Conte: Ikotofetsy et Imahaka les deux farceurs se vengent du Prince 10 - Jeanne de Longchamps
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Ikotofetsy et Imahaka
les deux farceurs
se vengent du Prince
10
Ikotofetsy et Imahaka devinrent l’ami d’un Seigneur du Peuple. Un jour ce Prince leur dit :
- Allons donc dans la vallée, les amis…
- Allons-y, Seigneur, répondirent les deux amis.
Lorsqu’ils furent arrivés, Imahaka resta en arrière pour parler avec le Prince et Ikotofetsy prépara une pâte de terre noire et là-dessus il fixa des plumes ; et maintenant cela ressemblait à une caille.
- Il doit y avoir du gibier par ici, dit Ikotofetsy.
- Où ça ? demanda le Prince.
- Je l’aperçois, regardez bien.
- Et comment l’attraper ? dit le Seigneur du Peuple.
- Jetez votre lamba, répondit Ikotofetsy.
Le Prince en fit une boule et lança son lamba sur l’oiseau, mais aussitôt le lamba disparut, emporté par Imahaka. C’était un magnifique lamba rouge comme seuls en portent les Seigneurs du Peuple, et le Prince se promit vengeance.
Quelques temps après il leur dit :
- Venez donc, les amis, je vais vous amener des épouses- entendu, dirent les deux hommes.
Et ce furent des béliers très méchants qu’il alla chercher et il les enferma dans la case. Puis il dit aux deux camarades :
- Allez donc voir vos femmes, car, si elles restent seules, je crains qu’elles ne se disputent.
Ikotofetsy n’était pas plutôt entré qu’il est frappé et tombe tout de son long. Il s’écrie :
- Il est vraiment fort, le tour qu’il nous joue !
Imahaka entre, il reçoit à son tour le choc du bélier.
Tout en geignant, ils s’en vont trouver le Prince.
- Père, pourquoi nous as-tu trompé ?
- Je vous ai rendu la pareille, répond le Prince et maintenant vous venez me demander des explications.
Cependant Ikotofetsy et Imahaka cherchaient comment ils pourraient se venger du Prince.
Et voici ce qu’ils trouvèrent :
Justement ils aperçurent la mère du Prince qui était baissée et qui arrachait de mauvaises herbes. Elle était vêtue d’un lamba de la couleur de la terre.
Les camarades appelèrent le Seigneur du Peuple et lui dirent :
- Vois donc, il y a un sanglier qui fait des dégâts dans ton champ, là-bas.
- Où donc ? demande le Prince.
- Là, dans la vallée et si tu ne le tues pas immédiatement avec ta lance, il s’enfuira.
Le Prince s’en alla tout doucement, jeta sa lance et atteignit aux reins la vieille femme qui tomba morte.
Le Prince en s’approchant vit que ce n’était pas un sanglier, mais sa mère qu’il venait de tuer avec sa sagaie.
Alors les compères se moquèrent de lui et s’enfuirent.
Ah Ah Ah ! Que dites-vous de cela, les hommes ?
Cessez de claquer dans vos mains, femmes,
Je continue.
Cycle de contes particulièrement répandu dans l’Imerina
Jeanne de Longchamps
Contes Malgaches
Editions Erasme Paris