Ranavalona réagit face aux prétentions européennes

Publié le par Alain GYRE

Ranavalona réagit face aux prétentions européennes

28mars 2018

Si Radama 1er a assez d’envergure, pour contrecarrer toute tentative étrangère de s’emparer d’une partie de son royaume, sous Ranavalona 1re, les menaces se précisent t dans tous les domaines. « N’ayant pas la même maîtrise des situations que son prédécesseur, ni la même subtilité d’esprit, elle réagit brutalement «  (Simon Ayache, « Esquisse pour le portrait d’une reine Ranavalona 1re », lire précédente note).

Les entreprises européennes se multiplient. Le gouvernement britannique veut soutenir à tout prix ses missionnaires, imposer un régime de liberté de conscience qui aurait joué au bénéfice de la subversion. Il exige aussi,  pour ses traitants, le droit de se soustraire aux lois malgaches et de commencer sans surveillance au détriment inévitable de leurs concurrents nationaux. Quant aux Français, ils ajoutent ) toutes ces prétentions « une insupportable contestation de la souveraineté de Tananarive sur les côtes malgaches au nom des droits historiques, tout à fait incompréhensibles, remontant, disait-on, au XVIIe siècle ». leurs ambitions coloniales ne se dissimulent guère. Dès 1829, un an après le décès de Radama 1er, sur la Côt Est,, l’expédition Gourbeyre manifeste l’intention du gouvernement de Paris d’intimider la reine après la perte de Fort-Dauphin, en rappelant sa volonté de maintenir la doctrine des droits historiques de la France, en particulier sur les pays Betsimisaraka.

En 1938, le ministre français de la Marine et des colonies propose – en fait, exige – « l’échange le plus inattendu » : Sainte-Marie dont la prise de possession n’a rien de légitime, contre Diégo-Suarez et tout le Nord de Madagascar. En 1845, c’est le fameux bombardement de Toamasina, décidé par les amiraux W. Kelly et Romain-Desfossés, « pour châtier la reine d’avoir imposé les lois de son pays aux traitants étrangers. »

Les tentatives de pénétrations françaises sur la côte Nord-ouest ne suscitent pas une inquiétude ou une irritation moins grande. En 1841, le capitaine Passot, au nom du gouverneur de Bourbon (La Réunion) obtient de la reine Tsiomeko, pourtant vassale de Ranavalona, la cession à la France de l’île de Nosy Be. Il fait reconnaître par d’autres roitelets sakalava « le principe de protectorat français sur toute le côte Nord-ouest, de la baie d’Ampasindava au cap Saint-André ». en 1854, ce sont les missionnaires catholiques français qui prennent pied dans la baie de Bali. « Inquiétudes spirituelles, agressions politiques, concurrence économique, dans un tel contexte, comment refuser de comprendre les réactions de Ranavalona ? «  Sa réaction est immédiate. Elle signifie son congé au représentant britannique, R. Lyall et dénonce le traité de 1820. Tout en maintenant l’abolition de la traite ; elle ne veut plus rien recevoir ni en armes  ni en argent du gouvernement anglais. A partir de 1835, elle refuse aux missionnaires de proroger leur droit de séjour, « car il n’y a jamais eu d’expulsion ».  En 1845, elle impose ses lois aux Français, Anglais, Créoles de Bourbon et de Maurice qui vivent et prospèrent dans son pays. Tout cela, sur fond de surveillance militaire des côtes, dans la méfiance et l’inquiétude. Toutefois, si elle rompt avec l’Europe, elle ne renonce pas à toute civilisation car il existe une ‘civilisation malgache » qu’elle veut sauvegarder sans refuser de k’enrichir, de la renouveler mais très prudemment. « La vie de la Cour décrite par Ellis, les hainteny,recueillis par Raharolahy ; les traditions orales d’histoire retranscrites par Rabetrano, l’enseignement de l’anglais et l’instruction des jeunes aristocrates, andriana et hova, dont se souvient Rainandriamampandry, autant d’arguments quo détruisent la réputation d’hostilité de Ranavalona contre toute culture intellectuelle. »

 

Texte : Pela ravakitera – Photo : Archives personnelles

 

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