2012-10-10 Un châtiment capital pour les habitants de Vorokotsy
Un châtiment capital pour les habitants de Vorokotsy
Ratsiavela, d'origine Andriamaro, plus précisément Zaratsaraomby, accepte d'épouser le prince sakalava Andriamandresy. Ce dernier est originaire du pays sakalava du Menabe, mais il a été supplanté dans la succession du trône par son frère cadet à cause de son caractère violent.
Des semaines plus tard, Ratsiavela tombe enceinte et désire manger du riz « vatomandry » que le territoire de Vorokotsy est le seul à produire.
Andriamandresy dépêche son guerrier Ramarolahy auprès du roi Rakaby pour lui en demander, voire en acheter. Celui-ci refuse et pour comble, ajoute des paroles désobligeantes: « Si l'on ne compte que sur mon vatomandry, la femme n'aura que le temps d'avorter!» Ramarolahy les rapporte fidèlement à Andriamandresy qui ne digère pas un tel affront. Il se concerte avec son beau-père et tous deux décident de châtier Rakaby.
« D'autant plus que celui-ci, outre ses paroles déplacées, constituait déjà pour eux un continuel sujet d'inquiétude par son trop proche voisinage » (Théodore Raharijaona d'après la tradition orale).
Et ils se préparent à l'attaque, notamment en taillant des bambous pour leur donner un bout bien tranchant et en confectionnant des mortiers. L'opération est lancée à minuit, dans une nuit épaisse des ténèbres. Les bambous sont plantés devant la porte de chaque case, tandis que les mortiers sont posés partout où doivent passer les habitants qui sortent de chez eux.
« D'assez nombreux guerriers encerclaient la résidence occupée par le roi Rakaby afin de ne pas donner à celui-ci la possibilité de s'échapper ».
Ceci fait, trois guerriers installés au centre du village tirent chacun un coup de fusil. C'est le signal de l'assaut. Au même moment, un autre groupe met le feu au toit des maisons. Tirés brutalement de leur sommeil, les habitants de Vorokotsy se précipitent vers les portes pour sortir, mais ils sont accueillis par les bambous tranchants et tombent grièvement blessés. Ceux qui ne le sont pas, sont arrêtés dans leur course éperdue par les mortiers qui les précipitent également à terre. Personne ne peut ainsi s'échapper et tous périssent, les assaillants « ne faisant aucun quartier ». De Vorokotsy, il ne reste que des décombres fumants et son roi Rakaby reçoit le coup fatal de sagaie. « Depuis, il fut donné au village de Vorokotsy le nom de Tranatranambolo afin de rappeler le procédé utilisé par Andriamandresy pour obtenir la victoire en faisant hérisser partout des bambous acérés ».
Plusieurs mois plus tard, des émissaires venus du Sakalava viennent pour ramener Andriamandresy dans son pays. Et malgré le danger que cela représente pour lui- il ne connaît ni les envoyés ni le but de son retour chez lui-, il décide de partir. Après avoir annoncé à sa belle-famille « la fin très prochaine de ses jours », il lui confie sa femme enceinte et son enfant « qui assurera la continuité de ma dynastie ».
En outre, « nos ancêtres nous ont laissé de rigoureux tabous que nous sommes tenus d'observer en tous points. Il en est un, parmi tant d'autres, qui consiste à ne point manger d'un bœuf ou de tout autre animal, oiseau compris, égorgé par un homme appartenant au commun des mortels. Gardez-vous bien de servir pareille viande à mon enfant et à ses descendants, car l'inobservation de ce précepte leur sera fatale aussi bien qu'à vous-mêmes. Un inévitable danger s'ensuivra en effet, qui étendra ses funestes conséquences sur tout le pays ».
Puis Andriamandresy s'en va vers son destin. Il n'emmène avec lui que l'un de ses esclaves sakalava, Kotomity. Mais en arrivant à Ilanana, il refuse de continuer plus loin et il est sagayé sur place par les envoyés du Sakalava. « À partir de cette date, il lui fut consacré le nom d'Andriamandresiarivo, en commémoration de la victoire qu'il avait remportée sur le village de Vorokotsy».
Le jour de la délivrance vient pour Ratsiavela. Elle accouche d'un garçon, Ratsietry et aucune des recommandations d'Andriamandresiarivo n'est négligée.
Pela Ravalitera
Mercredi 10 octobre 2012
L’Express