Poème; MANGUIER - J.J. RABEARIVELO
Arbres
à Henri de Régnier.
Arbres de la cité, depuis combien d’années
Nous nous parlons tout bas !
Jean Moréas.
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MANGUIER
A qui goûte ta pulpe où le soleil austral,
suscitant de la sève une douce saveur,
s’est tant de fois penché dans toute sa splendeur,
ô gardien du village ancestral,
ou, passant éphémère, enchantant sa langueur
loin des bruits d’Iarive, au pied du mont royal,
à qui va pénétrant le palais végétal
qu’ouvre au soir majestueux ton coeur,
dis, oh ! dis, beau manguier, qu’en tes rameaux puissants,
il est d’autres attraits que tes fruits mûrissants
ou que l’ombre où vibre la lumière !
Entr’ouvre-les parmi les pâleurs de l’azur
et que se montre aux yeux le mausolée obscur
sous lequel dort la race première !
JEAN-JOSEPH RABEARIVELO
VOLUMES. – LXVIX