Conte: L’oiseau des morts

Publié le par Alain GYRE

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L’oiseau des morts

 

  Il était une fois un homme,  dit-on, qui venait du sud. Loin dans le sud. Il s’appelait » Chapeau-pointu »… Mais oui, que voulez-vous, c’était son nom ! Un jour, il quitta son village et sa famille pour aller chercher femme. C’était chose normale car il avait l’âge de se marier ; mais, on ne sait pourquoi, il voulait une femme d’un pays lointain. Il marcha donc vers le nord. C’était loin ! Il marche des jours et des jours. Enfin il arrive au plus lointain du nord.

            Sans chercher longtemps, il trouve une demoiselle à son goût. Elle avait un joli nom : Voix-Précieuse. Ils se rencontrent. Ils se parlent, ils se plaisent : il fait la demande en mariage. Comme la demoiselle était contente de l’avoir comme époux et de le suivre chez lui, on célébra le mariage et elle le suivit dans le sud. Ils s’aimaient bien et leur foyer était leur bonheur.

Tout ce qu’ils faisaient ensemble leur réussissait. Ainsi, au moment des semailles, ils plantèrent du riz… Ah ! quel beau riz ! quel beau riz !tous ceux qui voyaient leur rizière n’en revenaient pas :

- Pour du riz, c’est du riz !

 

Mais la belle-mère de Voix-Précieuse ne l’aimait pas et de sales pensées lui traînaient dans la tête. Elle aussi voyait le riz. Mais loin d’en avoir de la joie, elle couva des idées homicides. Elle les accepta. Elle les dit à son mari ;

- Qu’est-ce qu’on peut penser de ce riz magnifique, hein ? C’est le riz de notre garçon.

- Ah ! Ce riz… Leur riz, tu peux le dire, ce n’est pas de la saleté,  non ! Le malheur, c’est que cette femme en a sa part : ils l’ont planté ensemble. Que faire ? Si elle pouvait disparaître, cette femme ! Tout serait pour notre gars…

(La faire disparaître… Pourquoi pas ? Elle n’est pas de chez nous, celle-là !)

-Mais comment faire pour qu’elle disparaisse, il faudrait le tuer ? Tu as une idée , toi ?

- Va savoir ! On pourrait… faire un travail d’entr’aide… On offrirait du rhum en remerciement à tous ceux qui viendraient nous aider… On pourrait faire ça pour la récolte de raphia, c’est le moment… alors le rhum, chacun en boit… ce serait facile de préparer quelque chose pour cette femme…

- Ah ! Tu as raison ! Appelons les gens pour l’entr’aide du raphia avec un réception-rhum en remerciement… C’est très bien !

On fait donc dire partout, que tel jour, on demande un travail d’entr’aide bien arrosé de rhum pour le raphia. Au jour dit, beaucoup de monde vient travailler au raphia. Les hommes coupent les feuilles, les femmes séparent le raphia de ses baguettes… Dans la journée même, le travail est terminé. On prépare alors les vases de bambous pour y mettre le rhum. On fait le discours de remerciement et d’offrande du rhum et on commence le partage entre tous les travailleurs. Mais Voix-Précieuse avait eu un rêve, la nuit d’avant. Elle avait vu qu’on voulait la tuer ce jour-même de l’entr’aide pour le raphia… Elle se méfiait surtout du rhum…

- Donnons les gros vases de bambous aux hommes, les femmes prendront les petits, dit la belle-mère.

Alors le beau-père prit un petit vase dev rhum at alla le porter à sa belle-fille comme pour lui faire un honneur spécial. Il chanta l’invitation d’honneur :

- Voilà un rhum, chef !

Voilà du Rhum !

Voilà un rhum, chef !

Voilà du Rhum…

C’est ta belle-mère qui te l’offre,

Tu ne peux le refuser !

Voilà du rhum, chef !

 

La jeune femme reprit en chantant aussi :

- Je ne bois pas de rhum, Beau-père,

Je ne bois pas de rhum…

Je ne bois pas de rhum, Beau-père,

Je ne bois pas de rhum !

C’est l’ordre de mes père et mère ,

Je ne bois pas de rhum !

 

La belle-mère prit alors le vase de bambou :

- Laisse ! C’est moi qui vais le lui offrir…

            Voilà un rhum, chef !

Voilà du Rhum !

Voilà un rhum, chef !

Voilà dy Rhum…

C’est ta belle-mère qui te l’offre,

Tu ne peux le refuser !

 

Reprit son chant de nouveau la jeune femme :

- Je ne bois pas de rhum, Belle-mère,

Je ne bois pas de rhum…

C’est l’ordre de mes père et mère,

Je ne bois pas de rhum !

Comme ils insistaient encore pour lui faire boire ce rhum, son mari intervint :

- Pourquoi voulez-vous forcer ma femme à boire ce rhum, si elle ne veut pas ? Nous avons déjà tous bien bu et vous voulez nous forcer à boire encore ?

- Laisse, lui dit sa femme, tu vois bien que c’est leur idée de me faire boire ce rhum…

- Bon ! ils veulent qu’on le boive ce rhum, je vais le boire, moi, dit son mari…

Il l’avala d’un trait… Mais c’était du rhum empoisonné !

 

Le travail est terminé, tout le monde rentre donc chez soi.

Arrivé chez eux, le jeune homme dit à sa femme :

- le ne sais pas ce que j’ai, mais je ne me sens pas bien… J’ai froid, ma petite, j’ai froid…

- Mais pourquoi as-tu bu ce rhum ? Nous voilà beau ! Je t’avais dit mon rêve de cette nuit… Et toi, tu bois à ma place ce qu’ils voulaient me faire boire ! J’ai peur, tu sais ! Tu vas attraper quelque chose…

- Allons, dors, ma petite… Ne te fais pas des idées.

Ils se couchèrent. La nuit fut calme. Au matin, ce fut le beau-père qui vient les réveiller. Elle se réveille. Elle secoue son mari. Quoi ! Malheur ! Son mari est mort ! Son homme est mort ! Que faire ?

On l’enterra dans le tombeau familial. Après l’enterrement, les parents du jeune homme se parlèrent en secret :

- Nous sommes des imbéciles, nous autres ! Nous ne savons même pas nous débrouiller pour liquider cette femme ! Et notre projet de la tuer s’est retourné contre notre propre fils. Il faut la tuer ! Mais comment allons-nous faire ?

-Ce n’est pas compliqué. Quand elleira voir son riz là-bas, nous l’attendrons avec des gourdins dans les carreaux de riz.

 

Peu de temps après, un matin, elle va voir son riz… Ils l’aperçoivent. Ils courent devant. Ils l’attendent avec des gourdins. Ils se cachent. Voix-Précieuse arrive et parcourt la rizière en marchant sur les diguettes. Ils se précipitent alors sur elle et la frappent sauvagement. Elle tombe. Elle est tombée ! Mais il lui reste un souffle de vie dont ses ennemis pressés ne se rendent pas compte. Ils rentrent chez eux sans se donner la peine de sauver les apparences. Un oiseau arrive, un pigeon vert.. ; Couloucoulou-coulou-coulou, coulou-coulou. Il se pose près d’elle…

- Ah, dit-elle poliment, ah ; pigeon, écoute-moi…

- Ah, répond tout aussi poliment le pigeon… Qu’est-ce que tu veux ?

-Va là-bas, dans le nord, va chez ma mère, va leur dire mon malheur…

- Comment je vais leur dire ton malheur ?

- Tu leur diras : Voix-Précieuse qui a suivi son mari en terre lointaine l’a également suivi dans la mort… C’est ça que tu leur diras.

- Eh bien ! toi, tu ne te gênes pas ! dit le pigeon. Si par malheur, je vais dans ta rizière manger un peu de riz, juste le goûter un peu, toi tu cries « Chuuuh, va-t’en sale pigeon ! » Et tu me demandes de faire des commissions ? Non merci !

Le pigeon s’envole… Arrive un perroquet : « Ki-kou, ki-kou, »

Oh ! Perroquet, oh ! Perroquet, écoute-moi…

Oui ? Qu’est-ce que tu veux ?

- Va voir mes père et mère, là-bas, dans le nord, et dis-leur le malheur qui m’arrive…

- Comment je vais faire pour leur dire ?

- Tu leur diras : Voix-Précieuse, votre enfant qui est partie suivre  son mari en terre lointaine l’a suivi également dans la mort…

- Dire ça, je ne saurai jamais…

- Essaye quand même…

Ki-kou, ki-kou, ki-kou !

- Ah, c’est vrai, tu ne sauras jamais dire ça…

Le Perroquet s’envole… Un faucon arrive : 3Ki-ou, ki-ou, ki-ou, ki-ou, ki-ou, ki-ou…

La mourante l’appelle :

- Oh ! Faucon , Faucon, écoute-moi !

- Oui ? Qu’est-ce que tu veux ?

- Va vite vers mes père et mère, là-bas, dans le nord… Va leur dire mon malheur…

- Comment je vais pouvoir le leur dire ?

- Tu leur diras : Voix-Précieuse qui est partie suivre son mari en terre lointaine l’a suivi aussi dans la mort… Répète un peu…

- Voix-Précieuse qui a suivi son mari en terre lointaine l’a suivi aussi dans la mort…

- Bon, c’est ça !

Il était temps ! a peine Voix-Précieuse avait-elle dit ces paroles qu’elle mourut… Monsieur Faucon prit son vol ppur aller chez la mère de Voix-Précieuse.

- Oh ! Ri-oi ri-o…Ri-o, ri-o, ri-o…

Une vieille grand-mère lui répondit en chantant :

            - Ah ! gentil Faucon, mon ami !

            Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

            O toi, gentil Faucon…

            - Maman de Voix-Précieuse,

            Est-elle ici ?

            Papa de Voix-Précieuse,

            Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

 

Lui répondirent d’en bas les gens du village :

- Va savoir qui est Voix-Précieuse,

Va savoir, personne ne la connaît ici…

N’est point de ce village Voix-Précieuse.

 

Reprit son envol, Monsieur Faucon… Ah ! Voilà un village :

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

- Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix6précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

- Voix-Précieuse que tu dis…

On ne connaît pas…

Qui est-elle Voix-Précieuse ? dirent les gens du village…

 

Monsieur Faucon ; reprit son envol… Bien haut il volait… Bien loin il allait. Bien loin. Bien loin… Ah, voilà un village…

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix-Précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort, son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

 

- Personne ne connaît Voix-Précieuse ici, disent les gens du village. Peut-être dans un autre village. Personne ici, ne connaît son nom…

 

Reprit son vol vers un autre village, Monsieur Faucon ; il lance son appel :

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix-Précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort, son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

 

Lui répondent les gens d’en-bas :

- Nous revenons juste d’un autre village, nous autres. Nous étions à une cérémonie coutumière avec des gens de là-bas. Nous avons entendu quelqu’un prononcer le nom de Voix-Précieuse. Quelqu’un a appelé : « Ah ! Maman de Voix-Précieuse… » Là-bas, peut-être, il y a la famille de Voix-Précieuse…

S’envole de son vol puissant Monsieur Faucon. Il aperçoit un village. Il vient y pousser son appel :

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix-Précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort, son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

 

Dès qu’il eut fini son chant, une vieille grand-mère lui répondit :

Si tu es messager de vérité

Tu es mon messager.

Alors pose-toi sur le letchi…

Si tu n’es pas messager de vérité,

Tu n’es pas mon messager

Alors envole-toi bien loin…

 

Descendit en planant Monsieur Faucon… Se posa sur le letchi :

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix-Précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort, son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

 

Quand le chant fut fini, la grand-mère dit à Monsieur Faucon :

- Viens te poser près de moi,

Si tu es messager de vérité…

Si tu n’es pas messager de vérité

Alors, envole-toi bien loin…

 

Monsieur Faucon descendit de son letchi,et vint se poser sur la chaise. Lança son appel habituel Monsieur Faucon :

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix-Précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort, son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

- Viens près de moi sur la natte

Si tu es messager de vérité…

Mais si tu n’es pas messager de vérité

Alors, envole-toi bien loin

Monsieur Faucon se posa sur la natte près de la vieille grand-mère. Il lança son appel :

- Oh ! Ri-o, ri-o, ri-o… Ri-o, ri-o, ri-o…

Ah ! gentil Faucon, mon ami !

Tu es l’oiseau chantant de mon cœur,

O toi, gentil Faucon…

- Maman de Voix-Précieuse,

Est-elle ici ?

Papa de Voix-Précieuse,

Est-il ici ?

Voix-Précieuse est partie en terre lointaine

Suivre son mari…

Est mort, son mari là-bas…

L’a suivi dans la mort Voix-Précieuse,

L’a suivi dans la mort là-bas…

 

Alors tous les gens du village se mirent à pleurer et à se lamenter :

- Aïe-aïe-aïe ! Ma petite fille est morte : ma petite Voix-Précieuse ! Pleura la grand-mère…

 

Mais il fallait aussi s’occuper du messager :

- Alors, Monsieur Faucon, toi qui vient de si loin nous apporter la mémoire de Voix-Précieuse, qu’est-ce qu’on va te donner pour ton salaire ?

- Mon salaire, dit Monsieur Faucon, ce sera un plein chapeau rond de limaces et du riz sucré, un plein mortier de café…

- Allez tous chercher des limaces, un plein chapeau rond, et du riz sucré, un plein mortier à piler le café… Dépêchons-nous de préparer ce riz…

Tout le monde va chercher des limaces dans les jardins et les fourrés. Le chapeau rond est plein en un rien de temps. Les autres avaient déjà fini que la grand-mère se préparait pour aller en chercher. Elle en trouva quand même une.. . Quand elle revint, du riz sucré était déjà prêt mais elle voulut quand même faire le sien. Monsieur Faucon mangeait ses limaces, une par une, puis son riz, . il avait fini quand la vieille lui apporta le sien encore tout brûlant…Monsieur Faucon affamé l’attaqua tout des suite. Il en prend une bonne becquée…  Aïe-aïe-aïe ! Ca brûle ! Il secoue son bec en tous sens. Il se fâche… C’est ça que vous me faites ! Vous me brûlez ! Moi qui suis venu pour vous !

- Jamais ! Jamais plus, je ne me dérangerai pour apporter la mémoire des morts… Jamais !

 

Il s’envole, il pousse des cris, il lance des imprécations à sa descendance :

- Mes enfants à venir, mes petits-enfants… Si l’on vous annonce la mort de quelqu’un au village… Criez et pleurez… Sinon soyez des avortons et des mal-venus… Criez et pleurez en souvenir de votre ancêtre qu’on a brûlé alors qu’il apportait la nouvelle de la mort de Voix-Précieuse pour qu’on puisse accomplir les rites mortuaires.

 

Voilà pourquoi les faucons de maintenant, dès qu’ils entendent les lamentations et les pleurs rituels pour un mort, se mettent tous à crier autour du village (C’est par respect pour l’ancêtre d’autrefois qu’on a maltraité en le brûlant injustement un jour qu’il apportait l’annonce de la mort en terre lointaine de Voix-Précieuse et de son mari…)

 

Voilà ce que dit mon conte…

Celui qui ne dira pas « Conte ! Conte ! »

Qu’il soit brûlé

Et qu’il soit loqueteux

Dans la maison de sa belle-mère.

 

Contes Betsimisaraka

Angano Malagasy – contes de Madagascar

Alliance française de Tamatave

Foi et Justice Antananarivo

Publié dans Contes, Conte Betsimisaraka

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