Trois quartiers principaux, trois catégories de commerçants

Publié le par Alain GYRE

Trois quartiers principaux, trois catégories de commerçants

01.12.2017 Notes du passé

Nous terminons, cet extrait de l’étude de Faranirina V. Esoavelomandroso sur les commerçants malgaches naturalisés français de 1910 aux années 1930, par leur implantation géographique dans la capitale. D’emblée, elle indique que la répartition par quartier et, en fait, par type de commerce, diversifie mieux les commerçants naturalisés. « La localisation des maisons de commerce tenues par les Malgaches ayant acquis la citoyenneté, reflète l’organisation de la vie à Tananarive ».

Mis à part les marchés hebdomadaires et les épiceries de proximité, ils se regroupent dans trois principaux quartiers, Antani­narenina, Analakely et Tsaralalàna. Le plus ancien est le centre d’Antaninarenina qui subit des changements à différentes reprises. Quartier réputé, il abrite les grandes maisons étrangères- Ulysse Gros, Darrieux, Bon Marché, Paoli, Frappart, Ottino, l’imprimerie Lavigne-, quelques magasins tenus par des Indiens, des ateliers de tailleurs et surtout, des boutiques appartenant à des Malgaches. Ces derniers sont surtout spécialisés dans les articles de luxe : chemiserie, tissus, dentelles, parapluies, papiers peints. Un seul négociant semble s’occuper d’import-export de produits locaux.

« En fait, si l’on considère la taille des affaires ou les seuls revenus tirés du commerce, la plupart des commerçants malgaches du quartier ne semblent pas mieux placés que leurs collègues de la ville basse, avec des magasins souvent exigus vite encombrés ». Comme le secteur ne permet aucune extension de magasin, certains décident de suivre le « mouvement de descente des activités économiques » vers les pavillons d’Analakely, autour de la gare de Soarano et dans le quartier de Tsaralalana-Isotry. Géo Cassaigne, chargé de l’aménagement de la capitale, parle en 1918 « d’un exode des maisons de commerce et sièges de société qui se produit depuis plusieurs années vers la partie plane de la ville », pour justifier son projet de création d’un quartier des affaires près de la gare de Soarano.

L’exode ne fait que s’accentuer et, en réalité, les commerçants malgaches naturalisés qui semblent faire preuve de dynamisme sont ceux d’Analakely et de Tsaralalàna-Isotry. Dans les pavillons d’Analakely, ils s’occupent de mercerie, de bonneterie, de vente de tissus, de parapluies : « Les revenus commerciaux restent comparables aux salaires des fonctionnaires moyens (instituteurs…), mais les affaires tournent, l’ascension sociale peut être rapide. »

Quelques gros négociants sont à la tête de véritables sociétés, mais souvent ils s’associent avec un étranger, des parents ou collègues. Ils tirent des bénéfices beaucoup plus élevés que ceux des précédents, qu’ils tirent d’activités commerciales variées, import-export avec représentation de maisons françaises, vente en gros ou au détail de produits de première nécessité. Parallèlement au commerce, ce dernier groupe se livre à d’autres activités rémunératrices, telles la prospection minière, imprimerie, transport, constructions.

Si l’importance  des affaires différencie les négociants et hommes d’affaires des simples commerçants, les niveaux de fortune renforcent les clivages au sein de cette élite de naturalisés et, d’une manière plus générale, « entre les divers milieux bourgeois de la capitale ». Au bas de l’échelle, se trouvent ceux qui, individuellement, possèdent juste le capital investi dans le commerce, d’où ils tirent la quasi-totalité de leurs revenus, mais ils possèdent dans le « tanindrazana » des terrains de cultures et rizières. Dans le second groupe se trouvent les représentants de la moyenne bourgeoisie. « Leur fortune est constituée par le fonds de commerce et des maisons, au moins deux, sises à Tananarive même. Logés dans l’une d’elles, à la différence des précédents obligés de payer un loyer, ils mettent les autres en location. »

Enfin, la minorité extrêmement riche des commerçants naturalisés, porte le nom de négociants. Leurs revenus annuels déclarés sont le double sinon le triple de ceux de la deuxième catégorie. D’origines diverses, leur fortune consiste en fonds de commerce, terres, immeubles bien situés et surtout- ce qui les distingue le plus dans l’échelle du prestige social et dans le monde des affaires- en  voitures et en dépôts dans les banques. « Haute bourgeoisie d’affaires, ces commerçants ont fondé dans les années 20 des maisons dont le rayonnement et la solidité sont assurés ».mais dans la seconde moitié du XXe siècle, les preuves ou symbole de leur richesse et réussite sociale sont repérables : immenses maisons en briques à n ou deux étages, massives, flanquées d’une tour carrée avec des ouvertures en ogive…

 

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Agence nationale Taratra 

http://www.lexpressmada.com/blog/notes-du-passe/trois quartiers principaux trois categories de commercants/

 

Publié dans Histoire, Notes du passé

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C
Bonjour,<br /> Je suis en recherche d'informations sur l'imprimerie Lavigne qui appartenait à ma famille.
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A
souhaitez-vous que je lance un appel sur le groupe facebook ALEFA ZANATANY vous pourriez obtenir des renseignements, j'aurai besoin de votre nom et de vos coordonnées, Alain GYRE cgyre@yahoo.fr<br />