Le Rova d’Antananarivo, un livre d’histoire
Le Rova d’Antananarivo, un livre d’histoire
25.09.2017 Notes du passé

«Témoin de l’évolution historique d’un royaume, il porte les traces des différentes étapes d’une construction politique ; c’est un document historique. Mais ces traces s’inscrivent aussi dans l’espace, l’évolution des formes traduit les différents choix, les diverses influences qui ont marqué le pays : le Palais de la Reine est aussi un livre d’histoire.» C’est ainsi que Vincent Belrose Huygues débute sa présentation du Rova de Tananarive, d’Andrianjaka à Radama Ier : un exemple de syncrétisme esthétique au XIXe siècle.
Deux siècles séparent Andrianjaka et Andrianampoini-merina, le Rova du premier s’est transformé par agrandissement et ajout. L’auteur commence par une description sur le Rova qui, dans une ville ou un village, est l’enceinte délimitée par un mur ou une palissade, réservée au souverain ou à son représentant. Dans cette enceinte, se dressent les Lapa, demeures royales du souverain, de ses épouses, de son entourage.
Sous Andrianjaka, seul existe le Rova Sud : « Celui-ci fut aménagé le premier ; c’est là que se trouvent les Tranomasina Fitomiandalana (les sept tombeaux alignés) » (R.P. Callet, Tantara ny Andriana , traduction de Chapus et E. Ratsimba). « D’Andrianjaka date le Rova Sud où se trouvent les Fitomiandalana et les cases royales Masoandrotsiroa et Besàkana » (le Rova du Nord est l’enceinte construite par Radama Ier autour de la Tranomasina).
Andrianjaka choisit l’endroit le plus élevé du site d’Antanana-rivo (1 463m), l’actuelle terrasse de l’Église du Palais. Le roi déboise le sommet de la colline nommée alors Analamasina, les arbres coupés serviront à bâtir des cases et un Lapa. Pour reconstituer le Rova primitif, Belrose Huygues se réfère, aux seuls repères qui restent, les Tranomasina. « Jusqu’à une époque récente, ils ont substitué à l’endroit où les successeurs d’Andrianjaka les avaient placés», c’est-à-dire la tombe d’Andrian-jaka (la première) se trouvait à 30m plus au sud et à quelques mètres à l’est du mur actuel de Manjakamiadana (le Palais de la Reine).
L’architecte Anthony Jully
( L’habitation à Madagascar dans Notes, Reconnaissances et Explorations, 1898), auteur de cette translation en 1897, relève avec précision les emplacements précédents, ce qui permet de remettre les édifices du Rova plus ou moins à leur place. Car mis à part les tombeaux, « il est certain que tous les édifices du Rova ont subi des translations ». Leurs emplacements anciens se situent toujours les uns par rapport aux autres. Ainsi, à partir du Tranomasina, Belrose Huygues localise deux cases du Rova d’Andrianjaka.
Masoandrotsiroa au sud de la Tranomasina (…), Besàkana est à l’ouest de la grande place et à l’est du parc à bœufs » (R.P. Callet). Mais ajoute l’historien, le Kianja (grande cour ou arène) apprend-on plus loin, est au sud de la Tranomasina. « Ces deux constructions comme les cases qui devaient les entourer ont disparu. »
Masoandrotsiroa est reconstruit par Andrianampoinimerina puis déplacé à Ambohimanga par Ranavalona Ire, puis détruite dans un incendie « au moment de sa mort ». Mais précise l’historien, « des Masoandro n’ont cessé de se succéder au Rova, chaque reine construisant le sien ». Concernant Besàkana, une tradition attribue sa première construction à Andriamasinavalona. « Ces deux Lapa ont sans doute été reconstruits par Andrianampoinimerina à qui sont attribués généralement les constructions que l’on peut voir aujourd’hui » (c’est-à-dire avant l’incendie de 1995).
À l’époque d’Andrianjaka, outre Besàkana et Masoandro, un Kianja avec une pierre sacrée, Vatomasina, et un enclos à bœufs à l’extérieur de l’enceinte se trouvent à l’ouest. Son tombeau est installé au nord, selon une coutume généralisée à Madagascar.
Ainsi, « le Rova possédait les structures de tous les Rova suivants jusqu’en 1865-1888, moment où l’on ajoutera un temple. Il y avait un modèle structural du Rova dès le règne d’Andrianjaka et, sans doute, avant ». La preuve réside dans la similitude de la conception et des appellations au Rova d’Ambohi-manga et à celui d’Antananarivo, «tous deux restaurés par Andrianampoinimerina », précise Belrose Huygues.
Texte : Pela Ravalitera - Photo : Agence nationale Taratra
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