2012-10-17 Des recherches pétrolières datant du début du XXe siècle

Publié le par Alain GYRE

Des recherches pétrolières datant du début du XXe siècle

Dès le début du XXe siècle, l’attention est attirée par les gros gisements de grès bitumeux de la région de Morafenobe qui sont, sans doute, « les plus importants du monde après ceux de l’Athabasca du Canada » (Henri Besairie, « Gîtes minéraux de Madagascar », 1963). Le bitume suinte de ces grès qui forment des coulées porteuses auxquelles les Sakalava donnent le nom de « sakopanja ». Dès 1903, des bornages sont établis. Vers 1907, il se constitue plusieurs sociétés de recherches. Un groupe anglais travaille à Folakara pendant deux périodes, de 1909 à 1912 puis de 1911 à 1919, forant sept puits pour une profondeur totale de 1 730 m. Presque simultanément, de 1913 à 1919, un groupe américain exécute six forages qui totalisent 3 479 m dans la région de Maroboaly, au sud de Folakara. « Les résultats sont mal connus, mais aucune prédiction n’a couronné ces efforts ».
Après la Grande guerre, les recherches s’orientent sur l’exploitation des grès bitumeux qui affleurent en surface ou à faible profondeur et dont la distillation devrait fournir des quantités d’hydrocarbures suffisantes pour les besoins du pays et, en partie, pour ceux de la France. Les études sont arrêtées en 1928 sur un résultat négatif. « Les travaux de cubage des gisements avaient montré un chiffre important, mais les prix de revient de l’abattage et de la distillation étaient alors prohibitifs ».
Depuis 1924, l’Administration se préoccupe aussi de la recherche de nappes de pétrole liquide et plusieurs études géologiques sont entreprises. En accord avec l’Office national des combustibles liquides et la Compagnie française des pétroles, du fait des résultats elle est amenée à constituer un syndicat de recherches qui est créé en 1932, le Syndicat d’études et de recherches pétrolières (SERP). Muni d’un appareil Rotary pouvant atteindre 1 200 à 1 500 m, il effectue cinq sondages de 1934 à 1939 qui ne donnent aucun résultat positif pour le pétrole, mais montrent des grès imprégnés de bitume lourd avec quelques indices d’huile légère. Durant la même période, les géologues du SERP entreprennent les levers d’une carte structurale pour fixer les emplacements des sondages. « Tous ces travaux furent arrêtés à la mobilisation de septembre 1939 et ne reprirent qu’en 1945 ».
Les recherches sont alors d’ordre géologique et géophysique surtout, et s’étendent largement au-delà de la zone des grès bitumeux. Au même moment, le Service géologique procède au lever géologique de la plus grande partie du bassin sédimentaire. Au vu de ce dossier et en tenant compte du résultat négatif des sondages, il est décidé en 1948 de porter les recherches dans la région du Sud (Onilahy-Mangoky) avec des moyens amplifiés qui comportent notamment de puissantes recherches géophysiques et un lever géologique systématique basé sur la couverture photographique aérienne. Le SERP se transforme de ce fait et prend le nom de Société des pétroles de Madagascar. Dès 1952, elle dispose d’une sonde qui peut atteindre 2 700 m. Elle est doublée en 1957 par un gros appareil d’une puissance de 4 000 m. « Trente-cinq sondages ont été effectués à ce jour ».
Toutes ces recherches et leurs résultats s’expliquent par la constitution géologique du large bassin sédimentaire de l’Ouest. Vers la fin de l’Ère primaire, Madagascar est soudé
à l’Afrique, les deux continents subissent
alors un climat glaciaire d’inlandsis pendant lequel se déposent les couches du groupe de
la Sakoa, formations continentales renfermant à la base des schistes et conglomérats glaciaires, puis des couches à charbon et au sommet de l’étage, des argiles rouges qui témoignent d’une modification du climat devenant chaud.
Après le dépôt du groupe de la Sakoa, d’importantes cassures se font dans le vieux socle africano-malgache et, pour la première fois, la mer pénètre dans l’actuel Canal de Mozambique, « une mer chaude avec des récifs coralliens ». Puis une nouvelle série connue sous le nom de Sakamena se dépose, formée d’une alternance de couches marines et continentales suivant que la mer avance ou recule.

Pela Ravalitera

Mercredi 17 octobre 2012

L’Express

Publié dans Notes du passé

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