Des peuplades disparues dans le Nord-Est
Des peuplades disparues dans le Nord-Est
24.01.2018 Notes du passé

Jacques de La Salle, dans ses Notes, présente Madagascar, du Pays du Nord (lire précédente Note) à celui des Antemoro. Il poursuit avec les Antimanahars, sans doute les voisins des Antakarana, car eux aussi « habitent Manahara » (où il y a des rochers) qui est également leur chef-lieu. Toutefois, ce peuple nombreux élève des cochons à côté des bœufs et des volailles, tout en cultivant surtout du riz. Il est gouverné par un chef héréditaire mais pas absolu. Ce territoire est riche en bois de construction.
Viennent ensuite les Antantsiniamians, un « peuple affable, hospitalier comme généralement tous les peuples de Madagascar ». Selon J.-C. Hébert, cette peuplade a aujourd’hui disparu. Et il estime qu’il faille apporter une rectification car d’Unienville à qui de La Salle dicte ses Notes, énumère comme habitants de la côte Est, les Antavaratra au Nord, les Antatsinanana au Centre, depuis Fenoarivo à Mangoro, les Antatsimo au Sud, depuis le Mangoro jusqu’à la baie Saint-Augustin, dans le Sud-ouest. Ce peuple produirait du riz, des volailles, des bœufs en petite quantité. La mer est également poissonneuse et les habitants ont les mêmes coutumes et les mêmes usages que les précédents.
Les Sambarivo, peuplade qui, d’après J.-C. Hébert, « a encore quelques représentants au fond de la baie d’Antongil », sont chassés par les Zafirabay (Zafirabe) et par les Antivakay de la baie d’Antongil. Ils occupent alors une province de l’est de cette baie jusqu’à Foulpointe. Benyowski parle des Sambarivo « dominés et mis à tribut par les Saphirabay. » Les Zafirabay est, selon les Notes de La Salle, un peuple nombreux. Selon Michel Petit, dans les« Annales de l’Université de Madagascar N°7 (1967) Zafirabay se traduit par « petit-fils de Bay » qui, pour lui, serait la transcription du mot Bey, chef arabe. Mais signale J.-C. Hébert, Bey est un mot turc et non arabe.
« Ils vivent en Républiques fédératives, sous de petits chefs héréditaires, indépendants les uns des autres ». Depuis le Grand Mannahar, le peuple est très belliqueux et aime « ravager » ses voisins. Il construit de grandes pirogues en planches au moyen des gourabes, alors que dans le Nord, il n’y a que de petites pirogues à balancier. J.-C. Hébert explique que la gourabe est le nom donné aux grandes barques de l’Inde, à l’arrière plat, carré et haut, et généralement à deux mâts pouvant hisser des voiles carrées. Mais, précise-t-il, dans le texte dicté par de La Salle à d’Unienville, le terme gourabe semble être donné aux planches gauchies destinées à la carène du navire. Ceci, dit-il, semble confirmer l’origine étrangère des Zafirabay, les autochtones ne sachant pas, à cette époque, débiter un tronc en planches faute d’instrument adéquat, à l’exception de charpentiers arabes mieux outillés.
Poursuivant la description, le Mémoire affirme qu’ils « sont traitres, pillards (…) Leur pays produit beaucoup de volailles, des cochons» (donc ils n’étaient pas islamisés ou ne l’étaient plus, note Hébert), du riz, du bois de santal (pour bois odoriférant, dixit Hébert), de la gomme arabique». De La Salle signale aussi qu’à Madagascar, c’est la seule contrée où il y a des animaux au contraire des crocodiles visibles un peu partout. Et jusqu’à Foulpointe, on trouve des ébéniers.
Un peu plus au Sud, vivent les Zafibala (descendants de Bala). Ils ont le même genre de gouvernement que les précédents. Leur territoire très boisé a comme chef-lieu Tintingue. À côté d’eux, les Antevongo (ceux de l’Ivongo) occupent la Pointe à Larée, juste en face de Sainte-Marie. Les Antevongo dont le chef-lieu est Ivongo, forment « un peuple très coquin avec lequel il faut agir avec méfiance ». Comme chez les peuples précédents, ils pratiquent la riziculture, l’aviculture… Leur spécialité : la fabrication des plus beaux pagnes de l’ile et dans ce domaine, ils rivalisent avec les Saint-Mariens.
À préciser que dans son « Essai sur Madagascar », d’Unienville garde la même subdivision pour les peuples du Nord. À savoir les Antan-karans, les vrais Antavarachs ou Antimanahars, les Sambarives, les Antantsianiannars, les Zafirabés,les Anticavayes, les Zafibalas, les Antivougous, donnant ainsi crédit aux informations données par Jacques de La salle qui lui dicte ses Notes.
Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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