Les craintes anglaises à la mort de James Hastie

Publié le par Alain GYRE

Les craintes anglaises à la mort de James Hastie

11.07.2017 Notes du passé

 

La mort de James Hastie, survenue le 18 octobre 1826, prive le gouverneur de l’ile Maurice, Sir Lowry Cole, du merveilleux informateur qu’a été son agent-résident à la Cour de Radama Ier. La chose est d’autant plus grave que « les problèmes posés par la nomination d’un remplaçant risquaient de retarder considérablement l’époque où le nouvel agent était susceptible de prendre son poste à Tananarive » (Jean Valette, archiviste-paléographe).

Une solution provisoire s’avère ainsi urgente pour que la correspondance entre Maurice et Madagascar ne soit pas interrompue. Le choix du gouverneur Cole se porte naturellement sur « le sujet britannique le plus à même de remplir ce rôle ». Il s’agit du Rev. David Jones qui réside à Antananarivo depuis octobre 1820 et qui est lié à Radama par une solide amitié. Par lettre du 4 décembre 1826, le gouverneur de Maurice fait connaître à Jones les services qu’il attend de lui.

Cette mission qui lui est confiée, amène le missionnaire à rédiger quatre lettres (du 9 janvier au 18 juillet 1827) à  F.-E. Viret, secrétaire particulier de Sir Lowry Cole, dans lesquelles il lui expose les évènements qui se passent à Antananarivo ou dans les provinces « à l’instigation du roi ».

Le premier point important mentionné dans ces lettres est l’attitude du roi vis-à-vis de la politique anglaise. « Il est à retenir que le roi se soit posé la question de savoir si la mort d’Hastie devait ou non mettre  fin à l’exécution du traité anglo-merina. » En fait, pour Radama, Hastie a été beaucoup plus un ami et un conseiller écouté que l’agent de la Grande-Bretagne. La conclusion du contrat Blancard, quelques jours à peine après le décès de James Hastie, est la meilleure illustration de la place de choix qu’a occupée Hastie dans les conseils de Radama.

Il faut également souligner que la seule disparition de James Hastie suffit pour que soit totalement changée l’attitude du roi et de ses ministres vis-à-vis des Anglais. Jean Valette cite cette phrase désabusée de Jones qui est assez significative: « … Nous sommes ici, en notre qualité de sujets britanniques, tenus en suspicion. »

David Jones ne cache pas non plus sa crainte d’une éventuelle expulsion des Missionnaires britanniques, inquiétude qui « permet de mieux comprendre la suite des évènements ».

Dans le même ordre d’idées, Jean Valette relève le fait que la seule arrivée du Dr Lyall à Toamasina et sa rencontre avec Radama suffisent à renverser une situation bien compromise, « en raison de la façon dont le nouvel agent britannique avait su plaire à Radama ».

Les lettres de Jones fournissent aussi d’intéressants renseignements sur la politique de Radama  en ce qui concerne les provinces. En 1827, la situation générale du pays semble fort troublée. En effet, les brillantes conquêtes territoriales antérieures semblent mal « digérées » et l’autorité d’Antananarivo remise en question en de nombreux points de l’île : Menabe, régions de Mananjary, de Matitanana, de Taolagnaro.

Voici ce que Jones écrit : « Le roi Radama a envoyé cette année plusieurs  milliers de ses soldats pour pacifier diverses régions du pays sakalava, au Sud et au Sud-ouest de sa capitale. Certains détachements sont déjà revenus après avoir réussi à établir la paix et la tranquillité dans les régions où ils ont  été ; d’autres battent encore la campagne, à la recherche du chef sakalava, Ramitraho, le père de Rasalimo, épouse de Sa Majesté. »

Jones rappelle les paroles de Ramitraho : si l’armée de Radama évacue son pays et si l’on envoie à sa place des ambassadeurs pour négocier avec lui les conditions de la paix, il les rencontrerait dans ce but. Aussi le roi envoie-t-il  la princesse Rasalimo avec une escorte d’un millier de soldats, pour mettre au point les termes d’un traité d’amitié entre son époux et son père (lettre du 11 avril 1827).

Concernant  les troubles de Mananjary dont font état des bruits parvenus à Antananarivo, David Jones  signale  qu’environ « 3 000 soldats sont partis hier pour écraser la rébellion dans cette région». Un gros détachement devra partir un peu plus tard pour rétablir l’ordre dans le Matitanana et dans les environs de Fort-Dauphin.

 

Pela Ravalitera

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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