Poème: A la femme malgache - Jacques Rabemanajara
/image%2F1287026%2F20211222%2Fob_05d710_1-femme.jpg)
A la femme malgache
Je te reconnais entre cent, entre deux,
Je te reconnais entre mille à ton clin de cil prémonitoire.
Le jour de la Révélation
Surgi soudain des confins barbares de mille siècles :
Je t’ai surprise entre la griserie de l’aube
Et le dernier hoquet de leur monde à mensonge.
Nue et divinement vêtue
De la magie des nuits de pleine lune au piton des Tropiques.
Source longtemps et chair
De rêves éclatants comme des chevelures de comètes !
Je te retrouve à l’extrême jonction des nouveautés
Reconquises aujourd’hui
Sur les sept profondeurs sept fois impénétrables des Ancêtres.
Dans l’enclos hermétique
Le frais clitoris de la corolle ombon dur et velours de caresses
Que prodiguent avant l’extase les doigts mythiques de séraphin
Des mains d’ouragan
Cernant avec l’art du stratège le dernier refuge du refus
La forteresse unicolore où claque au vent du soir le pavillon de l’orgueil.
Salut, Tige de mon vertige
Toi, fermeté d’ébène ambré sur patine d’étoile,
Racine, fibre de frissons, mon arbre dru,
Ma plante rare
Ma plante d’essence à odeur du miel cru,
O ma sombre rose noctiflore
Ouverte éperdument au souffle épique du « talio » !
Jacques Rabemanajara
Nosy Lava prison 1950
http://www.gasikara.net/Poety_Malagasy.htm