Deux circonscriptions électorales à Madagascar

Publié le par Alain GYRE

Deux circonscriptions électorales à Madagascar

17.07.2017 Notes du passé

 

Fin 1920, le 29 décem­bre, un arrêté assure l’application dans la Grande ile du décret du 28 septembre qui réorganise le Conseil supérieur des Colonies L’article premier répartit les provinces entre les deux circonscriptions, Ouest et Est ; l’article 2 précise que le scrutin aurait lieu dans les bureaux des chefs de circonscription ; l’article 3 fixe les opérations relatives à l’établissement des listes électorales qui sont dressées selon l’article 21 par une commission présidée par le procureur général, chef du service judiciaire.

Un arrêté ministériel du 25 février 1921 fixe les élections au 24 avril pour le 1er tour et au 1er mai dans l’éventualité d’un second tour. Un autre texte du 5 avril reporte le scrutin aux 8 et 15 mai.

« Tout était prêt pour la première consultation électorale à Mada­gascar», écrit le magistrat Gontard en 1969, qui poursuit : « Le mandat de délégué ne semblait pas conférer à son titulaire des avantages tels qu’il soit susceptible d’attirer des foules de candidats. Le Conseil n’avait qu’un caractère consultatif. »

En outre, le délégué qui siège au conseil économique, est « noyé parmi les délégués des autres Colonies et les représentants nommés par le ministre sont consultés par lui quand il lui plaît, sur les questions qui lui plaisent ». En plus, l’existence en de rares intervalles de l’ancien Conseil ayant prouvé son inutilité, le nouvel organe offre les mêmes incertitudes.

Enfin, sur le plan matériel, la situation des délégués demeure aléatoire : ils ne sont pas officiellement rétribués ni indemnisés par l’État. Dans le décret du 28 septembre, il est simplement précisé qu’une indemnité « peut lui être accordée par la colonie ou le pays de protectorat qu’il représente ». C’est « s’en remettre à la générosité de l’administration locale ».

Ainsi, il est à craindre qu’il y ait peu de candidats « idoines et volontaires » pour « une fonction à la fois si coûteuse et si incertaine ». D’après Gontard, si l’on désigne un Français de l’ile, ou bien il s’abstiendrait d’assister régulièrement aux réunions, ou bien il prendrait son rôle au sérieux, mais perdrait alors son temps et des sommes considérables en voyages qui déboucheraient sur une session de quelques jours. Et si l’on nomme un Métropolitain, il connaîtrait mal les problèmes de la Grande ile. « Dans tous les cas, la représentation était défectueuse et l’institution manquait son but. »

Pourtant, fin 1920, des rumeurs sur plusieurs candidatures circulent à Madagascar. Elles émanent de parlementaires d’attache réunionnaise, les uns nés dans l’ile voisine, les autres étant des députés de l’ile. « Tous avaient l’avantage de déplacements payés sur le budget métropolitain. »

Dès le début, il est question de Guist’hau, né à La Réunion et député-maire de Nantes. Ami de Briand, il s’agit d’une personnalité politique en vue. Avant guerre, il est même ministre de l’Instruc­tion publique dans le cabinet Poincaré. « Sa candidature est accueillie avec faveur dans la Grande île. »Mais bientôt, Guist’hau est appelé à entrer dans le ministère Briand. Il fait savoir qu’il renonce à briguer les suffrages des électeurs de Madagascar.

Il est ainsi annoncé qu’à défaut, les deux députés de La Réunion vont se porter candidats: Boussenot, médecin et publiciste sur la côte Ouest ; Gasparin, ancien avocat à Toamasina, pour la côte Est.

Cependant, l’annonce de cette dernière candidature provoque un tollé général, car on est très hostile à Gasparin dans l’ile.

« Nous le considérons comme un incapable doublé d’un arriviste, simple consommateur de l’assiette au beurre trente-milliste que s’adjugent les béni-oui-oui du Palais Bourbon » (Le Phare de Majunga, 19 février 1921).

Au contraire, la candidature de Boussenot est loin d’être aussi mal accueillie. Au Parlement, il intervient à plusieurs reprises en faveur des intérêts de Mada­gascar.

 

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Agence nationale Taratra

http://www.lexpressmada.com/blog/notes-du-passe/deux-circonscriptions-electorales-a-madagascar/

Publié dans Histoire, Notes du passé

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