Mayeur à la rencontre du roi Lamboeny

Publié le par Alain GYRE

Mayeur à la rencontre du roi Lamboeny

01.06.2017 Notes du passé

 

Nicolas Mayeur est sans doute l’un des premiers Français à avoir visité Madagascar du Sud au Nord et pénétré dans le Centre de l’île. Né en 1747, il accompagne ses parents à l’Île-de-France (Maurice) en 1750, puis à Fort-Dauphin en 1762. Il se lie d’amitié avec Tianjanahary, roi de Foulpointe où il exerce le métier de traite d’esclaves venant de la côte Est africaine et des îles Comores, voire de Madagascar. Esclaves qui sont débarqués à Mahajanga et sont envoyés aux îles Bourbon et Maurice.

Il écrit des journaux de voyage, entre autres, sur l’histoire des Sakalava (avril-septembre 1774) et dans le Nord, sur les Antankarana en particulier (novembre 1774-décembre 1775). Tous ces voyages, il les a entrepris en tant que commis du baron Benyowski, commandant général, pour le compte du roi français, Louis XVI.

Ainsi sur l’ordre de Benyowski, partant de Louisbourg dans la baie d’Antongil, le 14 novembre 1774,  il s’en va « explorer le Nord de la Grande île en passant par le cap d’Ambre pour atteindre l’Ouest, plus spécialement la partie entre les caps d’Ambre et Saint-Sébastien, ainsi que les îles qui se trouvent dans le Nord-ouest (Nosy Be, Nosy Mitsio, Nosy Faly, Nosy Lava…). L’objectif est de signer des traités avec les chefs autochtones, de renouveler partout les alliances déjà faites et de mettre en place des établissements de négoce (…) »

Le 12 mai 1775, il se rend au village de Bemarivo sur la rive droite de la rivière du même nom, qui appartient à Manjakarivo, cousin germain de Lamboeny, « chef du cap d’Ambre ». « Le 13, je lui fis un petit présent qu’il agréa et il me dit qu’il se proposait de nous accompagner chez Lambouine. » Le 14, Mayeur est à Vohémar, village dominé  par une butte du même nom et au sud duquel se trouvent deux bâtiments en pierre de forme carrée.

« Ces monuments ne sont point l’ouvrage des gens du pays, aussi est-il de tradition chez eux qu’ils ont été bâtis par des Blancs qui habitèrent autrefois cette partie de l’île. Il y avait alors, selon eux, une pointe de terre qui s’étendait fort au large et formait un port très beau, très spacieux, très sûr, où les vaisseaux étaient parfaitement à l’abri; mais un fort ouragan ayant submergé la pointe, le port se trouvait détruit et bientôt comblé: une suite naturelle de ce désastre fait l’abandon de l’établissement et la retraite des Blancs. »

Parti de Vohémar le 4 juin 1775, Mayeur envoie des courriers à Lamboeny de son arrivée et de son intention de le rencontrer. Le 9, le  Mpanjaka « nous engageait à nous rendre à Rondou où nous serions à tous égards plus commodément pour attendre la fin de la lune et lui donner le temps de préparer des logements et de faire des provisions en tout genre. En outre, il nous enverrait du monde pour aider au transport de nos bagages. »

Poursuivant leur route, Mayeur, son collègue Corby qui l’a rejoint et leur escorte arrivent le 2 juillet dans un pays qui présente un autre aspect. La plaine aride, fatigante par sa monotonie, fait place à un amas de monticules. Le lendemain, ils escaladent une montagne très escarpée par des chemins très difficiles qui les conduisent dans la ville dirigée par Tsirambo de la famille de Lamboeny et située à une demi-journée de la capitale de celui-ci. Ils y attendent les nouvelles.

« On lui avait expédié depuis quelques jours deux hommes qui ne revenaient point. Ce retard extraordinaire joint à l’avis que nous reçûmes vers les 7 heures du soir, que plusieurs chefs de la province ne cessaient d’intriguer auprès de lui pour nous mettre mal dans son esprit, nous fit prendre quelques précautions pour la nuit. Ce chef tenait toujours pour nous, mais à la fin cependant, il pouvait céder aux fausses insinuations de ceux qui l’entouraient, et la prudence voulait qu’on se tint sur ses gardes. Je fis donc assembler tous mes marmites et leur distribuai des munitions. »

Le lendemain, Mayeur dépêche Tsirabe et deux hommes pour aller tâter le terrain. Il revient le 6 juin et souligne que Lamboeny attend les Français. Le 7, forts de cette information, ils partent pour Antsohihy, résidence de Lamboeny, et campent à quelques portées de fusil. « Nous en reçûmes  l’invitation de ne pas aller plus loin parce que ce jour était son mauvais jour. Le lendemain 8 juillet, vers les 10 heures, nous nous rendîmes près de lui. » Le roi accueille bien les étrangers, mais malgré ses bonnes dispositions, la journée s’annonce sous de fâcheux auspices.

 

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Royauté antakarana, Cassam Aly Ndanhizara

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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