Poème: A la femme malgache - Jacques Rabemanajara

Publié le par Alain GYRE

A la femme malgache

 

Je te reconnais entre cent, entre deux,

Je te reconnais entre mille à ton clin de cil prémonitoire.

 

Le jour de la Révélation

Surgi soudain des confins barbares de mille siècles :

Je t’ai surprise entre la griserie de l’aube

Et le dernier hoquet de leur monde à mensonge.

Nue et divinement vêtue

De la magie des nuits de pleine lune au piton des Tropiques.

 

Source longtemps et chair

De rêves éclatants comme des chevelures de comètes !

Je te retrouve à l’extrême jonction des nouveautés

Reconquises aujourd’hui

Sur les sept profondeurs sept fois impénétrables des Ancêtres.

         

Dans l’enclos hermétique

Le frais clitoris de la corolle ombon dur et velours de caresses

Que prodiguent avant l’extase les doigts mythiques de séraphin

Des mains d’ouragan

Cernant avec l’art du stratège le dernier refuge du refus

La forteresse unicolore où claque au vent du soir le pavillon de l’orgueil.

 

Salut, Tige de mon vertige

Toi, fermeté d’ébène ambré sur patine d’étoile,

Racine, fibre de frissons, mon arbre dru,

Ma plante rare

Ma plante d’essence à odeur du miel cru,

O ma sombre rose noctiflore

Ouverte éperdument au souffle épique du « talio » !

 

 

Jacques Rabemanajara

Nosy Lava prison 1950

 

http://www.gasikara.net/Poety_Malagasy.htm

 

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