Révolte du Sud contre les exigences françaises

Publié le par Alain GYRE

Révolte du Sud contre les exigences françaises

01.02.2018 Notes du passé

La Grande île est fréquentée par les Français, plus précisément des Dieppois depuis 1527. Vers le milieu du XVIIe siècle, avec la création de la Compagnie des Indes orientales en 1642, ils forment dans le Sud plusieurs petits établissements qui sont toujours « mal entendus et mal conduits ». Les premiers colons, dirigés par Pronis et Foucquembourg, arrivent à Sainte-Luce en septembre 1642.

Les Français s’éparpillent dans cette partie de l’île. Ils y « portent » la guerre soit pour leur propre compte soit pour celui de quelques princes ou chefs du pays qu’ils soutiennent.

Et à différentes reprises, les autochtones les trahissent et les massacrent, précise l’Auteur Anonyme (AA) d’un Mémoire sur Madagascar paru vers 1750.

L’établissement principal est le Fort Dauphin dans l’Anosy. Mais selon AA, « au lieu d’y jeter les premiers fondements d’une coloniecommerçante, les Français après s’y être un peu fortifiés, ne pensèrent qu’à se rendre maîtres de cette province ». Ils déclarent la guerre aux grands du pays et grâce aux armes à feu, ils soumettent « un peuple sans défense ». « On leur imposa de fortes contributions en esclaves et en bestiaux et on mit des droits sur toutes les denrées. »

Forcés de reconnaître la souveraineté des envahisseurs, les Malgaches prêtent serment « à leur manière ». Cependant, bientôt les demandes et exigences répétées de contribution qui vont toujours en augmentant, poussent à bout les chefs de la province. Leur premier signe de révolte consiste à refuser de payer cette contribution. Le commandant du Fort envoie de petits détachements parcourir la province pour sévir contre tous ceux qui initient le blocus de la garnison. « La plus grande partie de ses troupes périrent tant par la main des naturels que par les maladies dues aux fatigues. »

Les survivants se retirent dans le Fort. Ils sont à deux doigts de mourir de faim lorsqu’arrive d’Europe un vaisseau avec le nouveau commandant de la colonie. Il s’agit d’Etienne de Flacourt, envoyé à Madagascar en tant que commandant général de la Grande île. Il trouve la colonie manquant absolument de tout et « le nom français en horreur dans tout le pays ».

Pourtant, au lieu de traiter avec les chefs de l’Anosy, de leur rendre la liberté et de faire la paix avec eux, Flacourt se sert du renfort des troupes qu’il amène avec lui pour marcher contre les chefs qu’il réduit à l’obéissance. « Il en fit emprisonner plusieurs dans le fort et remit toute la province dans les fers. Il entreprit même de rendre tributaires toutes les provinces du Sud. Il mit sur pied des détachements qui se répandirent de tous côtés. » Ceux-ci pénètrent loin à l’intérieur des terres, mais ses hommes périssent presque tous et son projet échoue.

Flacourt reste environ sept ans à Madagascar (4 décembre 1648-18 février 1655). Il en tire « toutes les contributions » que ses forces lui permettent d’arracher aux populations locales. Ses successeurs- de nouveau Pronis, puis Desperriers, Champmargou, de Beausse, de la Have et ce jusqu’au 9 septembre 1674- achèvent par leurs vexations et leurs « brigandages » de rendre la France odieuse dans tout le Sud malgache. De toute manière, depuis longtemps les chefs et les peuples de l’Anosy s’efforcent de secouer le joug et de se débarrasser d’un ennemi étranger qui les réduit à l’esclavage. L’occasion s’en présente, ils savent en profiter.

« Quarante hommes de troupes qui composaient la garnison du Fort Dauphin, ayant été mis en campagne pour aller chercher un chef qui refusait de payer en bœufs ce qu’on lui avait imposé de contribution, firent une marche forcée dans le dessein de le surprendre et de s’en saisir. Ce prince, averti que les Français marchaient à lui, prit ses dispositions et embarqua ses hommes de guerre dans les environs de son village. Les Français parurent, mais pressés par la soif, ils ne purent tenir à la vue d’un champ de canne à sucre. Ils se débandèrent et entrèrent dedans malgré leurs officiers. Les naturels qui les épiaient, tombèrent sur eux, les surprirent et les tuèrent tous. »

Ce combat a lieu le 27 août 1674, mais contrairement à ce qu’écrit AA, une moitié environ des Français peuvent s’échapper.

Dans tous les cas, « cette nouvelle désastreuse apportée au commandant, le détermina à s’embarquer, lui et quelques employés et invalides qui faisaient le reste de la colonie. Ils profitèrent d’un sennault qui, heureusement, se trouvait en rade et firent voile pour l’île de Bourbon ». C’est le 9 septembre 1674 que les Français survivants sous les ordres de La Bretèche, s’embarquent pour l’île de La Réunion.

 

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles

http://www.lexpressmada.com/blog/notes-du-passe/revolte-du-sud-contre-les-exigences-francaises/

Publié dans Histoire, Notes du passé

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