Notes du passé: Engagement de tous envers Ranavalona Ire

Publié le par Alain GYRE

Engagement de tous envers Ranavalona Ire

27.04.2017 Notes du passé

 

Avant la naissance de sa fille Raketaka, c’est à son neveu Rakotobe que Radama Ier destine sa succession. Par la suite, il change de dispositions: il lui donnerait sa fille Raketaka en mariage pour qu’ils règnent tous deux ensemble. « Il restait entendu, cependant, que la souveraineté réelle et totale n’appartiendrait qu’à la reine. »

Le roi confie alors l’éducation de son neveu aux missionnaires dès leur arrivée, et le jeune prince en tire grand profit. Il faut dire que « Radama avait plus d’une fois répété au Rev. Jones qu’il ne fallait avoir pour lui ni indulgence ni ménagement s’il se montrait faible ou paresseux dans ses études ».

Cette rigueur jointe à ses aptitudes naturelles lui fait accomplir de rapides progrès. Et bien que très jeune, il est admis en « première division », les élèves de Jones étant répartis en cinq divisions.

D’après Simon Ayache, le chroniqueur de la Cour, Raombana, doit à cette confiance de Radama en l’éducation des missionnaires, son voyage en Angleterre et sa propre carrière. Mais à Antananarivo même, il faut beaucoup d’énergie à Radama, « et aussi à sa mère Rambolamasoandro qui intervient avec vigueur dans ce domaine » pour vaincre la méfiance générale.

« Si vous souhaitez devenir sages et heureux, disait le roi, et me plaire, envoyez vos enfants dans les écoles et laissez les apprendre, car les bons élèves appliqués et sages seront honorés par moi » (Ellis).

Mais ni la princesse Raketaka ni le prince Rakotobe ne se marieraient jamais, encore moins ne règneraient. C’est la première épouse royale Ranavalona Ire qui monte sur le trône et « nettoie » la Cour des partisans du roi, ce dernier ayant prématurément tourné le dos. Elle prononce la condamnation, entre autres, de Rakotobe et de ses parents.

Quand la nouvelle reine accède au pouvoir, nobles et simples sujets doivent prêter ser- ment au cours de deux sortes de cérémonie rituelle.

Le « milefina omby » (transpercement du bœuf) est la plus solennelle. Elle est réservée aux nobles et aux chefs de tribus.

Selon James Sibree ( Madagascar et ses habitants, 1873) « on abat un veau, puis l’on coupe la tête et la queue, dont la place respective est intervertie. Les jambes de devant sont également étendues à la place des jambes de derrière et réciproquement ». On éventre alors la bête et des lances sont enfoncées dans la chair qui palpite encore.

Les chefs et les nobles qui ont à prêter serment, tiennent des sagaies tandis qu’un des juges présents prononce le serment. La formule lance des imprécations terribles contre ceux qui se parjureraient en reconnaissant un autre souverain.

« Ceux qui tenteront pareille chose, seront tués en vertu du caractère terrible et sacré de cette cérémonie: qu’ils soient traités comme ce jeune taureau noir, abattu, gisant devant nous; et aussi ceux qui nourriraient pareil projet au fond de leur cœur. Et puisse cette malédiction retomber sur leurs enfants et sur les enfants de leurs enfants. »

L’autre rituel, le « misotro vokaka », est réservé au peuple. On apporte des pirogues pleines d’eau où l’on a jeté une pincée de terre prise dans les tombeaux des souverains de l’Imerina (vokaka). Le peuple invité à goûter de cette eau, prononce aussi une malédiction.

Ce genre de cérémonie frappe toujours de terreur le peuple et éloigne de lui toute velléité de conspiration, voire de révolte.

 

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Mission norvégienne

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