Notes du passé: Un problème se pose sur les Douze Collines Sacrées
Un problème se pose sur les Douze Collines Sacrées
17.03.2017 Notes du passé
L’expression colline sacrée de l’Imerina semble parfois fasciner ceux qui s’intéressent à Madagascar. Il convient cependant d’expliciter ce vocable rendu confus… » C’est ainsi que s’exprime Bruno Razafindrakoto-Hasina dans ses « Notes sur les collines sacrées de l’Imerina ». Il ajoute : « Sans aucun doute, le passage d’une colline quelconque à l’état de colline sacrée relève de décisions royales. » Il se réfère alors aux « Tantara » version 1953 (Tome I) pour énumérer les critères du sacré.
Concernant les « Collines des Douze qui ont régné », il indique que c’est Ralambo qui, le premier, invoque les ancêtres royaux et les montagnes où ils règnent et sont enterrés. Bruno Razafindrakoto-Hasina s’interroge sur son but profond : « naissance du culte des ancêtres ou besoin de légitimer son accession au trône, ou encore invocation pour quelque autre raison plus obscure ». En tout cas, tous ses successeurs adoptent la formule, mais c’est à partir d’Andrianampoinimerina que l’invocation des Douze collines et des Douze qui ont régné, est codifiée.
« Je me souviens de mes ancêtres, car c’est moi qui suis le maitre sur l’étendue de la terre et sur l’étendue du ciel. Et mes ancêtres, je m’en souviens : ainsi pour Ampandrana, c’est Rafandrana… ; pour Merimanjaka, c’est Rafohy et Rangita qui sont là ; pour Alasora, là est Andriamanelo; pour Ambohidrabiby, là est Ralambo ; pour Antananarivo, là est Andrianjaka et Andriantsitakatrandriana et Andriamasinavalona le grand- et Andriamasinavalona son fils- qui a ramassé en un ce cœur de l’Imerina que voici ; pour Ambohimanga, là est Andriambelomasina. Alors moi, je suis le successeur de tous ceux-là, c’est moi qui hérite maintenant, mis à la place d’eux, les Douze qui ont régné… »
Il est aussi question des « Collines des ancêtres royaux parents ». « … Et les cases-saintes où sont enterrés les ancêtres royaux… ». Nous pouvons lire dans les I que sont arrangées et élevées au rang des Collines sacrées BBO. Puis citant à nouveau Andrianampoinimerina, d’après les « Tantara » de 1953, il écrit : « Moi, je me souviens des ancêtres : Ramorabe à Ambohidratrimo, Andrianjafy à Ilafy, Andrianambolanambo à Namehana. ».
L’auteur évoque encore les « Tantara » quand il met à part le cas d’Ambohidrontsy ou Ambohihontsy : « Celle-là fut sanctifiée par Andrianampoinimerina, car c’est la terre où était né Andriambelomasina, son grand-père, car là (rova) sont enterrés le placenta et les membranes de tout descendant de Rangorimena, présumée sœur d’Andriatsimitoviaminandriana, roi d’Ambohimanga. »
Concernant les « Collines des ancêtres royaux amis» sont soulignées : « Ambohiniary à Itasy, là est Andriambahoaka, roi d’Imamo; Ambohitrondrana dans l’Imamo, là est Andriamary ou Andriamasy, roi d’Imamo.»
Cinquième groupe de collines sacrées, les « Résidences de personnages importants » : Kaloy où demeure Ralainanahary, fils qu’Andrianampoinimerina et de Rabodo, « vaditsindranony » d’Ambohimalaza, mais surtout c’est là qu’habitent puis sont enterrés les parents du grand roi. Amboatany, fief d’Andriamaheritsialaintany, chef militaire, mais qui n’est sacrée que de son vivant. Imerimandroso, un palier de l’Ouest gardé par Andrianamboamanjaka, frère du seigneur d’Amboatany (sa sacralité est créée par Andrianampoinimerina).
Quant aux « Collines des Douze femmes royales», un problème se pose, précise Bruno Razafindrakoto-Hasina, car certaines où demeurent pourtant des épouses du roi ne sont pas élevées à ce rang de collines sacrées, comme semblent le laisser entendre les « Tantara ». Il parle ainsi d’Ambohitrasina où est Rabodonimerina, d’Ambohitrimanjaka où réside Ramisavola, d’Ambohipoloalina où est Ramiangaly, de Tsiafahy où est Rasamoma.
En revanche, celles qui suivent sont au nombre des « Douze Collines sacrées » : Ambohijoky où est Rabodonizimirahalahy, Fenoarivo où est Ravaonimerina, Ambohidrabiby où est Rasendrasoa, Alasora d’où vient Ramanantenasoa exilée à Kaloy, Ambohidratrimo où est Rambolamasoandro. D’après l’historien Andriamorasata (1967), trois femmes auraient résidé à Fenoarivo, Ravaonimerina déjà citée, Ravalomisa et Razafitrimo. Et la douzième femme, Rabodozafimanjaka n’est associée à aucune colline même pas à Antsahadinta. Selon Bruno Razafindrakoto-Hasina, l’explication à donner sur cet état de choses serait dans l’importance du rôle que jouent ces femmes qui sont toutes des épouses royales pour des raisons d’État. Ainsi de Rambolamasoandro, héritière d’Ambohidratrimo qu’elle va léguer à un fils d’Andrianampoinimerina, Radama Ier. Dans une prochaine Note nous parlerons de la liste arrêtée par Andrianampoinimerina.
Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles
http://www.lexpressmada.com/