A TRISTAN DEREME - J.J. RABEARIVELO

A TRISTAN DEREME
Ce livre comment imprimé
renferme-t-il quelques poèmes
qu vous puissiez en France aimer,
cher poète Derème ?
– Mais, las des grands soleils de feu
qui brûlent les monts d’Iarive ;
las de nos lunes, or gris-bleu
dans la forge tardive
de notre azur de pourpre ; las
de voir le même paysage
fait de ficus et de lilas,
et de touffes sauvages, –
vers l’Occident j’ai fait voguer
mon âme ardente et nostalgique
ainsi que mon coeur fatigué
d’entendre la musique
toujours la même des aïeux,
pensant avoir ainsi plus belle
la voix dont enchanter les dieux,
et plus pure et nouvelle.
Insensé ! Les voici-t-ils pas
revenus ? Pour toute fortune,
ils ne m’offrent que le trépas
de leur force commune ?
Ah ! puissent-ils se retremper
dans l’air de la terre ancestrale
et recouvrer leur entité
sous la lumière australe !
JEAN-JOSEPH RABEARIVELO
VOLUMES. – XXVIII - XXIX