aux flammes et désigna comme terrain de combat le plateau où avaient eu lieu les deux premiers rencontres.

Au jour fixé, on vit s’avancer des quatre coins du ciel de gros nuages noirs. La foudre se cachait derrière eux et, de temps en temps, grondait avec un bruit sourd. Les flammes furent d’abord épouvantées de leur aspect étrange. Mais, comme elles étaient courageuses, elles engagèrent résolument le combat. Elles se groupèrent toutes ensemble, formant un tas énorme. Les plus hardies montaient sur les autres afin de s’élever plus haut.

Mais la foudre se contentait de lancer des éclairs derrière les nuages, sans beaucoup se montrer. Lorsque ceux-ci arrivèrent juste au-dessus des flammes, ils laissèrent tomber sur elles toute l’eau qu’ils contenaient.

Ce fut alors un sauve-qui-peut général. Le roi se sauva le premier, donnant le signal de la débandade. Il fut suivi par un grand nombre de chefs. Tous se réfugièrent dans l’intérieur des montagnes. Ils en sortirent quelquefois par des ouvertures qu’ils creusèrent au sommet de certaines d’entre elles.

Et c’est là l’origine des volcans.

Les simples soldats se cachèrent dans un grand nombre de corps tels que le bois, le fer, les pierres dures. C’est pour cela que l’on peut se procurer du feu en frottant l’un contre l’autre des morceaux de bois sec. C’est encore pour cela que des étincelles jaillissent lorsqu’on frappe d’un coup sec une pierre tranchante avec un morceau d’acier.

 

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