Le général Gallieni magnanime ( ?)

Publié le par Alain GYRE

Le général Gallieni magnanime ( ?)

21.06.2017  Notes du passé

 

Le jour du mercredi, jour faste pour les guerres, est choisi par les trois souverains du Nord-ouest  de Madagascar, Tsialana II, Tsiaraso I et Binao, pour soulever leurs peuples contre l’oppression des colons français, protégés par les autorités françaises locales. Le 26 octobre 1898, l’insurrection débute par l’attaque du poste de Marotolana dans le Haut-Sambirano.

Les insurgés de la région se dirigent sur le village d’Ambalavelona. Là ils font alors la jonction avec les troupes de Djaokely, parties au même moment d’Amboromalandy-Anaborano, dans le district d’Ambilobe. Elles razzient tous les Blancs qui se trouvent sur leur passage.

Mataopiso qui conduit les Sakalava d’Ampasimena, de son côté, remonte la presqu’île d’Anorotsangana, balayant sur son passage les colons qui s’y sont établis. Il atteint les régions d’Ankaramy, de Maromandia, d’Andranosamonta. La rébellion touche Bealanana, dans la région de l’Ankaizina. Les insurgés s’apprêtent à envahir la région de Vohémar, mais ils sont devancés par les troupes sénégalaises.

« Tout le Sambirano s’embrasait, plus particulièrement le village d’Ambalavelona, chef-lieu de poste des milices, plusieurs fois attaqué d’ailleurs. C’est pourquoi, dans leur histoire orale, les Sakalava désignent cette insurrection par ady t’Ambalavelona », la guerre d’Ambalavelona  (« Ambalavelona ou l’insurrection anticoloniale dans le Nord-ouest de Madagascar en 1898 » de Cassam Aly Ndandahizara).

Les autorités françaises de Nosy Be et d’Analalava sont convaincues que Tsiaraso, Tsialana II et Binao sont derrière le soulèvement. En particulier le roi des Sakalava de Sambirano puisque le noyau central de la rébellion se trouve dans son royaume.

Aussi Lamolle, chef de la province d’Analalava, suggère-t-il au général Joseph Simon Gallieni d’abolir les royautés du Nord-ouest. « Les Antankarana et les Sakalava n’étaient pas nécessaires à l’expansion de la colonisation de par leurs caractères fallacieux », insiste-t-il.

Il propose aussi de leur retirer leurs autorités et les remplacer par des fonctionnaires issus du peuple qui assureront leurs fonctions administratives. Proposition qui n’est pas une nouveauté puisque Gallieni l’a déjà en tête depuis son passage à Nosy Be, mais il hésite à les appliquer dans l’immédiat.

Le 23 avril 1899, le gouverneur général part en congé et c’est le général Pennequin, figure bien connue des Sakalava et des Antankarana, qui assure l’intérim. Il sait très bien que les guerriers antankarana et sakalava ont aidé les Français à conquérir l’ensemble de Madagascar, surtout contre les Merina. Il est « l’homme de la circonstance pour sauver les trois royaumes lors de son deuxième séjour à Madagascar ».

Le général Gallieni, de retour de congé, arrive à Ambato-Boeny le 21 juin 1901, accompagné du capitaine Laverdure, maître des lieux. C’est là que sont gardés de nombreux prisonniers, meneurs de l’insurrection, malgré la décision d’amnistie générale prise à Mahajanga le 3 juillet 1900. Le gouverneur général confirme cette mesure de clémence.

En effet, « pour le général Gallieni, pour gouverner et construire la colonisation de Madagascar, être avec les hypocrites n’était pas la solution idoine. Il fallait utiliser toutes les forces en présence, donc se réconcilier avec les représentants de toutes les tribus et les utiliser. Il était absolument nécessaire d’appliquer la politique des races, c’est-à-dire gouverner à travers les originaires de chaque région ».

Il commence sa nouvelle politique en rapatriant le corps de l’ancien Premier ministre Rainilaiarivony, décédé à Alger, qui arrive en septembre 1900 et est enterré le 4 octobre dans le Mausolée familial. Il poursuit en graciant Rabozaka et ses co-exilés à La Réunion qui retrouvent Madagascar, leur patrie, et la liberté.

 

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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