Extraction de tantale à Madagascar: inquiétude des militants de l’environnement
Extraction de tantale à Madagascar: inquiétude des militants de l’environnement
Le tantale est un minerai rare utilisé en électronique et son extraction est très polluante.
© REUTERS/Goran Tomasevic
Par RFI Publié le 09-09-2017
Dans le nord de Madagascar, les défenseurs de l'environnement sont inquiets. Les tests d'extraction du tantale continuent à proximité d'une aire protégée. Le tantale est un minerai rare, utilisé en électronique, et son extraction est très polluante. Inquiétude également des militants par rapport à ce qu’ils considèrent être des tentatives d'intimidations contre certains de leurs membres.
Sur 300 km2, à la lisière d'une aire protégée, une société mauricienne, filiale de la société allemande Tantalus, effectue depuis plusieurs années des tests d'extraction de tantale. En juin dernier, des représentants de la société civile, des autorités traditionnelles, de la protection de l'environnement et des opérateurs économiques de la région Diana, réunis au sein de l'Alliance pour la protection et le développement durable de la péninsule d'Ampasindava, avaient alerté la ministre de l'Environnement sur la dangerosité de ce projet d'exploitation de tantale. Ils demandent toujours l'annulation du permis de recherche de l'entreprise.
Raymond Mandiny, un des membres de cette délégation, a été auditionné, ce vendredi 8 septembre, au tribunal d'Ambanja, après une plainte pour diffamation et usurpation de fonction. S'il a bénéficié d'une liberté provisoire, plusieurs associations craignent qu'il subisse le même sort que Clovis Razafimalala, militant écologiste qui avait passé huit mois en détention provisoire, en attente de son procès.
Plusieurs milliers de puits creusés
À ce jour, 7 000 puits ont déjà été creusés par la société Tantalus et n'auraient toujours pas été rebouchés. Vu qu’il faut 7 tonnes de produits chimiques pour extraire une tonne de terres rares, les opposants à ce projet d’exploitation de tantale craignent une pollution des nappes phréatiques et une destruction de la biodiversité terrestre et marine. Le site se trouvant en face de l'île touristique de Nosy Be, le projet serait un désastre à la fois environnemental et économique.
Après avoir été alertée, en juin dernier, par les représentants économiques et les associations écologistes, Johanita Ndahimananjara, ministre de l'Environnement, a demandé aux autorités locales de se rendre sur le site en question pour observer la situation.
Sur place, une dispute aurait éclaté entre le chef de cantonnement de l'environnement d'Ambanja et Raymond Mandiny, militant écologiste venu plaider la cause de la population locale. Le chef de cantonnement a alors porté plainte pour diffamation publique et usurpation de fonction.
Selon plusieurs associations de promotion du développement et de défense des droits humains et de l'environnement, Raymond Mandiny est « victime de persécution et de manœuvres d'intimidation destinées à le faire taire ».
Le militant est aujourd'hui en liberté provisoire, en attente d'une prochaine audience.
http://www.rfi.fr/afrique/20170909-madagascar-tantale-militants-environnement-intimidations-audition-plainte