Conservation – Il faut sauver les mangroves
Conservation – Il faut sauver les mangroves
21.09.2017

La menace de disparition des mangroves est réelle. Or, elles constituent tout un écosystème côtier sensible au changement climatique et à l’intervention de l’homme.
La construction dans la zone des mangroves à Manapatanana, sur la route d’Amborovy, interdite par la commune de Mahajanga, a fait couler beaucoup d’encre et a été au centre des discussions, il y a quelques mois, dans la cité des Fleurs.
Face à cette situation, le ministre de l’Environnement, de l’écologie et des forêts, Johanita Dahimananjara, a déclaré qu’une autorisation sur les études d’impact environnemental est obligatoire. Une descente sur place sera effectuée afin de vérifier la situation de cette zone de mangroves. Il s’agit de la loi.
Les forêts de mangroves malgaches représentent environ 400 000 ha de marais maritimes. Elles couvrent une superficie approximative de 3 000 à 4 000 km2, dont 98% se trouvent exclusivement sur la Côte ouest. Elles constituent un des écosystèmes les plus productifs en biomasse. Ces forêts fournissent des biens et services écosystémiques importants aux communes locales. Mais de multiples pressions anthropiques menacent leur intégrité et leur biodiversité.
La conversion en agriculture, à 35%, a été le facteur principal responsable de la déforestation des mangroves, plus particulièrement transformées en rizières et en champs de canne. Tandis que l’exploitation forestière s’effectue généralement sous la forme d’une coupe rase toute l’année. Tous les individus sont abattus sans laisser de semencier.
De plus, les bois des palétuviers sont utilisés comme source d’énergie, en tant que bois de chauffe et charbon de bois. Les impacts humains sur les mangroves concernent également l’utilisation des bois de palétuviers dans la construction de cases, de pirogues ainsi que de valakira, c’est-à-dire de clôtures et d’enclos.

La participation de la population environnante à la plantation de boutures de palétuviers permet de régénérer la mangrove, à Ranobe.
Puits de carbone
Avec un taux de 3% en aquaculture, la conversion de la mangrove est devenue un phénomène récent, en particulier dans le Nord-Ouest de Madagascar. La déforestation varie entre 25 à 50 %, la perte en étendue est due au développement de l’aquaculture.
Ainsi, les mangroves sont sous l’emprise de plusieurs facteurs responsables de leur destruction, sous l’incontournable action de l’homme. Outre les menaces et pressions anthropiques, on peut citer les problèmes de changement climatique, de variations du niveau de la mer, d’assèchement des chenaux ainsi que l’ensablement des embouchures, etc.
En dépit de la rapidité de renouvellement de peuplement des espèces, la mangrove est un écosystème qui mérite d’être protégé. Ainsi, environ 10% des mangroves de Madagascar sont actuellement incluses dans le système des aires protégées.
En contrepartie, elles ont une place importante écologique. Puisque les mangroves sont un puits de carbone et peuvent jouer un rôle important dans la gestion des gaz à effet de serre. Dans la protection des côtes, elles forment des lignes de défense contre la tempête qui vient de la mer en réduisant l’action du vent, l’intensité des vagues et des courants. De plus, les racines des palétuviers maintiennent les sédiments en place.
Les mangroves préservent les écosystèmes adjacents (herbiers, lagunes ainsi que les récifs coralliens), les sédiments déversés en aval par la rétention et l’exportation de sédiments et de nutriments. Et elles forment un habitat pour développement de plusieurs espèces faunistiques.

Des experts malgaches et internationaux ont participé au colloque régional océan Indien sur les mangroves, à Mahajanga.
Des conférences pour comprendre les écosystèmes côtiers
Après Mahajanga, c’est à l’IFM, du 25 au 28 septembre prochains, que s’achève la série d’évènements « Mangroves 2017 » organisée par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et de nombreux partenaires, avec le parrainage du ministère de l’Environnement, de l’écologie et des forêts. L’objectif est de mettre en exergue l’importance des mangroves pour les populations qui en dépendent, la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité et plus largement les écosystèmes côtiers.
Océan Indien – Un colloque régional à Mahajanga
À l’unisson, les pays de l’océan Indien attirent l’attention sur la protection des mangroves à travers le Colloque régional océan Indien qui s’est tenu du lundi à hier à la salle de réunion de l’hôtel Les Roches Rouges à Mahajanga.
Le thème de cette conférence était axé sur « Les mangroves de l’océan Indien occidental : dynamiques, pressions et gestions ». Plusieurs institutions travaillant sur les mangroves dans la région étaient ainsi réunies. Elle fait suite à une école thématique sur la dynamique et gestion des mangroves. Une trentaine de personnes dont la moitié des apprenants sont des ressortissants des pays de la COI et dix sont des encadreurs internationaux et nationaux lors de cette école.
Les ministres de l’Environnement, de l’écologie et des forêts, Johanita Dahimananjara, et de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr Marie Monique Rasoazananera ont assisté à l’ouverture officielle, lundi matin avec les autorités locales.
Présenter des éléments principaux pour la bonne gestion des mangroves, soit leur gestion rationnelle des mangroves et celle des écosystèmes associés ont été l’objectif de cette école.
Les mangroves souffrent en tant que zones humides, et elles représentent une richesse patrimoniale mais qui sont facilement accessibles à moindre coût. C’était dans cette optique que la concertation sur l’état des lieux a été établie. L’écosystème fragile, les mangroves, est menacé alors qu’il est aussi une source de richesse à l’avenir pour la future génération.
De ce fait, une trentaine de communications orales et une vingtaine de posters, en guise de communication affichée ont illustré ces trois jours de concertation. La première journée était l’occasion de présenter les enjeux sur la conservation des mangroves dans certains sites de la région Sud-Ouest de Madagascar, la gestion des mangroves au niveau de l’aire protégée d’Ankivonjy, la réserve communautaire marine de Bimbini, aux Comores.
Mardi, la conservation des mangroves, leur restauration et les bonnes pratiques ont été au centre des discussions pendant la matinée. Puis, les dynamiques spatiales, temporelles de l’écosystème des mangroves ont clôturé la journée.
Le colloque a été clôturé, hier, par une table ronde sur les « Mangroves : une ressource-clé pour l’avenir ». Elle a été animée par l’association Reniala.
Textes et photos : Vero Andrianarisoa
http://www.lexpressmada.com/blog/magazine/conservation-il faut sauver les mangroves/