Une petite ville des femmes au sein du Rova
Une petite ville des femmes au sein du Rova
26.09.2017 Notes du passé
Depuis Andrian-jaka jusqu’en 1869-1888, époque où l’on y ajoute un temple, le Rova d’Antananarivo possède les structures de tous les Rova suivants. Vincent Belrose Huyghes cite alors le R.P. Callet dans son Tantara ny Andriana : « À Ambohimanga, il y a trois enceintes : Mahandrihono, Nanjakana et Bevato. Elles sont séparées les unes des autres… Elles sont disposées en gradins (…) Les Tranomasina étaient au nombre de douze formant une rangée. »
Trois fonctions essentielles sont définies par les Tantara, reprend l’auteur du Rova de Tananarive d’Andrianjaka à Radama Ier. Un exemple de syncrétisme esthétique au XIXe siècle » (lire précédente Note). « Mahandrihono est habité par Andrianampoinimerina, la Tranomasina se trouve dans la même enceinte ; Nanjakana appartenait à ses enfants et est cédé à Radama ; Bevato est la résidence des douze femmes d’Andrianampoinimerina. » Belrose Huygues reprend les Tantara en affirmant que l’enceinte la plus importante est Mahandrihono qui rassemble la demeure du grand roi, les tombeaux royaux, le Kianja et un parc à bœufs sacré (Fahimasina).
Les informateurs du père Callet connaissent la similitude entre les deux Rova, mais seuls les Européens ont accès à Antananarivo. En 1828, le missionnaire Bennet écrit : « Il y a plusieurs cours, chacune renfermant un Dou plusieurs palais séparés l’un de l’autre par de hautes barrières en bois. » David Jones remarque lui aussi la présence de plusieurs enceintes qu’il appelle enclos. Leminier précise : « Le palais du roi Radama domine les autres édifices et se compose d’une grande quantité de cases pour lui, ses femmes, les gens de sa suite, ses arsenaux, etc. » Et Coppalle confirme : « Le palais ou Rouvy occupe le mamelon le plus élevé de la montagne. C’est un enclos assez vaste formé de trois enceintes particulières. La première et la plus remarquable est celle où demeure le roi. La seconde sert de logement aux femmes du roi et à quelques étrangers (…) L’enceinte qui sert de demeure aux reines est la plus vaste. C’est une petite ville qui contient, outre la maison des princesses, une douzaine de petites cabanes, appelées par les naturels Tranomasina. »
Belrose Huygues apporte cependant une petite correction : « En réalité, il n’y a que deux Rova et ce que Coppalle considère comme une troisième enceinte (un sérail) n’est qu’une dépendance de Tranovola. Le Rova sud, celui d’Andrianampoini-merina, n’a pas été modifié, il recoupe assez exactement, quant aux principes, celui d’Ambohimanga. » Se basant sur cette étude de Coppalle, l’historien retrace l’évolution qui se fait dans le Rova par rapport à celui d’Andrianjaka. Le Rova d’Andrianampoinimerina comme à Ambohimanga est composé de plusieurs enceintes. La première comporte les tombes de ses prédécesseurs depuis Andrianjaka (sept tombes) et les cases où seul le souverain peut résider.
« Manjakamiadana nommé aussi Felatanambola se trouve à l’extrémité N » (quelque part à l’emplacement de l’actuel Palais de la Reine, suggère Belrose Huygues). « Manatsara en haut et à l’E du tombeau royal… les femmes du souverain et ses enfants n’y habitent pas… Soaniadanana au S de Manjakamiadana est une habitation d’Andria-nampoinimerina… qui s’y trouvait continuellement… » Cette première enceinte correspond tout à fait à Mahandrihono d’Ambohimanga. Dans la seconde enceinte, la différence tient au nombre important de demeures à Antananarivo. Attribuée aux femmes, elle correspond néanmoins par sa fonction, au Bevato d’Ambohimanga. À noter qu’il n’y a pas de troisième enceinte à Antananarivo.
Il est à préciser que les femmes sont exclues de l’enceinte du roi : elles peuvent y aller, mais n’y couchent pas. Les Mainty et les Andevo également. Les demeures des femmes du grand roi sont nombreuses, plus de douze, dont Besàkana et Masoandrotsiroa. « Besàkana n’était aucunement la demeure d’Andrianampoinimerina qui y plaça Ralesoka et Rabodonandrianampoinimerina, future Ranavalona Ire. » Le palais se trouve d’ailleurs à la limite S du quartier des reines.
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