Radama 1er opte pour une ouverture sélective de son pays
Radama 1er opte pour une ouverture sélective de son pays
27 mars 2018
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Ranavalona 1re a pleine conscience d’incarner , en tant que souveraine héritière des « Douze rois » de l’Imerina, la Nation et l’Etat ainsi que toutes les valeurs spirituelles héritées des ancêtres, l’âme merina dans son essence. Face à la « révolution culturelle » amenée par le christianisme, « elle avait aussi pleine conscience d’assurer par le respect même et la sauvegarde de ces valeurs traditionnelles, la destinée profonde du peuple quelle gouvernait : accepterait-elle de tout faire sombrer par une tolérance criminelle à l’égard d’une secte qui substituait au culte des ancêtres malgaches celui des ancêtres étrangers ? » (Esquisse pour le portrait d’une reine Ranavalona 1re, Simon Ayache, Omaly sy Anio, N°1 et 2, 1975). En outre, c’est l’Europe qui introduit à Madagascar le « Subtil poison du christianisme » et l’Europe, dont les flottes armées tournent autour de la Grande île, menaçantes, ne peut servir de modèle, juge la reine.
Radama 1er, son époux de qui elle hérite le trône, lui, ne le croit pas, même s’il initie l’ouverture de son pays vers le monde extérieur. Mais celle-ci est limitée et sélective, précise l’auteur de l’Esquisse. Dans son contrat avec l’Europe en 1820, il estime gagner sur tous les tableaux : « l’abolition de la traite qui retiendrait à Madagascar une main-d’œuvre nombreuse et utile, l’instruction et la formation technique de quelques-uns de ses sujets à Maurice et en Angleterre, le travail des missionnaires-artisans dans le pays même qui engagerait une évolution profonde des formes de production artisanale et la présence des instructeurs militaires, l’octroi des compensations en argent et armes qui lui étaient indispensables pour la conquête. Bref sa puissance et sa gloire, l’instruction de son peuple, le progrès de son économie dépendent de l’alliance anglaise. Quand il obtient celle-ci, il est persuadé de triompher des Anglais dans le jeu de la négociation.
Si Raombana met en doute ce fait, des manuscrits anciens conservés par le pasteur Lars Vig suggèrent que « Radama domine en réalité, la situation nouvelle créée par l’alliance anglaise ». Quant à l’influence « indirecte » dont pourrait se targuer le Grande-Bretagne à Madagascar, il pense savoir la limiter. Il n’autorise pas les missionnaires de la London Missionary Society à se livrer à de grandes entreprises de prosélytisme et aucun malgache n’est baptisé sous son règne. Radama ne manque pas non plus de surveiller par la suite toute évolution du mouvement religieux. En 1828, il commence à tenir « un langage plus hautain sur les affaires politiques et économiques » au gouverneur Colville, successeur de son ami Farquhar à l’île Maurice.
S’il accepte l’amitié des Anglais dont il n’attend que bénéfices, Radama ne consent jamais aucun compromis sur la souveraineté de Madagascar dont il ambitionne de devenir seul maître. C’est ainsi qu’il reprend Fort-Dauphin aux Français en 1825, et brûle de reconquérir Sainte-Marie. Les moyens lui manquent, mais sa doctrine est nettement proclamée : « Si quelqu’un choisit pour fiancée cette terre et prétend qu’elle constitue son héritage, je m’y oppose. »
Ce propos se réfère à une légende. La princesse Betty qui hérite Sainte-Marie de son père, Ratsimiloatra, fils d’un pirate anglais et de la fille d’un chef de Sainte-Marie, aurait cédé au roi de France, son île. Ce, sous l’influence du caporal Jean Onésime Filet dit « La Bigorne ». Comme cette cession reçoit l’aval de tous les chefs traditionnels, l’acte aurait été signé le 30 juillet 1750.
Texte : Pela Ravalitera