Événement – Le Nouvel An malgache reste une fête intime
Événement – Le Nouvel An malgache reste une fête intime
01.04.2017
La nouvelle année malgache est entourée de nombreux symboles gravitant autour de la fraternité, de la pureté du corps et de l’esprit. Aujourd’hui, peu de Malgaches la célèbrent contrairement à un petit groupe de passionnés qui rêvent de la remettre au goût du jour.
Les festivités se sont déroulées les 27 et 28 mars, réveillon et premier jour de l’année traditionnelle malgache pour certaines dynasties, organisées par les natifs d’Ambohidrabiby du « Trano koltoraly malagasy ». Du côté d’Ambohidrabiby, la célébration s’est faite dans la liesse. Une fête très spéciale où l’animation et l’allégresse se sont prolongées très tard dans la nuit, le 27 mars. Et le Nouvel An, tous se sont réunis autour du «vary amin-dronono tondrahina tantely », une tradition unique qui ne s’oublie pas durant la cérémonie, où le riz s’accompagne de lait et de miel.
« Zara hasina », le partage de la gerbe de riz.
Les deux jours de fête ont été rythmés par des danses, au son de musiques et de hira gasy, avec divers jeux, la retraite aux lampions, le grand kabary et de la viande de zébus à profusion. Comme chaque année, l’avènement de la nouvelle année doit se traduire par un pardon généralisé au sein du ménage, de la grande famille, de la communauté, voire entre dirigeants et population. « Le Nouvel An malgache est un rituel de pardon, de partage et de vœux de prospérité. C’est une occasion de réconciliation et de salutation entre les générations. Il existe de nombreux symboles tels le « Afo tsy maty » ou le feu qui ne peut s’éteindre et qui chasse les ténèbres, l’eau qui purifie et réconcilie, le riz et le miel qui amènent vie et prospérité… », explique Nivo Andiambololona, président de l’association des descendants d’Ambohidrabiby.
Durant le «Andro tsy maty», le dernier jour de l’année, sur le Kianja, la grande place, un grand feu appelé «Afo tsy maty» est allumé.
Occulté
Cependant, avec la pénétration du christianisme, la cérémonie traditionnelle est tombée dans la désuétude, sans pour autant disparaître complètement. Certaines familles de la noblesse continuent de la pratiquer. Durant les dernières décennies, des ministres et quelques notables ont essayé de promouvoir le retour officiel de cette fête, mais ils ne sont pas arrivés à l’imposer. L’historien Hery Rason veut néanmoins croire que les Malgaches s’approprieront ces rites à nouveau, sur les Hautes Terres, mais aussi dans le reste du pays « On nous a imposé toutes les fêtes occidentales ou chrétiennes. Rien de mal à les célébrer. Alors pourquoi ne pas aussi honorer les nôtres ? Les Malgaches n’en ont plus l’habitude, mais nous persistons à faire renaître cette fête et nous y arrivons petit à petit », explique-t-il. Pourtant, cette semaine, seules quelques centaines de personnes ont assisté à la cérémonie dans une ambiance bon enfant pour regarder les rituels et les coutumes, surtout sur la colline sacrée d’Ambohidrabiby.
Le 28 mars n’a pas été jour férié, aussi le Nouvel An a-t-il été presque occulté. Sans doute aussi à cause des débats sur le mois de la célébration (mars ou septembre ? ) et le qualificatif de la fête (Nouvel An malgache ou merina en Imerina ? ).
« Tatao », exactement comme au « santa-bary » ou prémices du riz, sauf que l’on soulève le riz par-dessus la tête, comme le nom du rite l’indique.
Le dernier souci de l’État
Le gouvernement n’a pas été représenté à l’évènement, même pas par le ministère de la Culture ou son représentant. Certains pensent même que le ministre est peut-être du même avis que le comité des Zana-dRanavalona qui comptent célébrer le Nouvel An en septembre. Quoiqu’il en soit, le soutien de ce département, financier ou moral, est important car il est le premier conservateur et promoteur de notre culture aux yeux de la population. La célébration est, en effet, considérée comme une source de discorde entre diverses dynasties nobiliaires du pays, notamment à Antananarivo. Après la réunion du comité présidé par le Tangalamena Patrick Zakariasy, qui s’est tenue à la Bibliothèque nationale à Anosy pour chercher une date commune de célébration du « Taombaovao malagasy », le 20 septembre a été acquis. Mais cette option n’a fait qu’empirer la situation. Le mieux sans doute, tant que les différentes dynasties ne s’entendent sur une date commune, est que personne n’utilise le terme « malgache » pour qualifier leur Nouvel An. Ceci explique sans doute l’attitude du gouvernement qui préfère s’abstenir de prendre parti.
Ce 27 mars, avec leurs lampions (arendrina),les enfants courent à travers le villagepour chasser les mauvais esprits.
Les élèves du lycée Peter Pan ont participé aux festivités.
Textes et photos : Sitraka Rakotobe
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