2009-2012 Madagascar a perdu 6,3 milliards USD
2009-2012: Madagascar a perdu 6,3 milliards USD
(26-10-2012) - Le bureau de la Banque mondiale a publié jeudi sa nouvelle mise à jour économique sur la Grande Ile. Un rapport qui met en exergue une économie au point mort avec des pertes considérables.
"Le PIB de 2012 devrait se situer légèrement au-dessus du niveau de celui de 2008. Or, ce chiffre est inférieur de près de 18 pourcent à ce qu'il aurait été s‘il avait suivi la progression moyenne de 5 pourcent par an....si le PIB actuel pour la période 2009-2012 était comparée à une alternative plausible de 5 pourcent de croissance annuelle, cela ferait ressortir une perte cumulée de revenus pour le pays d‘environ US$ 6,3 milliards, ou environ 60 pourcent du PIB annuel rien que pour les quatre dernières années", selon ce rapport.
Cause évoquée: la crise politique. Crise politique doublée par la crise économique mondiale de 2008-2010 dont "impact aurait réduit la croissance du PIB malgache autour de 1 pourcent par an". De l'autre côté, il y a une forte croissance démographique (environ 2,5 millions de malagasy de plus qu'en 2008). Et la balance démographie/croissance économique se tare dans un déficit très grave. "En 2012, le revenu par habitant est environ de $100 inférieur à ce qu'il aurait pu être dans le cadre d'une trajectoire de croissance normale, ce qui fait peser un très lourd impact sur un pays dont le PIB par habitant est d‘environ $450", d'après toujours ce rapport.
Les conséquences sont ainsi cruelles. "Chaque année sans croissance économique constitue une année de perte. Ces revenus ne pourront jamais être récupérés. Les coûts de perte de croissance resteront un héritage légué par la crise pour les années à venir. Si la crise continue, ces coûts ne feront que croître, et s'accéléreront probablement"...."Tant que la crise politique perdurera, le niveau des recettes publiques et de l'aide des bailleurs de fonds ne pourra retrouver celui des années d‘avant la crise".
Sur le plan social, les atteintes de l'OMD sont compromises. "A ce stade, Madagascar n'atteindra pas les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d'ici 2015. En particulier, les OMD concernant la mortalité infantile, le taux net de scolarisation et le taux d'achèvement pour le niveau primaire, et surtout ceux concernant la pauvreté (alors qu‘ils étaient estimés en 2007 être potentiellement réalisables), ne pourront plus être atteints à temps".
Toutefois, certains secteurs ont manifesté des reprises. C'est le cas du tourisme, de la zone franche, de l'immobilier commercial, de l'agro-business, les grands projets d'investissement minier. "Mais il n‘y a pas lieu d‘être enthousiaste, et ce pour quatre raisons distinctes. Tout d'abord, ces germes de reprise ne contribuent pas à une reprise rapide de la croissance à grande échelle, dans la mesure où le taux de croissance économique global se situe toujours pour le moment autour de 2 pourcent. Deuxièmement, plusieurs de ces secteurs ne contribuent pas de manière significative à la recette fiscale, en partie en raison du régime fiscal qui leur est applicable, ou du fait de la faible application de ce régime fiscal. Troisièmement, les obstacles majeurs à une croissance, même modeste, ne cessent de s'accumuler, notamment dans le secteur des infrastructures énergétiques et routières. Quatrièmement, il n'est pas certain que cette croissance limitée contribue à une réduction, même modeste, de la pauvreté".
En bref, "L'économie de Madagascar est très fragile et sa capacité d‘absorption de nouveaux chocs est à son niveau le plus bas", rapporte l'équipe économique de la Banque Mondiale qui préconise la solution politique. "Madagascar a besoin qu‘une solution politique à la crise soit trouvée dans les meilleurs délais. Toutefois, la solution doit garantir qu'une autre crise ne surgisse pas ultérieurement".
Solofo Andrianjakarivelo