2012-03-23 La Sodemo, une zone particulière dans le Menabe

Publié le par Alain GYRE

La Sodemo, une zone particulière dans le Menabe

 

L'idée d'intégrer certaines zones de la préfecture de Morondava dans un projet national de développement remonte à 1959 Le décret du 15 janvier de la même année met en exergue le meilleur parti qu'il est possible de tirer de cette partie de l'île Il utilise alors les termes « zones particulières » pour désigner l'opération

Par la suite, l'attention des dirigeants de la première République semble attirée par d'autres problèmes et les fameuses « zones particulières » sont reléguées aux oubliettes « Le dossier les concernant commençait sans doute à se couvrir de poussière au fond de quelque tiroir du ministère de l'Agriculture »(Randriamaro­zaka, chroniqueur du Bulletin de Madagascar)

Puis arrive le Mai chaud de 1972 et tous les changements qui s'ensuivent Le dossier est déterré, reçoit des retouches en bien de ses points pour l'actualiser et l'adapter aux nouveaux objectifs nationaux de développement La Société pour le développement économique de la région de Morondava est née (Sodemo)

Quelques données du projet restent inchangées, telles les superficies totales à cultiver dans la région (125 000 ha) et la prévision d'une aide financière de la FAO, de l'AID et du PNUD Initialement, l'opération ne devait intéresser que les sous-préfectures de Morondava et Mahabo Telle qu'elle est emmanchée actuellement par la Sodemo, elle a pris une dimension extraordinaire en incluant la partie orientale de la préfecture de Belo qui se trouve à la hauteur de la grande boucle rentrante caractéristique du tracé du littoral Ouest de Madagascar

L'ensemble de ces « zones particulières » vient s'ajouter aux immenses terres nouvellement mises en valeur dans l'arrière-pays de Diego-Suarez, dans la province de Mahajanga, dans la plaine de l'Alaotra et un peu partout dans la Grande île pour réaliser en cinq ans le programme du général Gabriel Ramanantsoa, chef du gouvernement: du riz pour couvrir les besoins de chaque foyer et honorer les commandes en provenance de l'extérieur En 1974, « la main de l'homme est en train de transformer les plaines fertiles entières de la préfecture de Morondava La Sodemo est à pied d'œuvre et s'attèle à une tâche ambitieuse qui nécessitera un investissement global de plusieurs centaines de millions FMG »

Toute la région de Morondava forme une immense étendue dont le relief se caractérise principalement par l'absence totale de hauteurs, si petites soient-elles Partout, il n'y a que des plaines dont les éléments typiques de la flore se trouvent être le bush et les baobabs qui dressent partout « leurs cierges démesurément colossaux et ventrus aux mèches maigres »

Étant encombrée de point en point par d'abondantes moraines, la ville comme la région doit son nom à une rivière dont le lit ne se prête pas à la navigation, À la suite de moindres précipitations, les eaux du Morondava se salissent et prennent une coloration kaki, charriant de la boue et de la terre Le même phénomène est visible toute l'année à la baie de Bombetoka

L'aire de mise en valeur englobe une bonne partie du périmètre du delta de Morondava: Mahabo et ses environs en amont, la sous-préfecture de Morondava en aval du côté de la mer Légèrement en amont de Bemolanga, entre cette localité et Analaiva, la rivière passe en deçà de la route nationale avant de se jeter dans la mer Enfin, il y fait très chaud, 30° à 35°

Toutes ces indications laissent voir que les zones particulières de Morondava conviennent fort bien à toutes les cultures tropicales D'ailleurs, la Sodemo entend n'entreprendre que quelques grandes cultures, celles du riz, du coton, du tabac Elle prend aussi en main la collecte des produits rizicoles de la préfecture pour éviter aux particuliers de s'enrichir au détriment des producteurs et de « saboter éventuellement l'économie »

La société se livre aussi, sur une très grande échelle, à la culture industrielle du coton et elle envisage de transformer Ankilivato en un centre « promis à un avenir brillant » La localité sera la métropole de la Sodemo car une ville d'importance moyenne y est construite avec des matériaux modernes Quant au tabac, le programme de la Sodemo prévoit 2700 ha de culture de deux espèces, le « Misssonero » et le

« Burley 21 »

Enfin, deux centres de formation de jeunes fonctionnent à Bemolanga et à Tsimahavokely, le premier pour jeunes gens, le second pour jeunes filles et jeunes femmes Ceci pour leur éviter les méfaits de l'exode rural et afin de faire d'eux des citoyens capables d'assurer leur propre promotion grâce à l'agriculture et à l'élevage

 

 

Pela Ravalitera

 

Vendredi 23 mars 2012

L’Express

Publié dans Notes du passé

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