Les Grands du royaume et leurs complots ratés
Les Grands du royaume et leurs complots ratés
30.05.2017 Notes du passé
Quand Andriamihaja meurt, la reine fait appel, pour le remplacer, à deux frères de Radama, Ramarosata et Ratsimandresy. Mais comme Ranavalona Ire craint que ses beaux-frères ne fomentent une révolution de palais- parce que, dit-on, aucun d’eux ne se propose pour être son époux-, elle place à leurs côtés Ravoninahitra (Ngahivony) issu des Tsimiamboholahy qu’elle apprécie beaucoup et auquel, plus tard, elle adjoint son frère Ratsimanisa.
Durant son long règne (trente-deux ans), Ranavalona Ire a de nombreux « mpitaiza andriana » (ceux qui prennent soin des souverains), dont les commandants en chef des troupes royales qui deviennent par la suite Premiers ministres. En général, ils vont par deux et l’un d’eux s’élève de son rang en tant qu’époux de la reine, selon la règle que celle-ci a établie.
À commencer par le Tsimahafotsy Rainijohary et son frère Andrianitambola (Rainimanonga). Ce dernier fait très peu parler de lui, sauf qu’il est opéré du cancer du nez par le Dr Milher Fontarabie, venu spécialement de La Réunion, début octobre 1856, et dont la montée à Antananarivo est mise à profit par les pères jésuites Jouen et Webber qui se font passer pour ses infirmiers. Et quand Ratsimanisa décède, la reine appelle près d’elle Rainiharo, fils du Tsimiamboholahy Andriantsilavo qui a contribué à mettre Andrianampoinimerina sur le trône d’Ambohimanga et l’a soutenu dans ses guerres de pacification.
Rainijohary et Rainiharo, avant de gérer les affaires du royaume en tant que co-Premiers ministres, sont envoyés faire leurs preuves militaires en pays bara et sakalava, sans résultats probants. Aussi, Rainiharo ne s’occupe-t-il plus que des affaires de l’État où, contrairement à ce qu’avancent certains officiers, il se montre plus souple et fortement attaché au royaume que son homologue Rainijohary. Celui-ci, devenu époux de la reine, fait preuve, affirme-t-on, de despotisme et de fanatisme. Des auteurs le qualifient même de « mauvais génie de la souveraine», en se basant sur l’évènement de 1857.
Cette année-là, un complot est ourdi contre lui, sans doute par Lambert ou par les Menamaso, courtisans du prince héritier Rakoto. Mais quelqu’un dévoile tout à Rainijohary qui en profite pour compromettre tous les Européens, y compris Jean Laborde. Il les fait tous passer par l’épreuve du tanguin administré sur des poulets. Les volatiles n’y survivent pas et tous sont bannis, à l’exception du P. Webber, dont il fait ménager le poulet en reconnaissance des soins que ce prêtre-infirmier a prodigués à son frère Rainimanonja.
Plus tard, en 1861, il s’implique lui-même dans un complot. Lorsque Ranavalona Ire tourne le dos, son neveu Ramboasalama- qu’elle a destiné à sa succession avant la naissance de son fils- veut régner à la place de son cousin, le prince héritier Rakoto. Comme Ramboasalama se montre aussi fanatique que lui, Rainijohary prend parti pour lui alors que Rainiharo soutient le futur Radama II. Quand ce dernier monte sur le trône, il découvre le complot. Mais ne voulant pas souiller le début de son règne par du sang versé, il ne fait qu’exiler Rainijohary et Ramboasalama.
Sept ans plus tard, en 1868, Rainijohary se retrouve impliqué dans la préparation d’une autre révolution de palais. Celle-ci est ourdie par un groupe de conservateurs qui veulent élever au trône le prince Rasata, petit-neveu de Radama Ier, pour succéder à Rasoherina alors malade et qu’ils croyaient déjà morte.
Ils pensent aussi réinstaller dans ses fonctions de Premier ministre, Raharo ou Rainivoninahitriniony, le frère déchu de Rainilaiarivony devenu Premier ministre. Celui-ci craignant, selon certains bruits, que Rainijohary ne revienne sur la scène politique, l’exile à Tsiatosika, près de Mananjary, où dégradé et prisonnier, il finit sa carrière.
Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles
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