2012-07-03 Entre "faits divers" et "faits marquants"
Entre «faits divers» et «faits marquants»
Tantôt à la une de la presse écrite, tantôt en faits divers, l’événement dramatique de Befotaka ne laisse pas indifférent. Mais qu’est-ce qu’un fait divers Voici une définition lue sur Internet de la rubrique «Faits divers» ou « chien écrasé » dans le jargon journalistique: « événement plus ou moins important qui ne relève ni de l'actualité mondiale, ni de la politique, ni de l'économie ». L’Express consacre à chaque parution, une demi-page sur les lynchages, attentats contre les civils et les militaires, vols et braquages, sorcelleries, kidnapping, y compris du Cemgam, les romanciers trouveront dans cette rubrique de quoi s’inspirer.
Ces faits dits divers relatent diverses informations, « sans lien, ni entre elles, ni avec le reste de l’actualité », selon Wiktionnaire. Or, force est de constater que l’augmentation des crimes, meurtres, assassinats, coups d’état réels ou fictifs, mais aussi des arnaques, flibusteries et autres supercheries nous laisse dubitatifs. Y-a-t-il une corrélation, un lien de cause à effet entre les faits divers et les faits marquants de la politique, de l’économie ou du social Les esprits tordus diront qu’entre le non respect de la Feuille de route et Remenabila, entre la corruption dans la police sur les avancements en grade et les crimes sur les bords du Lac Anosy durant la Fête de la musique, entre le trafic de tourmaline par un membre du CST et les réseaux sri lankais, entre la prolifération des sectes et la résurgence de la sorcellerie, il y a une intelligence satanique, un complot mafieux, une volonté de déstabiliser ce
qui est stable pour reprendre les termes des deux compères propagandistes de la radio Viva.
Une région éloignée de la Capitale est particulièrement touchée par le phénomène d’insécurité : le Sud. Le drame de Befotaka n’en est que l’illustration de la difficulté de maîtriser la situation dans cette partie de Madagascar. Est-ce une question de moyens Non, l’État a doté l’Armée de moyens considérables qui ont fait leurs preuves lors de répressions contre les manifestants pour la liberté d’expression. Est-ce une question de commandement, alors Non, l’Etat a envoyé trois officiers généraux pour mener une opération militaire composée de 150 hommes. Une hérésie qui déshonore l’Armée selon le Gal Ramakavelo.
L’impuissance de l’État pour rétablir et maintenir la sécurité est flagrante. Le ministre de l’Intérieur donc en charge de la sécurité intérieure le reconnaît. Alors, à quoi sert l’État s’il n’arrive pas à remplir son devoir le plus basique L’indiscipline et la cacophonie au sein de l’Exécutif, amplifiées par le silence du PHAT, indiquent à qui ou à quoi la faute incombe. Quand un ministre défit son chef plutôt que de démissionner. Quand un chef ordonne sans se faire entendre, il n’y a plus d’autorité, aussi haute soit-elle.
Croire qu’il existe un lien entre les faits d’actualité et les faits divers serait pernicieux. En revanche, ce qui est évident, c’est l’impotence et l’incapacité de ceux qui prétendent nous gouverner à maîtriser la déflagration de la vie publique. Alors, pour une fois, le « chef de l’État » a peut être raison: vivement novembre pour qu’on en finisse avec ce capharnaüm.
Richard J. Randriamandrato
Mardi 03 juillet 2012
L’Express